D'aucuns auront constaté durant ce mois de Ramadhan, au moment de la rupture du
jeûne, le silence inhabituel de la sirène de la mairie (1883) sise à la place
communément appelée «Blass». Et pour cause. L'ancien siège de l'APC de la place
Emir Abdelkader fait l'objet de travaux de réhabilitation pour sa reconversion
en musée dans le cadre de la prochaine manifestation mondiale de 2011:
«Tlemcen, capitale de la culture islamique». Cette mise en sourdine n'a pas été
sans conséquence sur les us et coutumes en cette occasion puisqu'elle aura provoqué
l'ire de certains, en l'occurrence ceux dont «l'acoustique» est pratiquement
hors champ par rapport à l'adhan de l'iftar amplifié émanant des haut-parleurs
des minarets. A noter dans ce contexte que la sirène juchée sur le toit de
l'hôtel de ville a subi le même sort que les canons de Lalla Setti d'où était
tirée une salve de coups concomitamment à l'appel du muezzin depuis le
lanterneau (les amplificateurs ne faisaient pas encore partie des «mÅ“urs»
matérielles de la mosquée). A quelques minutes de la rupture du jeûne, tout le
monde était accoudé sur «Essor» à Ras el B'har ou les remparts de R'hiba pour
entendre le «medfaâ» et «la sirène» qui se disputaient l'audition du jeûneur
aux aguets, rivalisant de décibels. Par ailleurs, rappelons au passage le rôle
du crieur public (berrah) qui, dès la confirmation de la date «sacrée» du
Ramadhan, entrait en action en répercutant la nouvelle à travers les quartiers
de la ville, notamment la vieille médina. La voix «off» rodée des Belkaïd, Bali
et Alaoui pénétrait gracieusement dans les demeures, rompant ainsi le silence
de l'attente. Sur un autre registre, nous ne manquerons pas d'évoquer le
travail de propagande du FLN via la pittoresque R4 blanche équipée d'un
haut-parleur qui sillonnait les artères de la ville, diffusant des messages
politiques par la voix de ténors qui ont pour nom Derragui (Sidi el Halloui) et
Bensenane (Bab el Djiad)… La sirène en question, héritée de la Seconde Guerre
mondiale, conçue au départ pour alerter la population d'une menace aérienne
(bombardement classique ou nucléaire), fut recyclée après l'indépendance pour
annoncer la rupture du jeûne. Dans le roman «La Grande Maison», Mohamed Dib
évoquait cette situation de crise : «Les cris de la sirène annonçant la guerre
assembla les habitants de Tlemcen dans les rues. Ce spectacle émerveilla Omar
et le projeta dans le futur : devenir un homme…». Il faut savoir que ce système
d'alerte peut être utilisé pour faire face à la montée des risques
technologiques ou naturels sans pour autant méconnaître les menaces militaires
ou terroristes. Lors d'un accident majeur ou d'une grande catastrophe (nuage
toxique, accident nucléaire…), la sirène permet, de jour comme de nuit,
d'attirer rapidement l'attention de la population pour qu'elle prenne les mesures
de sauvegarde appropriées. L'alerte de la population au moyen des sirènes peut
être complétée par d'autres dispositifs comme, par exemple, les sirènes ou
haut-parleurs montés sur des véhicules (à l'instar des ambulances, des voitures
de police ou de la Protection civile), très utiles dans les zones rurales ou
isolées. A ce propos, nos sièges d'APC ne devraient-ils pas être équipés, en
plus du paratonnerre, d'une sirène, notamment les localités avoisinant un site
à risque comme c'est le cas par exemple de Chetouane, riveraine de la zone
industrielle (centre enfûteur) ?
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Posté Le : 14/09/2010
Posté par : sofiane
Ecrit par : Allal Bekkaï
Source : www.lequotidien-oran.com