Tombe la neige

La vague de froid qui sévit en Europe a traversé la Méditerranée pour toucher de plein fouet l'Algérie qui ploie depuis trois jours sous les flocons d'une neige exceptionnelle et d'un froid sibérien. Même les villes du littoral situées à très basse altitude, jusqu'aux portes du Sud, comme Djelfa, n'ont pas échappé à l'offensive de la poudreuse.
Pour les agriculteurs, lassés de scruter l'horizon depuis des semaines, ces neiges, accompagnées de pluies, sont bienfaitrices et permettent d'envisager une saison agricole avec moins d'angoisse. Les barrages vont pouvoir aussi régénérer leurs réserves largement entamées à cause justement des pluies qui n'ont pas été au rendez-vous.
Mais, ce vaste manteau blanc qui déploie ses pans sur la partie nord de l'Algérie, tout à la joie des bambins, fleurs bleues et autres chasseurs d'images, n'est pas sans inconvénients. Parfois dramatiques, d'ailleurs. Chaque médaille ayant (hélas !) son revers, ces neiges auront été, encore une fois, révélatrices des insuffisances et dysfonctionnements de l'état. C'est ainsi que des régions entières du pays, notamment la Kabylie, sont sans électricité depuis plusieurs jours. La pénurie de gaz butane dans ces mêmes régions a provoqué une envolée du prix de la bouteille. C'est une litanie récurrente.
Bien sûr qu'il ne s'agit pas de tout mettre sur le dos de l'état, en l'occurrence, mais certaines dispositions de bon sens auraient dû tout de même être prises. À l'instar, par exemple, du renforcement des capacités énergétiques et des réserves alimentaires, au cas où le mauvais temps persisterait plusieurs jours. Des engins aussi pour dégager les routes pour la circulation.
C'était d'autant plus possible qu'un bulletin spécial des services météo avait prévenu de cette dépression, prenant encore à défaut l'imprévisibilité de nos décideurs qui se noient dans une goutte d'eau. Gouverner, c'est prévoir. Mais nos responsables n'ont pas l'air d'avoir retenu cette leçon des choses d'Emile de Girardin.
O. O.