Algérie

Tlemcen - Pomme de terre : les raisons d'une flambée



La pomme de terre est affichée à 90 DA, voire même 100 dans certains espaces de vente au détail depuis le mois de Ramadhan, au grand dam des consommateurs les plus modestes qui font les frais de cette flambée inexpliquée du « précieux » produit alimentaire. Déjà fragilisée avant cette hausse qui persiste toujours, la filière cumule les difficultés et demande à être défendue. Selon Dahaoui Abderrezak, producteur de pomme de terre qui exploite quelque 80 hectares à Maghnia, les producteurs de cette région frontalière sont au bord d'une faillite imminente. « Beaucoup de grands producteurs de la région de Maghnia ont cessé de produire la pomme de terre en raison des problèmes du faible soutien de l'Etat, insuffisance des marges bénéficiaires lors des trois dernières années, difficultés de finance très importantes, hausse des prix des engrais et du gasoil ainsi que la baisse des quantités de semence importées cette année. A toutes ces contraintes, il faut ajouter les lenteurs administratives et la bureaucratie que rencontrent les producteurs de pomme de terre sur le terrain. Il faut le dire, l'agriculture est trop administrée au lieu d'être basée sur les facilitations et accompagnements qui doivent être accordées aux agriculteurs », explique M. Dahaoui Abderrezak, qui revient sur tous les dysfonctionnements rencontrés dans la filière de la pomme de terre. « Les productions de pomme de terre étaient bonnes et suffisantes en 2018, 2019 et 2020. Les prix aussi oscillaient entre 30 et 45 DA le kilo, mais, nous, les producteurs nous avons perdu beaucoup d'argent à cause des marges bénéficiaires très faibles. Ce qui fait que cette année, nous avons rencontré d'immenses problèmes de trésorerie pour l'achat des semences, car aucun soutien n'a été accordé aux producteurs pendant ces trois années. Il y a eu également une chute vertigineuse de l'importation de semences cette année, car l'Etat importait avant entre 120.000 à 130.000 tonnes de semence. Cette année, la semence a été insuffisante car les quantités importées n'ont pas dépassé les 50.000 tonnes. Les exploitants sont aussi confrontés aux taxes, TVA des matériels agricoles et semences et au remboursement de leurs crédits bancaires. Les crédits RFIG de l'Etat sont insignifiants par rapport aux charges fiscales et dettes bancaires des agriculteurs. Beaucoup d'entre eux ont baissé les bras et se considèrent comme les victimes des obstacles de l'administration et de l'absence de vrais soutiens financiers et d'écoute », s'inquiète M. Dahaoui Abderrezak, qui cite, en outre « la hausse des prix des engrais et produits phytosanitaires, les difficultés d'autorisation de réalisation de leurs forages d'eau, le manque d'engrais, l'insuffisance de soutien de l'irrigation goutte à goutte et surtout le casse-tête des mesures imposées pour le passavant des produits et marchandises dans les zones frontalières ainsi que le spectre de la sécheresse dont souffrent les agriculteurs de la région de Maghnia, qui ont consenti d'énormes efforts financiers et matériels ces dernières années pour la mise en valeur des terres ». Selon notre interlocuteur, de nombreux agriculteurs qui exploitaient de vastes étendues agricoles dans la région de Maghnia ont abandonné la production de pomme de terre. « C'est le cas de Bouhenna Ghali (80 hectares), Benazzouz Mohamed (80 ha), Abdelmalek Abdesslem, Slimani Mohamed, Charfaoui Mostéfa, Charfaoui Mohamed et Hammou Kaddour, qui ont carrément cessé leur production de pomme de terre ». Il lance un appel de détresse aux autorités concernées pour aider cette importante filière agricole. « Il faut trouver des solutions adéquates à cette flambée des prix de pomme de terre car la répression et le contrôle ne mènent à rien ! Il faut un vrai dialogue avec les petits et grands agriculteurs ! L'activité agricole a besoin de facilitations et d'avantages fiscaux et administratifs pour permettre la survie de leurs exploitations agricoles. Les spécialistes doivent se plancher sur tous les dysfonctionnements et défaillances de la filière de pomme de terre et comment y remédier » ' affirme-t-il. Selon un ingénieur agronome retraité, qui pointe du doigt les carences de régulation adaptée qui manquent cruellement ainsi que l'absence d'une chaîne de commercialisation permettant d'assurer l'équilibre du marché, insiste sur l'évaluation de l'impact sur la productivité de la pomme de terre et la performance économique des facteurs considérés comme essentiels (taille de l'exploitation, statut juridique des terres, itinéraires techniques appliqués, variété et classe de la semence utilisée).


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)