Après avoir déambulé, tels des nomades, dans les plus vieilles rues de la ville, exposant leurs trésors sur des semblants de trottoirs, piétinés par des passants désintéressés, les brocanteurs sont revenus au pied des remparts du Mechouar, juste en face de l’hôtel «Maghreb», en rénovation.
Dire qu’il y a le choix est un pur euphémisme. C’est le seul arrêt possible dans une ville aussi grande que Tlemcen pour les fouineurs à la recherche d’objets rares, gourmands d’objets anciens, de mumismates et de philatélistes. Et c’est justement pour eux que trois chineurs se sont constitués en petite entreprise pour proposer, dans un espace de quelques mètres carrés, une véritable caverne d’Ali Baba où l’on peut découvrir dans un parcours diversifié du matériel des premiers arracheurs de dents, des ustensiles de cuisine de l’époque, un phonographe, pourquoi pas, objets hétéroclites de métiers d’autrefois (cordonnier, braconnier avec un piège à loups datant du temps où les loups parcouraient nos montagnes) posés pèle-mêle mais quand même avec un savoir-faire dont eux seuls détiennent les secrets. Réunir une telle collection mobilise justement les efforts de chacun des brocanteurs qui se déplacent parfois sur des centaines de kilomètres pour dénicher la pièce insolite oeuvrant de concert pour débusquer des pièces qui viendront grossir leur stock. Ils prennent tout repartant parfois avec des pièces très électriques. Chacun peut toucher du regard, aux pieds des remparts, ces joyaux, indifférents à une autre époque, devenus sous le lustrage des chineurs de véritables pièces de musée. Et ils sont là, à longueur de journée, justement un chiffon à la main, à bichonner ces petites pièces, leur redonnant leur éclat d’autan. Mais plus qu’un commerce, la brocante est une véritable culture pour des brocanteurs tels Dakmous Boumédiène, Hamiti et Fellah Houcine. Ceux qui n’achètent pas sont là, à écouter les histoires qu’ils façonnent autour d’un objet et c’est un pur délice de connaître l’origine des pièces, leur parcours dans le monde et comment elles sont entrées au pays. Parfois, ils agencent une véritable romance autour de l’objet avant de vous l’envelopper dans un papier journal pour vous le fourguer à un prix qui vous contentera, dans leur plus grande joie. «Nous voulons faire fructifier cette passion de la brocante et créer, autour d’elle, d’autres emplois tels le transport en calèche pour promouvoir le tourisme, ou la photo en noir et blanc car des artistes existent et attendent que cet art soit accepté, reconnu par les autorités, pour pouvoir élargir cet espace et en faire un véritable pôle attractif et culturel», nous dira Dakmous.
Tant il est vrai maintenant, qu’il pleuve, qu’il vente, les remparts du Mechouar offrent l’espace tant recherché par ces gens, toujours à l’affût de l’objet rare. En face, l’hôtel Maghreb, en pleine restauration, amènera son lot de collectionneurs et de touristes à la recherche d’un petit souvenir marquant de l’histoire d’une ville et de sa région.
Posté Le : 20/04/2006
Posté par : hichem
Ecrit par : Belbachir Djelloul
Source : www.quotidien-oran.com