Le Mechouar, laissé-pour-compte, interpelle la société civile qui en fait déjà un constat grave pour une ville d'art et d'histoire alors que le souci premier est la préservation de la mémoire collective. Lassés mais aussi dépités de voir le Mechouar livré à lui-même, l'association les Amis du musée de Tlemcen et le Parc national des forêts de Tlemcen viennent de créer une section pour prendre en charge la sauvegarde et la protection de ce haut lieu historique de la ville. Actuellement, il ne fait qu'office de parking et encore ce n'est même pas la ville qui prend en charge sa gestion mais simplement les agents de sécurité qui ont la charge de veiller à sa protection. Certains visiteurs sont même étonnés de voir des véhicules garés à quelques mètres du palais du roi Yaghmoracen, lui dont les chevaux n'avaient pas le droit de circuler dans les allées. Déjà, l'une des deux portes, la Porte Touita (nouvellement restaurée), a été saccagée ces derniers temps et c'est le musée de Tlemcen qui a veillé à son rétablissement. El Mechouar, construit en 1248, abrite la plus vieille mosquée du XIIe siècle (nouvellement restaurée) qui a un statut de monument classé mais loin d'être protégée, outre les vestiges du palais du roi Yaghmoracen qui attend depuis des lustres sa reconstruction à l'identique. El Mechouar, comme tout le monde le sait à Tlemcen, pourrait être la place de la culture dominante s'il venait à être réhabilité puisqu'il est l'un des piliers de l'histoire de Tlemcen. L'Emir Abdelkader en fit son poste de commandement deux ans durant. Cependant El Mechouar est mis à rude épreuve, or c'est le reflet de la mémoire, de la culture et de l'identité de Tlemcen. L'explorer et le revaloriser, le promouvoir permet d'entretenir le riche patrimoine de l'humanité et partant de le faire connaître car il fait partie de l'universel. Cette section devra agir pour l'intégrer dans le riche patrimoine de l'Unesco, pensent d'aucuns qui ont assisté à la réunion tenue ce mercredi au siège du Parc national de Tlemcen dont les bureaux se trouvent dans l'enceinte même du Mechouar. Mais avant tout elle devra jouer un rôle de protection et convaincre l'administration locale, qui ne fait rien pour sa sauvegarde après tant de milliards injectés pour sa restauration, avec des interlocuteurs puissants, pour en réaliser un complexe historique tant le patrimoine culturel matériel et immatériel y est riche. A l'état où il est actuellement et au moment où justement le pays tente de développer le tourisme, on sent que rien ne pousse les visiteurs à la curiosité. Les vestiges ne dégagent pas une charge émotionnelle comme tous les lieux historiques du monde qui sont plutôt des sites qui doivent produire du sens et susciter une délectation, une ivresse spirituelle. Les Amis du musée ont bien fait de tirer la sonnette d'alarme car cet état des lieux n'est pas digne d'une ville au passé aussi prestigieux.
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Posté Le : 16/03/2008
Posté par : sofiane
Ecrit par : Belbachir Djelloul
Source : www.lequotidien-oran.com