Algérie

Tlemcen Les petits boulots du mois sacré




Comme à l'accoutumée durant le mois deRamadan, l'informel se taille une place de choix à côté des commercesréguliers. Cette période est propice à la floraison des petits métiersoccasionnels. De nombreuses familles démunies ne parvenant pas à subvenir auxdépenses du mois sacré s'adonnent à des métiers occasionnels, les jeunes,généralement des chômeurs, ou encore les enfants profitent de l'occasion pourse faire un peu d'argent et ce, pour préserver leur dignité et leur fierté.Neuf heures du matin, Houria, 10 ans se presse dans le dédale des ruelles duvieux quartier El-Medress qui est à deux pas du marché couvert de Tlemcen avecson lourd ustensile sur la tête rempli de galettes de pain et à la main unpetit tabouret de bois. Un dur labeur quand on ne voit pas un, mais descentaines de concurrents, filles et garçons qui font la même chose. Elle se metà l'ouvrage toute la journée durant ce Ramadan. Parfois même jusqu'à la rupturedu jeûne. Elle agite ses menottes, brandit les galettes de pain et s'avancejusqu'à ce que ses petits pieds mordent l'asphalte surchauffé pour attirer leregard des passants. Chaque galette vendue est un peu d'argent à mettre dansl'escarcelle familiale. Si le principal atout dans ce métier reste la qualité,les pains doivent garder leur chaleur un maximum de temps, histoire de titillerles narines des flâneurs et de leur faire constater la fraîcheur au toucher.Houria arrive à peine à faire quotidiennement une recette de deux cent dinars,mais il y a des jours où ses ventes sont encore plus dérisoires. Elle saitflairer le client indécis, celui qui n'a pas d'idée précise sur ce qu'il veut.«Il est chaud combien vous en voulez ?» vous dira-elle. La vie austère et lesconditions sociales qui se dégradent de plus en plus ont vite fait d'endurcirson âge tendre pour un passage à l'âge adulte sans escale. «Mon père esthandicapé et j'ai deux petites soeurs», nous dira Houria qui s'était mis dansla peau de l'adulte protecteur.«Ça fait 4 ans déjà que je vends lesgalettes de pain au quartier d'El-Medress aujourd'hui, les clients meconnaissent et n'hésitent pas à venir frapper à ma porte», souligne-t-elle.D'autres se transforment, à l'occasion dece mois sacré, en vendeurs de baghrirs, de crêpes, de m'semmens, de melouis etautres spécialités pour satisfaire tous les goûts. Pour mieux vendre, Hocine,16 ans évite le créneau saturé du pain et opte pour les m'semmens que sa mèreconfectionne à la maison. Il a choisi un endroit stratégique pour repérer saclientèle et proposer ses produits. «Durant ce Ramadan, la commande estsupérieure», souligne-t-il, les bourses se délient et les gens dépensent selonleurs moyens. Par ailleurs, le Ramadan est aussi une occasion pour bon nombrede tlemceniens, jeunes et moins jeunes, de vendre des fruits, des légumes et dupoisson dans les rues et à côté des marchés. Dans certains quartiers, lestrottoirs et places libres se transforment, et font ainsi plus office de foireet de repaire des marchands ambulants. Pour ce qui est des marchandises, il y aeffectivement de tout: cuillères, bols et assiettes et même certains produitsalimentaires notamment des dattes, des bananes, des amandes... Ramadan estainsi l'occasion, pour une grande tranche de notre jeunesse, de gagner un peud'argent et de fuir les affres du chômage.


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