Algérie

Tlemcen - Ouverture de la frontière terrestre algéro-marocaine



Quand les populations préfèrent le statu quo… Le plaidoyer du ministre marocain des Affaires étrangères pour l’ouverture de la frontière terrestre algéro-marocaine, fermée depuis 1994, continue d’alimenter les discussions au sein d’une large frange de notre société, notamment la population frontalière. La majorité reste cepen-dant sceptique sur l’éven-tualité de l’ouverture de cette frontière, considérée comme stratégique pour la partie marocaine, tellement les dossiers litigieux entre les deux pays sont nombreux et ne sont toujours pas réglés. La situation socio-économique catastrophique de l’Est marocain est devenue insupportable pour les populations du royaume chérifien qui tente de plaider auprès de l’Algérie la carte de l’apaisement, le rapprochement et le développement des intérêts communs, afin de permettre de renouer le dialogue et d’arriver à l’ouverture rapide de la frontière terrestre, devenue une nécessité impérieuse pour le Maroc, notamment les régions d’Oujda, Fès, Meknes et Nador. Pour les habitants de ces contrées, cette ouverture sera effectivement une véritable bouffée d’oxygène que l’actuel trabendo, pourtant profitant essentiellement au Maroc, n’a pas réussi à leur apporter, malgré les grandes quantités de marchandises qui traversent la frontière entre les deux pays et la parité au marché parallèle entre dinar/dirham, à l’avantage de ce dernier, soit 1000 dinars pour 120 dirhams. Aujourd’hui, l’ouverture de l’Algérie vers l’économie de marché aidant et sa santé financière actuelle lui ayant permis d’avoir une large gamme de produits manufacturés et de consommation, n’ont pas laissé insensibles nos voisins de l’Ouest qui veulent visiblement profiter de cette manne financière. Le Maroc profite pourtant de cette situation en recevant, via les innombrables trafiquants de tous poils qui activent le long de la frontière, de nombreux produits ‘made in Algeria’ ou importés par notre pays, dont des médicaments, des équipements électrotechniques et électroniques, des engins de travaux publics, du ciment, du rond à béton, du cheptel, du gas-oil, des sanitaires et autres articles... Mais, ce ne sont-là que des marchés de troc contre diverses marchandises marocaines de très mauvaise qualité, sans oublier le kif. Avec l’ouverture de la frontière et le libre échange des marchandises et des personnes, les données vont changer... au profit du Maroc et au grand désavantage de l’Algérie. Les exemples ne manquent pas, remarque un spécialiste en économie, H. Samir : «Avec 12 millions de centimes marocains (100 millions de centimes algériens), un Marocain peut acquérir une voiture neuve de luxe en Algérie, laquelle coûte au Maroc environ 50 millions de centimes marocains. Ce qui serait catastrophique pour l’Algérie». Et d’ajouter: «Tant que le dirham reste fort par rapport au dinar, les Marocains rafleront tous les produits vendus en Algérie qui coûtent très cher au Maroc et qui ne sont pas à la portée des bourses locales». Pour un Algérien résidant au Maroc, K. Mohamed, «seule l’instauration d’une monnaie maghrébine pourrait régler le problème des flux de marchandises car un Marocain peut, avec 1200 dirhams (10.000 DA) acheter un poste téléviseur en Algérie, alors que celui-ci coûte au Maroc quelque 7.500 dirhams». «Cela engendrera, ajoutent nos interlocuteurs, une crise économique sans précédent pour l’Algérie, avec notamment une grande pénurie des biens de consommation, des médicaments et autres équipements électroménagers, électrotechniques et mécaniques». Et de nous citer un exemple édifiant, celui des pays de l’Union européenne et les USA. «Grâce à la chute du dollar et la flambée de l’euro, les Européens profitent de cet énorme avantage et s’alimentent en divers produits aux USA». Un autre problème mérite une attention particulière parce qu’il reste un problème très sensible: le laxisme et la déliquescence des autorités marocaines vis-à-vis des groupes terroristes algériens et leurs relais, et la connexion barons du trabendo/terrorisme qui n’est un secret pour personne. Le soutien apporté par le royaume chérifien aux groupes terroristes pour faire pression sur notre pays, afin qu’il abandonne la cause sahraouie, est également un fait indéniable. Ainsi, l’arrestation d’un Marocain de nationalité belge, dernièrement, au port de Nador (Est marocain), avec une importante cargaison d’armes, de munitions et d’explosifs, en est une preuve édifiante, d’autant plus que le mis en cause a, dans ses aveux, reconnu que ces armes étaient destinées aux groupes terroristes algériens. Ce coup de filet des services marocains est intervenu quelques jours avant la déclaration du ministre marocain des Affaires étrangères plaidant l’ouverture de la frontière. Cette arrestation a été très médiatisée par les Marocains, au point où certains observateurs n’ont pas manqué de relever que «ce n’est là qu’un chantage politique, une coïncidence préfabriquée». En plus clair, un signal fort lancé en direction de l’Algérie: «Ouvrez la frontière terrestre, nous cessons tout soutien aux réseaux de trafic d’armes en direction de l’Algérie». Tous ces éléments ont permis aux populations de Tlemcen et des régions frontalières de prendre conscience du risque d’ouverture de cette frontière, affirmant: «Seule une solution équitable pour les deux pays, tant sur le plan des échanges commerciaux que sur la libre circulation des personnes, pourrait entraîner l’ouverture de cette frontière. Mais, au point où en sont les choses, nous préférons le maintien de sa fermeture, cela dans l’intérêt des Algériens et de l’économie algérienne».   B. Soufi


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