Algérie

Tlemcen: Sale temps pour les éleveurs


Les premiers flocons de neige sont tombés ce week-end sur une partie du sud de la wilaya de Tlemcen. Seuls les habitants de Sidi Djillali et El-Aricha, situés à la limite de la wilaya de Naâma ont pu profiter d'un léger manteau blanc au lever du jour, ce vendredi. Mais la neige qui a recouvert le mont ‘Tnouchfi', d'une fine pellicule blanche a déjà presque fondu sur ce plus haut col de la wilaya.Un beau paysage éphémère car samedi matin, les températures étaient positives dans ce territoire steppique d'élevage dédié en premier lieu aux ovins et bovins. Traditionnellement, la transhumance était pratiquée par les pasteurs afin d'offrir à leurs troupeaux des pâturages d'été en se déplaçant au nord tellien de la wilaya pour échapper au climat aride de la steppe, et des pâturages d'hiver au sud de la steppe afin d'éviter aux animaux le froid rude des zones steppiques. Le pastoralisme était donc fondé sur deux grands déplacements annuels par lesquels les éleveurs s'efforçaient de préserver leurs cheptels et de permettre la régénération des pâturages.
«Aujourd'hui, les pratiques du pastoralisme ont changé. Des changements sociaux, économiques, organisationnels ou même naturels, ont eu des effets non seulement sur la vie des pasteurs, mais aussi et surtout sur le milieu naturel. Dans cette contrée du sud de la wilaya, la steppe subit, de plus en plus, une forte dégradation de ses parcours. La superficie des parcours, principal facteur de production sur lequel se basait l'activité, ne cesse de se réduire. Dans cette zone des Hauts Plateaux, les hivers sont froids et rigoureux et les étés chauds et secs. En temps normal, les pasteurs nomades sont souvent mieux nantis que les agriculteurs sédentaires. Ils peuvent déplacer leurs bêtes pour suivre les pluies ou les conduire aux pâturages saisonniers établis. Mais ils sont souvent les premières victimes du stress environnemental prolongé comme par exemple la sécheresse.
A El-Aricha, Bouihi, El Gor, Sidi Djillali, Sebdou ou Magoura, la principale ressource des pasteurs de cette zone steppique reste le parcours. Cet espace constitue le principal facteur de production. Mais avec la sécheresse qui a sévi ces dernières années, les pasteurs ou éleveurs recourent aux aliments pour nourrir leurs cheptels et pour faire face aux transformations de leur territoire et de leur mode de vie», explique Lablack Azzedine, ingénieur agronome et retraité.
Ces derniers temps, les éleveurs de bovins de la wilaya de Tlemcen sont confrontés à d'énormes difficultés. Une situation qu'ils jugent intenable, caractérisée, selon eux, par une hausse des prix auxquels ils achètent leurs aliments. Ils font face aussi à l'impact de la crise sanitaire sans précédent de coronavirus, comme le souligne un éleveur de la commune d'El-Aricha. «Nous sommes réduits à brader nos bovins, nous perdons beaucoup d'argent ! C'est une perte considérable, très difficile à rattraper, c'est du jamais vu ! D'un côté, les prix des céréales et légumineuses nécessaires pour l'alimentation du bétail connaissent une hausse importante, et d'un autre, le prix au kilogramme des bovins subit une forte baisse. On ne peut plus supporter cette hausse continuelle des prix des aliments alors que nous n'arrivons même pas à écouler nos bêtes à cause des restrictions décidées dans le contexte de coronavirus Si ça continue comme ça nous allons tout simplement abandonner cette profession de nos ancêtres».
Et d'ajouter : «comment peut-on expliquer qu'un quintal d'orge qui coûte 1.500 DA à la CCLS est cédé à 5.000 DA au marché noir. La même chose pour le son qui coûte lui aussi 4.000 DA le quintal alors que la CCLS le vend à 1.500 DA. Le ballot de foin dépasse désormais la barre des 1.000 DA et le prix de l'aliment VL 15 des vaches laitières ne cesse de s'envoler. On comprend bien que les quotas d'aliments remis à la CCLS et l'ONAB sont très insuffisants et ne peuvent pas satisfaire toute la demande des éleveurs mais pourquoi ces aliments essentiels aux cheptels, tels que l'orge, le son, le foin et l'avoine se vendent à des prix exorbitants dans le marché noir' ».
Selon la direction des Services agricoles, la wilaya de Tlemcen compte, actuellement, quelque 38 000 têtes de bovins. La même direction nous a informés qu'un recensement sera effectué dans les prochains jours, pour fixer le nombre de tous les éleveurs de la wilaya et ce, en collaboration avec les services de la CCLS, la Chambre de l'Agriculture et les Associations des éleveurs ovins et bovins de la wilaya.
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