Le prélèvement d’un organe à partir d’un donneur vivant au profit d’un receveur, «un proche parent», est devenu une pratique courante.
Au CHU de Tlemcen, le cap de 100 greffes de reins au profit d’insuffisants rénaux a été franchi en avril écoulé. Les membres des équipes ayant pratiqué ces actes médicaux de haute précision sont tous des Algériens. «Par contre, le prélèvement d’organes sur personnes en état de mort encéphalique demeure encore un sujet tabou dans notre société», nous déclare M. Réda Bellifa, coordonnateur de la section locale de l’association nationale don d’organes Biloba.
Et de souligner : «La fréquence des transplantations, toutes greffes confondues, est appelée à s’amplifier, eu égard au nombre de patients en attente d’un organe à Tlemcen et au niveau national. C’est pour cela que l’association de don d’organes, section de Tlemcen, milite pour la promotion et la sensibilisation au don d’organes, de tissus et de cellules». M. Bellifa convient que ce mode de prélèvement sur personne en état de mort céphalique soulève des questions éthiques et sociétales.
«Nous savons pertinemment que nous allons rencontrer une certaine réticence d’ordre culturelle et religieuse, mais cela ne va nullement nous empêcher d’aller jusqu’au bout de notre action, car nous sommes persuadés que notre mission est humanitaire. Cela ne va pas être facile pour ancrer dans notre société la culture du don d’organes à cause, en grande partie, de certaines convictions religieuses qui dissuadent le don notamment en matière de prélèvements sur personnes en état de mort cérébrale», soutient notre interlocuteur.
En effet, l’objectif de cette section, composée de spécialistes en urologie, en néphrologie, en anesthésie-réanimation chirurgicale, en chirurgie ainsi qu’un psychologue et un imam, est d’établir un registre des consentements au don volontaire. «Le donneur consentant aura une carte de donneur et sera enregistré au niveau de l’agence nationale de greffe», explique M. Bellifa.
Pour appuyer les propos de son collègue, Dr. N. Battahar (service d’anesthésie et de réanimation de l’EHS mère et enfants de Tlemcen), membre de la section de don d’organes, estime que la promotion et le développement des opérations de don et de la greffe des organes est tributaire du prélèvement d’organes sur personne déclarée en état de mort cérébrale. Selon lui, «c’est ainsi qu’on pourra répondre à un besoin grandissant d’organes. Il est donc important de vulgariser cet acte médical et de briser les tabous qui l’entourent. Un grand nombre de receveurs potentiels sont ainsi en attente d’un don d’organe, ils sont jeunes et leur vie en dépend».
«Du point de vue religieux, il est permis de prélever un organe d’un mort pour le greffer dans le corps d’une personne vivante si sa survie en dépend», enchaine M. Bellifa qui estime que ce refus de prélèvement d’organes est dû au manque d’information autour du sujet. «C’est ailleurs la raison pour laquelle la section de Tlemcen est née», souligne-t-il. «Comme le Biloba, cet arbre qui a résisté à la bombe nucléaire, nous allons lutter de toutes nos forces pour faire face à ces réticences et instaurer la culture de don d’organes», conclut le coordonnateur de la section.
-
Votre commentaire
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Posté Le : 23/05/2018
Posté par : tlemcen2011
Ecrit par : O. El Bachir
Source : El Watan