La waâda de Sidi Yahia Bensfia, saint de la tribu des Ouled Nhar, à l’extrême ouest de la wilaya de Tlemcen, demeure l’une des coutumes les plus ancrées de cette communauté. Célébrée depuis la fin du XVIIe siècle, cette manifestation, devenue avec le temps culturelle, se déroule chaque année durant le mois de septembre. Elle a été célébrée cette année jeudi et vendredi derniers. Durant ce mawssim, l’ensemble des tribus des Ouled Nhar, entre autres, Ouled Sid El Hadj, Ould Sidi Mohamed, Ouled Nhar Elghraba, les Cheraga, campent près du marabout à Sidi Yahia, située entre les daïras de Sebdou et de Sidi Djilali. Avec toutes ces tentes dressées partout au pied de la montagne qui dégagent des fumées, on se croirait en territoire indien.Des cavaliers issus de plusieurs wilayas se donnent rendez-vous. Les marchands ambulants aussi. Une animation festive est constatée, où la fantasia est maîtresse des lieux. Les coups de feu des cavaliers qui se succèdent à un rythme effréné font à chaque fois sursauter les enfants. Une poussière grise en suspension envahit les narines et les poumons des spectateurs, qui ne se gênent pas pour cracher abondamment. C'est la fête. Chevaux, musique, poussière : c’est la fantasia, ou la communion entre l'homme et le cheval. Il s’agit en fait d’une chevauchée guerrière, avec des cavaliers habillés de burnous, bien positionnés sur des selles décorées et brodées, attendant en ligne sur un grand terrain. Sur un ordre du chef, ils s'élancent au triple galop puis déchargent ensemble leur fusil de façon à ce que le spectateur n'entende qu'une seule et même détonation avant l’arrêt des chevaux. Dès lors, des youyous fusent des tentes. Près de l’arène, des marchands ambulants venus de Sidi Bel Abbès, d’El Bayadh et de Naâma exposent leurs marchandises faites de tapis, de flûtes, d’étriers, de jouets… et même de fournitures scolaires. S’ajoutent des halqate animées par des gouals qui évoquent des répertoires de contes populaires, de légendes… Non loin, d’autres groupes folkloriques offrent joie et ambiance. Durant la vie de ce mawssim, le visiteur peut admirer toute une culture d’un peuple. Le couscous est servi à midi et le soir dans de grandes kheimas construites spécialement pour les invités. La nuit, les anciennes histoires sont racontées, et l’on veille jusqu'à une heure tardive. La waâda de Sidi Yahia, qui rassemble un nombre important de personnes, est également un moment de rendre hommage à ce saint. Le plus souvent, ce sont les femmes qui pratiquent la ziara. Durant ces deux jours, jeux, fantasia, danses demeurent un tiercé gagnant. Il s’agit surtout d’un rendez-vous annuel pour implorer Dieu.
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Posté Le : 24/09/2016
Posté par : soufisafi
Photographié par : Hichem BEKHTI