Lors d'une petite promenade dans les dédales de la vieille Médina, j'ai été agréablement surpris de constater de visu, que la commune de Tlemcen a entamé des travaux de carrelage en pavés de Derb Essabaghine (rue des teinturiers). Pour les visiteurs du vieux Tlemcen et pour les amoureux des anciens vestiges, il faut emprunter la rue Aïssat Idir (derb Sidi Hamed), devenue un véritable «souk» où tout se vend par terre à la criée devant des magasins très gênés et qui ont envoyé pétitions sur pétitions sans arrêt. Le fandouk Benmansour est devenu un hôtel, ce n'est pas perdu ! Mais Fandouk Erromana n'existe plus et il ne reste que le roman de la trilogie de Mohamed Dib «Au café» pour raconter les réunions des premières cellules du PPA (parti du peuple algérien), tenues secrètement derrière le patio.
Laissons El Mawquaf (Places des Fidaiyyines) et pénétrons au milieu de la cohue de Sidi Hamed, la rue la «plus commerçante de Tlemcen (dans l'informel), pour arriver devant Derb Essabaghine en voie de réhabilitation ou de revitalisation, car plusieurs échoppes d'artisans ont disparu avec leurs (maâlmine) maîtres comme le tisserand Benguella dont le local était situé dans la première ruelle du Derb à gauche.
Ce derb a abrité une jolie petite mosquée dont la plaque de marbre indique : «Mosquée Sidi Merzouk Al Kafif (l'aveugle) 1495", mitoyenne avec la mosquée El-Hammam El-Djedid ou hammam Bensmaïne, où les chaudières fonctionnaient au bois (hattab). Après une Skifa (passage au-dessous d'une construction, nous trouvons la célèbre zaouiya des Alaouiyyines dont le mokaddem actuel est Hadj Taleb Bendiab ChoukrI. Dans cette zaouia (confrérie) a professé Cheikh El-Bachir Yacheur qui a exercé comme Cadi pendant la lutte de Libération nationale, et a été arrêté avec la cellule OCFLN du quartier Sidi Halloui et emprisonné de 1958 à 1962.
Avant sa mort, ce grand Imam a officié dans la mosquée de Sidi Brahim Al-Masmoudi (quartier Bab El-Hadid) avant de déboucher sur la «Tahtaha», placette de (Hart Rima) lieu à l'époque zianide où les forsènes s'entraînaient au tir à l'arc, presque toutes les maisons et échoppes des teinturiers (assabaghine) ont disparu pour laisser place à de nouveaux magasins (New look) lingerie traditionnelle rideaux, robes traditionnelles (style marocain et surtout des bijouteries. Lalla Erriya, une sainte, continue de recevoir ses fidèles femmes pour la «baraka», à côté le four banal a laissé place à des magasins et les transformations continuent, le vieux bâti a résisté plusieurs siècles et les habitants héritiers de droit ont raison de peaufiner leurs anciennes demeures et d'ouvrir de petits magasins pour «subsister».
Terminons cette petite promenade en nous faufilant par la ruelle (Derb Essadjane) qui aboutit après plusieurs tournants et une Skifa à Bab Sidi Boumediène et la cohue des marchands ambulants de fruits avec de la fraise marocaine ! Ces derbs doivent être préservés, la commune de Tlemcen a compris qu'il faut les revaloriser en aidant à la restauration des Hammams (bains maures) ses fours banals, ses saints, ses zaouiyas et ses placettes.. Les citoyens feront le reste pour bien vivre.
Posté Le : 02/09/2010
Posté par : tlemcen2011
Ecrit par : par Sid'ahmed Cheloufi
Source : www.lequotidien-oran.com