Algérie

Tlemcen: Première projection du film «Cheikh Larbi ben Sari»



C'est comme si M'rah Abdelatif, le réalisateur, et l'association Ecolymet, avaient voulu, lors de cette soirée du jeudi, dans ce long métrage, montrer combien il est important de vouloir sauvegarder la mémoire de la musique andalouse à l'ère de la mondialisation et donc de l'uniformisation. M'rah est allé loin dans le temps, bien sûr, mais aussi dans l'espace avec, pour seul viatique, sa caméra. Il est allé au gré des témoignages dans le creuset de la musique andalouse de Cheikh Larbi Ben Sari et de son fils Redouane. Le film retrace la vie des plus grands de la musique andalouse mais fait découvrir des témoignages poignants de grands chouyoukh de la «nota» tels Bensmain, Aboura et de personnalités ayant côtoyé sinon les maîtres au moins leur oeuvre. M'rah, comme il le dit si bien, s'est lâché dans le film et sa caméra nous a baladés d'une ville à une autre en terre chérifienne, terre d'exil de Larbi et de son fils, mais terre de compétition loyale dans le tharab el gharnati où il est difficile de se faire une place si l'on n'est pas virtuose. Et ces deux-là l'étaient. L'un de par son génie, son authenticité et sa rigueur, et l'autre de par sa voix et sa prestance sublime et extraordinaire sur tout instrument de musique. Mais c'est surtout le legs qu'ils ont laissé et qui leur a été tout simplement transmis par l'oralité qui fait d'eux une mémoire.

Le film s'intitule «Cheikh Larbi ben Sari, la mémoire..». Il s'inscrit dans un projet de tournage d'une trilogie dont deux ont été déjà produites et présentées au public. Le 1er film, «la musique andalouse sans frontières...» retrace la grande odyssée qu'a traversée cette musique de l'époque andalouse jusqu'à nos jours, dans les pays du Maghreb. Le 2ème long métrage (celui qui fut présenté chez ECOLYMET) a subjugué un public connaisseur qui est en larmes à l'évocation de la belle époque. le 3e film, qui devrait être réalisé mais dont le tournage n'a pas encore démarré, évoquera «un état des lieux» de cette musique et son devenir.

Lors des débats qui ont suivi la projection du film, le réalisateur et ses collaborateurs ont voulu mettre en exergue, dans le film de Cheikh Larbi ben Sari, la dimension maghrébine voire universelle de cette musique dont fut l'artisan ce grand maître qui était centenaire (né présumé en 1852 et mort en 1964). Cheikh Larbi ben Sari s'est produit à Paris une 1ère fois en 1900 à l'occasion de la foire internationale de Paris, puis lors de l'inauguration de la mosquée de Paris en 1926. Il a toujours voyagé en (Europe, en Tunisie, au Maroc, en Syrie, en Turquie et dans bien d'autres coins du monde). «Comme nous constatons aujourd'hui que la musique andalouse est enseignée dans des écoles en Occident, nous avons tenté de montrer, à travers les différents témoignages d'hommes et de femmes du domaine et donc des spécialistes qui ont accepté d'intervenir dans le film, que ce grand maître était le précurseur d'un genre qui n'était pas prédestiné seulement à quelques cités du Maghreb», confiera M. Abdellatif M'rah.

Mais en aparté, il nous dévoilera qu'il n'était pas spécialiste en la matière. «Mon principe de départ pour ce film était de faire parler les concernés, de raconter cette histoire aux nouvelles générations et de profiter pour rendre hommage aussi à d'autres figures qui avaient marqué leur temps, Cheikh Redouane Ben sari et Cheikh Salah Benchaabane». Rappelons aussi que les belles images, projetées ce soir-là, avaient fait couler quelques larmes aux dizaines de nostalgiques qui étaient présents dans la salle de conférences et dont certains restaient optimistes quant au devenir de cette musique et aux modes opératoires de sa sauvegarde. Il reste que seul un public trié sur le volet a pu profiter de cette ballade andalouse, sur les traces de grands chouyoukh, géants du tharab el gharnati. Pourquoi ne pas faire profiter le grand public d'un produit culturel et historique tel que ce film. C'est certainement une question qu'il faudrait poser à Dame ENTV ou à la ministre de la Culture.




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