Algérie

Tomate industrielle : L'énième plainte des transformateurs



Tomate industrielle : L'énième plainte des transformateurs
Abdelhamid Boudiaf lance un cri d'alarme en évoquant la crise que traversent les unités de transformation de la tomate industrielle. Vice-président de l'association Actom qui regroupe depuis 1998  les professionnels, il nous a indiqué que «le secteur est avec le textile celui qui a peut-être le plus pâti de l'ouverture du marché aux produits étrangers». Responsable d'un groupe très connu en l'occurrence El Boustane, il sait de quoi il parle.  L'activité concentrée essentiellement dans quatre wilayas de l'Est du pays (El Tarf, Annaba, Skikda et Guelma) où cette culture a démarré dans les années 20 avec la mythique compagnie Tomacoop, est en net recul. Le tournant de 2003 a été fatal pour le développement de la filière qui assure 90% de la production nationale. Dans le sillage de l'importation massive de matière première d'Italie et de Chine, les usines ont fermé l'une derrière l'autre. C'est au moment où les producteurs et transformateurs tablaient sur une production de concentré plus importante pour satisfaire entièrement les besoins nationaux que le volume des importations s'est envolé. De 2600 tonnes de concentré en 2001, il a grimpé à  38 000 t trois années plus tard. Les superficies d'exploitation qui avaient connu une extension phénoménale, se sont réduites comme peau de chagrin. De 100 hectares en 1930, elles sont passées  à  31 000 hectares en 2001 avant de retomber. Mais la production ne cesse d'augmenter alors que les unités de transformation qui n'ont pas cessé pour des raisons économiques leurs activités ne peuvent faire face avec leurs capacités aux besoins de transformation. «Pas moins de dix-sept d'entre elles ont fermé et des milliers d'emplois ont été perdus dont 140 000 saisonniers», se lamente M.  Boudiaf. «Et dire, ajoute-t-il, que dans les années 90 avec une bonne qualité du produit national, nous songions même à  exporter.LES FACILITATIONS DE L'ETATUne source au ministère de l'Agriculture relativise ce constat. «La relance de la filière tomate est un dossier pris en charge par le gouvernement. Les treize conserveries fermées depuis des années sur les vingt-deux existantes sur le territoire national vont rouvrir cette année. Par ailleurs, l'amélioration du rendement à  l'hectare de la tomate industrielle est en partie le fruit des facilitations accordées par l'Etat et de l'effacement de la dette des agriculteurs. Ces facilitations portent notamment sur l'obligation faite aux transformateurs de payer les agriculteurs dans les 7 jours qui suivent la réception de l'équivalent de 40% du montant de la quantité fournie». Autre largesse de l'Etat : l'octroi d'une subvention de 2 dinars le kilogramme aux agriculteurs producteurs et celle de 1,50 DA/kg au bénéfice des transformateurs, et la disponibilité à  des prix abordables des produits phytosanitaires et autres intrants. L'engagement contractuel des conserveurs d'acquérir la totalité de la production de la tomate industrielle à  10 DA le kilogramme complète enfin ce dispositif.Malgré les difficultés qui paraissent insurmontables et  étranglent carrément les producteurs, M. Boudiaf ne perd pas espoir. «La balle est surtout, nous dit-il, dans le camp des banques». Selon lui, «elles doivent rééchelonner les dettes et libérer les opérations de financement du secteur qui peut créer une véritable dynamique économique».  Pour lui, atteindre le bout du tunnel ne relève pas de l'impossible,  «le montant de ces dettes ne dépasse pas trois milliards de dinars».


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