Algérie - Tlemcen

Tlemcen : Les zones humides en danger, un cri d'alerte pour la biodiversité



Les zones humides de Tlemcen, véritable trésor écologique de l'ouest algérien, traversent une crise sans précédent. Sous l’effet combiné de la sécheresse persistante, du changement climatique et des activités humaines incontrôlées, ces espaces autrefois fertiles et vivants sont aujourd’hui en péril. Les nappes phréatiques, barrages et écosystèmes associés voient leurs réserves d’eau s’amenuiser à un rythme alarmant, menaçant à la fois la biodiversité et les activités humaines.

Une pénurie hydrique alarmante

Le barrage El Meffrouche, situé dans la daïra de Mansourah, illustre tragiquement cette crise. D’une capacité initiale de 15 millions de mètres cubes, il est aujourd’hui complètement asséché, transformant un site autrefois prisé par les touristes en une étendue aride. Ce barrage était aussi un refuge pour une faune variée, en particulier des oiseaux migrateurs qui n’y font désormais plus halte.

D'autres barrages de la région, comme ceux de Beni Bahdel et Hammam Boughrara, subissent une baisse critique de leurs niveaux d'eau. Ces deux infrastructures, essentielles pour l’approvisionnement en eau de Tlemcen et des zones avoisinantes, ne contiennent plus que 17 millions de mètres cubes cumulés, bien loin de leur capacité maximale de 52 millions.

Impact sur l’agriculture et l’urbanisation

Cette raréfaction de l’eau affecte lourdement le secteur agricole, en particulier la campagne des labours-semailles, mettant en péril les cultures de céréales et d’arbres fruitiers qui dépendent des systèmes d’irrigation locaux. Parallèlement, la désertification des sols s'accélère sous l’effet du manque d’eau et des pressions anthropiques croissantes, notamment liées à l’urbanisation galopante et à une demande hydrique toujours plus forte.

Dayet El Ferd : un sanctuaire en sursis

Parmi les joyaux les plus touchés figure Dayet El Ferd, une zone humide emblématique située au sud de Tlemcen. Cette étendue de 1700 hectares, autrefois foisonnante de vie, abritait des espèces d’oiseaux telles que le canard colvert, la sarcelle d’hiver et le majestueux flamant rose. Aujourd’hui, la majorité de cette avifaune migratoire a disparu, chassée par la baisse drastique du niveau d’eau et les pompages illégaux qui aggravent la situation.

Classée pour son importance écologique, Dayet El Ferd est devenue un symbole de la fragilité des zones humides face aux crises climatiques et aux pressions humaines. Si aucune action urgente n’est prise, ce lieu risque de se transformer en un désert silencieux, perdant à jamais son rôle d’écosystème vital.

Des efforts insuffisants pour un défi global

Face à cette situation critique, les gestionnaires du Parc National de Tlemcen tentent de limiter les dégâts. Parmi leurs initiatives figure le prochain recensement des oiseaux migrateurs, malgré la diminution notable des habitats disponibles. Ces efforts isolés, bien que louables, ne suffisent pas à inverser la tendance sans une action concertée.

Des mesures globales, telles que la réhabilitation des zones humides, une régulation stricte des pompages illégaux et une sensibilisation accrue des populations locales, sont nécessaires pour freiner cette catastrophe écologique. À cela s’ajoute l’urgence d’intégrer ces problématiques dans une politique nationale de lutte contre les effets du changement climatique.

Préserver un patrimoine naturel et culturel

Les zones humides de Tlemcen ne sont pas seulement des réservoirs de biodiversité, elles font partie intégrante du patrimoine naturel et culturel de la région. Leur préservation est cruciale pour maintenir l’équilibre écologique, soutenir les activités agricoles et assurer un avenir durable aux générations futures.

Un appel est lancé aux autorités, aux scientifiques et à la société civile pour unir leurs efforts et sauver ces écosystèmes uniques avant qu’il ne soit trop tard. Car au-delà de Tlemcen, c’est l’équilibre écologique de tout un pays qui est en jeu.




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