Algérie

Tlemcen: Un film controversé



C'est mon premier film en arabe sur la centaine que j'ai réalisée», se justifiera le cinéaste émigré Ammar Arab lors du débat qui suivra la projection de son film documentaire «Tlemcen résiste», le mercredi dernier à la maison de la culture Abdelkader Alloula en présence de Aït Oumeziane du département cinéma. Le commentaire en voix off confié à Djamila Aït Kaci était truffé de fautes de langue (pis, un verset du Coran sera maladroitement «perverti» à cause d'une mauvaise vocalisation). «L'appel de la patrie m'ordonne de servir la culture de mon pays», argumentera le réalisateur du film qui vit depuis une trentaine d'années en France. Sur les raisons qui ont présidé à ce choix jugé inadéquat au lieu d'un commentateur jouissant d'une intonation rauque et étoffée, il répondra sans ambages que c'est par motivation féministe.

Par rapport au genre, il expliquera qu'il s'agit d'un film documentaire fiction, «un courant qui prévaut dans le cinéma moderne». En effet, Ammar Arab (ab) usa d'une pléthore d'images d'archives de superproductions et d'images de synthèse (numérisées) acquises auprès de la Télévision andalouse en Espagne ainsi qu'en France et en Angleterre.

Un travail qui lui aurait pris deux mois de recherche pour «coller à l'environnement de l'époque», en se gardant de donner le moindre détail sur le coût. Une «tradition» chez les réalisateurs, version «2011». Et de préciser que si le choix s'était porté sur la technique de la reconstitution des faits au lieu des sources d'archives, le produit aurait coûté 20 fois plus que le budget alloué à cet effet. D'ailleurs, au titre des projets, le cinéaste, ayant pris goût aux archives, envisage de réaliser deux autres documentaires avec ce fonds précieux. Quant au titre «Tlemcen résiste», il servira a priori de prétexte puisqu'en termes de temps, il ne sera consacré que…11 expéditives minutes à Tlemcen sur 40 mn d'archives (inquisition, Reconquista, Mers el-Kébir, frères Barberousse…). Le cinéaste reconnaîtra qu'il a joui, dans ce cadre, de «la liberté de travail qui est essentielle pour un artiste».

La question amazighe sera par ailleurs évoquée à la faveur de l'origine berbère du nom Tlemcen (étymologie : tala: source, imcen : abondante). «Le tamazight étant reconnu comme langue nationale, on doit mettre à sa disposition tous les moyens de son épanouissement». Et de plaider «Il est temps que notre pays s'équipe d'une académie berbère pour une pluralité linguistique, pour un lexique commun». Le cinéaste amazighopone, qui ressent une urgence irrépressible de témoigner, estime dans ce contexte que «tous les citoyens sont confrontés à un problème d'identité» et de surenchérir : «Moi, c'est à l'étranger que j'ai appris l'histoire de mon pays qui remonte à 14 000 ans avant J.-C. et non à novembre 1954»… En matière de communication, il faut mentionner l'absence de conférence de presse.




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