Algérie

Tlemcen, Une ambiance de vacances morose



A Tlemcen, à part deux ou trois jours de sirocco, la température des premières semaines de l’été a été habituelle pour la saison.

Aussitôt retombée la fièvre de la Coupe du monde de football, une ambiance de morosité s’est installée en ville. mais les fêtes des mariages et leurs feux d’artifices arrivent difficilement à la dissiper? Au centre-ville, la construction de deux trémies a fortement perturbé la circulation automobile et livré la cité à la poussière. Pour les Tlemceniens qui ont pris congé pendant ce mois de juillet et n’ont pu s’offrir un séjour sur la côte ou à l’étranger, les vacances sont synonymes de grasse matinée, de sieste mais surtout d’ennui. Hind qui vient d’avoir son baccalauréat trouve que «les vacances à Tlemcen sont l’équivalent de la vie en prison, c’est-à-dire qu’il n’y a rien pour s’occuper ou se changer les idées. Le cryptage des chaînes de télévision par satellite aggrave la situation puisque les moyens de se distraire par ce biais sont devenus limités».

Pour lutter contre ce «dégoutage» quasi généralisé, tous les moyens disponibles sont alors mis à contribution. Les nageurs d’eau douce se dirigent volontiers vers la piscine semi-olympique d’Imama et de nombreuses familles passent leurs après-midi à l’Aqua-center, à l’ombre des parasols fleuris. Après 17 heures, des vagues de badauds déferlent sur les rues piétonnières de la Kissaria et de Derb Sidi Hamed pour faire du shopping. Le soir, les pizzerias sont très fréquentées, moins pour apaiser une faim irrésistible que pour profiter d’une sortie nocturne en famille. Afin de s’évader, les Tlemceniens affichent complet. Aux terrasses des cafés, les consommateurs préfèrent la limonade et l’eau minérale fraîches au thé à la menthe brûlant. Dans les crémeries, des mères de famille accompagnées de leurs enfants dégustent des glaces en faisant attention à ne pas salir leur robe ou leur djellaba. A chacun de leur passage en ville, les enfants des colonies de vacances installées dans la région prennent soin de «dévaliser» toutes les pâtisseries.

Cette année, à Tlemcen, les premiers émigrés ont fait leur apparition tardivement, quelques jours après la finale du Mondial et le fameux coup de boule du roi Zidane. Ils semblent être moins nombreux que l’année dernière, peut-être parce qu’ils n’ont pas encore digérés l’expulsion de ce dernier. Déjà bronzés, ils sont installés pour la plupart à Marsat Ben Mhidi ou à Rachgoun, les pieds dans l’eau. Ils ne montent à la cité des Zianides que pour faire des achats ou rendre visite à leur famille. Le début de cet été, à Tlemcen, a été aussi marqué par le crime de lèse-majesté qu’a constitué l’annulation (ou le report à une date indéterminée) du traditionnel festival de musique andalouse. Dommage, car les occasions de sorties nocturnes pour les familles tlemceniennes ne sont pas légion. Le site splendide qui devait l’accueillir ne désemplit pourtant pas, notamment en fin de semaine. Sahridji M’bedda (ou le Grand Bassin) est devenu, grâce à la réhabilitation dont il a bénéficié il y a deux années, un lieu de promenade recherché par les petits et les grands, avec la forêt des «Petits-Perdreaux» sur les hauteurs de la ville.

C’est en été que les Tlemceniens semblent regretter d’habiter si loin de la mer! Chaque vendredi que Dieu fait, les défilés des voitures qui fuient vers Rachgoun ou Béni-Saf laisse derrière eux une ville étriquée, déserte et presque désolée de ne pouvoir offrir des loisirs convenables à ses habitants.

Si l’ancienne capitale des Zianides reste une «ville d’art et histoire» comme le proclame les prospectus publicitaires libellés à l’intention de ses visiteurs, elle a perdu, en tout cas, beaucoup de son attrait touristique.

 




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