Algérie

Tolérance zéro !'



Tolérance zéro !'
Par la voix du ministre de l'Intérieur, Daho Ould Kablia, l'Etat algérien affirme que sa politique sécuritaire se mettra, désormais, au diapason des nouveaux risques et dangers qui surgissent au sein de la société ou champ d'activité. Il est même suggéré que la tolérance zéro sera le credo de cette politique. Réagissant à la vague de condamnations provoquée par l'enlèvement et l'assassinat de deux enfants à Constantine, le gouvernement a commencé par tenir un Conseil interministériel (CIM) au cours duquel de nouvelles mesures ont été adoptées pour le traitement judiciaire ferme et rapide contre les auteurs de kidnappings et un groupe de travail installé pour réfléchir et proposer des solutions à même de garantir la prévention contre ce fléau ainsi que les procédures pénales fermes pour l'éradiquer. Déjà, au cours de ce CIM, l'idée du rétablissement de la peine capitale qui est suspendue depuis la signature par l'Algérie, en 1993, du moratoire sur la peine de mort, a plané dans l'air. Elle a même été revendiquée par certains juristes dont le président de la Commission nationale consultative pour la promotion et la protection des droits de l'Homme, Me Farouk Ksentini, et des militants pour la protection des droits de l'enfant qui ont plaidé pour la mise à mort des auteurs de rapts, assassinats et agressions sexuelles d'enfants.
Mais bien vite, la justice réagit et met un bémol. Sur les ondes de la Radio nationale, mercredi dernier, le directeur des affaires pénales et des mesures de grâce au ministère de la Justice expliquera que l'application de la peine de mort ne doit pas être liée exclusivement à une affaire d'enlèvement d'enfants ; les lois doivent être appliquées de manière impartiale, quelle que soit la nature de l'affaire. «L'application de la peine de mort ne peut se limiter, ni ne peut être liée à une affaire bien précise ['], il s'agit là d'une question plus large qui comporte des dimensions politique, morale, sociale et philosophique [']. Ce qui est essentiel à ce propos, c'est qu'il existe tout un arsenal de lois pour traiter toutes sortes de crimes de manière générale, y compris les enlèvements et assassinats d'enfants,
autrement dit, il n'y a pas de vide juridique», a-t-il affirmé. Il faut croire cependant que le gouvernement tient à durcir le ton pour affirmer la tolérance zéro, d'où son intention de réviser le Code pénal dans sa partie relative aux peines appliquées aux auteurs d'enlèvements d'enfants. Pas seulement. La politique sécuritaire se raffermie également pour faire face aux risques d'attaques terroristes. Les forces de police vont désormais renforcer la sécurité au niveau des sites abritant les ressortissants étrangers particulièrement les sociétés, bases de vie, représentations diplomatiques, consulats et institutions étrangères.
Telle qu'affichée, cette politique sécuritaire version 2013 a tout pour rasséréner le citoyen. Toutefois, une ombre figure toujours au tableau et concerne le passage à l'acte, autrement dit la traduction des discours et des textes en faits concrets. Et c'est là que le bât blesse. Les lois existent mais elles ne sont pas appliquées, d'où toutes les dérives. Le directeur des affaires pénales et des mesures de grâce au ministère de la Justice l'a bien dit : «Il existe tout un arsenal de lois pour traiter toutes sortes de crimes de manière générale.» Pourtant, bien des crimes, petits et grands, restent impunis. La tolérance zéro ne doit pas être le fait des forces de sécurité seulement, mais aussi du pouvoir judiciaire. La police se doit d'arrêter tout criminel quel qu'il soit et quel que soit le degré du crime perpétré, et la justice a le devoir de juger, avec impartialité, toute personne traduite devant elle, quel que soit son rang et ses fonctions. Or, jusque-là, ça ne fonctionne pas du tout comme ça.
Et au final on a plein de petits criminels qui se baladent librement dans la rue et de gros criminels qui écument toujours les antichambres et les corridors de l'Etat, quand ils ne sont pas dans ses bureaux. La tolérance zéro n'est pas un vain mot ni un engagement facile, c'est sans doute pour ça qu'on ne fait que la suggérer. Vivement qu'on passe à l'acte.
Et il n'est nul besoin de le faire précéder d'effets d'annonce. La sécurité et la justice n'ont nul besoin de publicité. Elles se vivent, en neutralisant tous ceux qui les menacent ou les bravent, où qu'ils soient et quels qu'ils soient.
H. G.


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)