Tlemcen : Les «Nuits andalouses» ont gagné leur pari culturel

Le comité des fêtes de l?APC de Tlemcen, sous la houlette du trio Lazouni-Zerhouni-Boughanem, a organisé du 5 au 9 juillet courant la 2e édition des «Nuits andalouses» au sein du Grand Bassin Cheikh Larbi Bensari.

Une manifestation culturelle initiée en guise de «compensation» à la disparition forcée du traditionnel festival national de la musique andalouse. «Le défi a été relevé !», nous lancera fièrement lors d?une soirée l?ancien responsable de la commission culturelle de l?APC, M. Hamza Chérif, à propos de cette«réhabilitation».

Le féerique théâtre de verdure de Sahridj Bedda aura accueilli pas moins de 17 associations musicales ainsi que deux groupes professionnels, soit 3 formations par soirée. C?est la sulfureuse Rym Hakiki qui se produira en ouverture de la première soirée avec une nouba raml maya suivie d?un hawzi. Lui succédera sur scène l?association des«Ouled El Ghoul» où la chanteuse précitée fit son initiation: il s?agit de Nassim El Andalous d?Oran dont l?orchestre était dirigé par le maestro Tchiali au rebab, qui gratifiera le public mélomane d?une nouba ghrib «fusionnée» à une autre en mode zidane, puisées du répertoire de Cheikh Larbi Bensari. La soirée sera clôturée par l?association Kortoba d?Alger se distinguant par sa tenue traditionnelle. Conduite de main de maître au rebab par Kateb Nadjib (par ailleurs animateur de deux émissions lyriques à la chaîne 3), elle exécutera une nouba rasd dil. Son«paronyme», Kortobia de Tlemcen, drivée par Boukli Hacène Djawed à l?alto, entamera la deuxième soirée avec une série d?inqilabat raml maya.«Imitant» Kortoba d?Alger, El Mouahidia de Nedroma se produira elle aussi en tenue traditionnelle (et pour cause, un credo plus qu?un apparat pour cette association qui veille à la sauvegarde du patrimoine matériel et immatériel de la cité de Abdelmoumen Ben Ali) en proposant une nouba sika exécutée sous l?archet vigilant de Taleb (au violon 4/4).

L?association Ahbab Cheikh Larbi Bensari dirigée par Fouzi Kalfat à l?alto a choisi pour sa part une nouba m?djenba pour clore cette deuxième soirée. Une nouba (slisla) araq illustrée d?un msedder «El ward yaftah», d?un btaïhi «Wa lah law la?ka», d?un insiraf «Ya sa?at hania», assortie d?un istikhbar «Laqad kountou ardjou» exécuté sur le style de Redouane Bensari par le talentueux Bedrane, complétés par deux insirafat «Ine qarrabou ah, ine ba?adou ah» et«Y amen la?ibat bihi ech-chamoul» (ce deuxième insiraf, un mouwachah, est une pièce inédite) et parachevés par un khlass «Hada el gharam eladi katmtou» et à titre exceptionnel une qadria pathétique «Hadjou alya t?faker» sur un style de Cheikh Larbi Bensari, tel est le répertoire original concocté pour cette troisième soirée par le maestro Abdelhak Charif (à l?alto) de Ettarab El Açyl de Tlemcen. En deuxième position se produira Nadi El Hilal Ethaqafi de Mostaganem sous la houlette du professeur Ghoulamallah au mandole qui jouera une nouba zidane inspirée de l?école (san?a) d?Alger. Alignant un orchestre mixte dirigé par Benhamidat à l?alto, La Slam de Tlemcen péchera par un«mélange» de tempéraments au «travers» d?un hawzi zidane «tlata zahwa oua m?raha», un insiraf m?djenba «qoum tara zahar» et des inqilabat djarka «Ya habibi alach djafit» (exécutés par un trio féminin) ainsi qu?un mawel interprété par Ghenim Nesrine. A noter la défection de l?association Gharnata de Tlemcen, motivée a priori par sa participation au festival du malouf de Constantine.

L?avant-dernière soirée verra la participation d?El Widadia de Blida sous la direction de Hadj Benguergoura Mustapha (à l?alto) avec dans sa besace une nouba dil. Conduite par le maestro Allal Mokhtar (par ailleurs animateur de l?émission lyrique«Ahl el andalous» à Radio El Bahia) qui troquera pour la circonstance son micro contre un alto, l?association Nahda d?Oran s?illustrera par une nouba rasd dil puisée du répertoire (en hommage) de son maître spirituel le regretté Cheikh Abderrahmane Sekkal (co-auteur avec Mohamed Bekhoucha de l?anthologie «Nafh el azhar») en jouant un mseder «mali kouhil», suivi d?un btaïhi «sabri qalil» et d?un insiraf «a?baqat fi riad». A souligner que Nahda était accompagnée d?une forte délégation composée notamment de son président Hadj Benachenhou, de Fayçal Haffaf, directeur de la radio El Bahia et de Zehiri Hamza de la wilaya d?Oran. Quant à l?association Andaloussia de Sidi Bel-Abbès dirigée à l?alto par El Ghoul, elle a opté pour un hawzi apparenté (aroubi) de Cheikh Benghenoune «Qoulou li si m?hamed», un autre hawzi «Nar walfi» de Cheikh Ibn M?saïb et une série d?inkilabat mawel. La soirée de clôture, qui s?est déroulée le mercredi, sera rehaussée par la présence du wali de Tlemcen Nouri Abdelwahab, accompagné des autorités locales. C?est à Hadj Ghaffour que reviendra l?honneur d?animer cette soirée en interprétant une nouba sika suivie d?un hawzi avant de terminer avec un mekhles sur le mode sahli (sur le style zaouïa) «Ouhibou liqa? el ahbab» puisé du diwan mystique de Sidi Boumediène El Ghaout. Déprogrammé lors du dernier festival du hawzi organisé par la direction de la Culture, le «rossignol» de Nedroma se verra«réinvité» par le CFVT. Annoncé en grandes pompes, ledit«Grand orchestre» de Tlemcen, qui changea curieusement et en catastrophe de nom pour être présenté sous l?intitulé un tantinet «original» de «Nadi thoulata li tarab oua el mahaba» (le club du mardi, de la dilection et la convivialité) sous la direction de Boukli Hacène Salah (par ailleurs président de l?association Kortobia), jouera une nouba sika. Selon des musiciens avertis, la création de cet ensemble aurait dû obéir à des règles de sélection et de concertation au niveau des neuf associations musicales locales. A noter que ce«club» regroupe des éléments de Kortobia, d?anciens membres de La Slam ainsi qu?un musicien professionnel, en la personne de Benzemra. Il convient de signaler que la soirée d?ouverture a été retransmise en direct par la radio locale, qui a«prêté» au comité des fêtes pour toute la durée des «Nuits andalouses» et à titre de présentateur, son sympathique animateur, le jeune Réda Benosman. A propos de médiatisation, Kateb Nadjib a mis à profit son séjour artistique dans la capitale des Zianides pour faire son émission musicale pour le compte de la chaîne 3. Le plateau technique a bénéficié à cette occasion d?une sonorisation de qualité signée Mansour. Les prestations musicales étaient rétro projetées via deux datashows. A la fin de chaque passage d?une formation, un prix était remis à son responsable, qui consiste en un diplôme de participation, un enregistrement vidéo de sa prestation et un plateau traditionnel. Une fausse note cependant est à relever en matière de commodité: il s?agit de l?absence de toilettes (WC) aussi bien pour le public que pour les orchestres invités qui ne disposent pas par ailleurs de vestiaires ou de loges (avec miroir), mis à part une sobre tente estivale dressée au milieu du jardin public et exposée aux regards indiscrets.