Algérie

Tolérance



Alors que les prières se multiplient en terre chrétienne, aux quatre coins du monde, pour le salut du pape Jean-Paul II, dont l?état de santé s?est irrémédiablement dégradé ces derniers jours, dans les pays musulmans l?événement est tout bonnement passé sous silence. Pourtant, la personnalité du pape Jean-Paul II a marqué son siècle par son ouverture spirituelle et les passerelles qu?il a jetées avec foi et patience avec les autres religions monothéistes et particulièrement en favorisant le dialogue avec les musulmans. De l?Arabie Saoudite à l?Egypte, en passant par l?Iran de Mohammad Khatami, qui prêche partout dans les forums internationaux les vertus du dialogue des civilisations et des religions, et par d?autres capitales du monde musulman, on n?a pas entendu la moindre déclaration de compassion pour la santé du pape. L?argument de l?absence de clergé dans la religion musulmane pour justifier ce silence ne résiste pas à l?analyse des réalités des pays musulmans. En l?absence d?une autorité morale dépositaire de la morale islamique, les Etats et les gouvernants sont en effet par essence naturellement désignés pour être des fondés de pouvoir religieux et peuvent, à ce titre, intervenir lorsque l?actualité le requiert sans avoir à attendre le signal ou une fetwa de quelque autorité religieuse. Le pape n?a pourtant jamais manqué de se tenir aux côtés des pauvres et des démunis en dénonçant les injustices sous toutes leurs formes dont sont victimes les musulmans, à commencer par le peuple palestinien, et en apportant son soutien personnel et celui de l?Eglise face aux calamités naturelles qui ont frappé certaines contrées musulmanes. Mais le meilleur geste de tolérance et d?attachement aux valeurs d?humanisme que laissera le pape pour la postérité restera incontestablement cette élévation de l?esprit dont il avait fait montre face à l?homme qui avait failli attenter à sa vie, le Turc Mehmet Ali Agça, qu?il n?avait pas hésité à rencontrer dans sa cellule de prison pour lui pardonner son égarement. L?épanchement du recteur de la Mosquée de Paris et président du Conseil français du culte musulman (CFCM), Dalil Boubekeur, sur « le parcours profondément humain » et l?« émotion suscitée auprès des musulmans de France » par la maladie du pape, au-delà de son courage en tant qu?unique autorité religieuse musulmane à avoir eu une pensée émue pour le pape, apparaissent à l?évidence bien dérisoires par rapport à l?héritage fait d?humanisme, d?amour et de respect entre les différentes religions dont Jean-Paul II a fait sa première religion.


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