Algérie

Tlemcen Le mouton de l'Aïd dans tous ses états



A l'instar des autres villes du pays, tous les chemins de la cité des Zianides mènent ces derniers jours au... mouton de l'Aïd. Une seule et unique destination, matérialisée par des sites occasionnels, ces marchés aménagés pour la circonstance et qui ont pour nom Remchi, Zenata, Hennaya, Imama, Koudia, Chetouane, Sidi Saïd, Bab Sidi Boumediène, Trigu'El Ourit... C'est au niveau de ces souks que l'adage «Il n'y a pas de fumée sans feu» trouve toute sa justification. Et pour cause ! De succulentes grillades en perspective qui valent bien la peine qu'on se frotte, pardon, qu'on se «brûle» au contact de ces cornes onéreuses.Ces toisons sont dans une telle effervescence que le pauvre client a du mal à «prendre» le mouton par les cornes. Une fourchette (pardon pour l'euphémisme) «inflexible» pour ne pas dire infernale (surtout pour les bourses moyennes ayant déjà subi la triple saignée de la rentrée scolaire, du Ramadan et de l'Aïd El-Fitr) plane sur la tête des chalands «échaudés» : entre 15.000 et 30.000 DA. Qui dit mieux ? Les marchandages vont bon train, mais ne doivent pas dépasser la ligne rouge fixée par les vendeurs. C'est le credo de la bourse du marché défiant les bourses moyennes. En somme, le pot de terre contre le pot de fer. Même la météo «s'est mise de la partie». En effet, la quinzaine écoulée a été marquée par des précipitations abondantes (pluies diluviennes) et donc une pluviosité «favorable» aux éleveurs et autres chevillards. Météo ou pas météo, c'est la loi des maquignons qui prévaut. L'occasion ne fait-elle pas le larron? En marge des marchés à bestiaux, il est loisible de constater une autre activité tout aussi fébrile et lucrative, celle des transporteurs occasionnels «affichant» leurs triporteurs, camionnettes et autres charrettes. Relevons au passage un fait sociologique: pas âme d'Eve qui vive en ces lieux visiblement «machos». Nonobstant l'inénarrable humoriste Zaza cassa virtuellement ce «tabou» dans son film vidéo «Le mouton de l'Aïd» lorsqu'«elle» fit une intrusion, drapée de son haïk immaculé, au souk d'El-Koudia pour «prospecter» le cours du marché, allant jusqu'à tâter le pouls d'un bélier. Une auscultation opérée par des mains expertes, signée par cette visiteuse insolite (jouant ce rôle «incognito») qui laissa perplexe tout le monde, marchands et badauds, et peut-être même «instinctivement» la bête à quatre pattes. Ceci côté cour. Pour le côté jardin, une ambiance «parallèle» (concomitante au sens propre et figuré) règne à Bab Sidi Boumediène, El-Medress, El-Mawqaf, Souika, Souk El-Ghzel, Blass El-Khadem, où une véritable foire commerciale se tient pour la circonstance : ballots de fourrage, paquets de charbon «conditionnés», brochettes, grilles, billots, hachoirs, couteaux, braseros, «quenouilles» en bois (fuseaux), réchauds (trépieds), pierres à affûter (meules), «liasses» de sachets pour congélation et même (une nouveauté!) des pompes d'abattoir, des barbecues et des chalumeaux (pour le «bouzellouf»). Mais qui a dit «accessoires» ? C'est en fait la face cachée, «inanimée» (rançon ?) de l'acquisition «essentielle» charnelle qu'est le «précieux» mouton. Si devant le fondouk Rostane de Tafrata ou chez les Dekkak ou Sekkat d'El-Mawqaf, est exposée une marchandise «soft», il n'en est pas de même devant Derb Messoufa (El-Qissaria) ou la rue de la Sikak (El-Medress) où des vendeurs occasionnels tiennent une véritable «armurerie» à ciel ouvert. Qu'on en juge. Sur les étals trônent haches, hachoirs, couperets, couteaux, coutelas, machettes, fusils à boucher et autres «armes» blanches «dangereuses». Et si des fois, une dispute venait à éclater devant cet étalage «suggestif»... ou un dément (la ville est infestée de malades mentaux) s'en emparait ? Rien qu'à y penser, ça donne des sueurs froides au dos... Un décor «22 Long Rifles», version Aïd El-Adha. Nul besoin d'un permis de port d'arme pour en acquérir. Quand le rituel festif «protège» l'informel «martial»... Un scénario alarmant qui n'est pas sans nous rappeler son pendant «explosif» se déroulant à l'occasion du Mouloud Ennabaoui Echarif via tout cet arsenal de produits pyrotechniques dangereux... Non loin, au bout de la rue commerçante d'El-Qissaria, la boutique de feu Ba'Ahmed (Benahmed), le dernier des rémouleurs, professionnels s'entend, ne désemplit pas. En fait, c'est son fils Zoheir qui a pris la relève, assisté occasionnellement de son frère Bachir. Outre la prestation de service (aiguisage des couteaux et hachoirs), on y vend l'outillage du «parfait boucher». Lors de notre tournée à travers les venelles de la vieille médina, nous avons découvert que le vieil artisan a fait des émules auprès des réparateurs d'articles ménagers (On citera notamment Chaoui de Derb Moulay Tayeb), tôliers et autres ferronniers qui se convertissent, en fonction de la commande, en rémouleurs occasionnels. Le système D (non dénué d'incivisme) est de mise chez certains à cette occasion. En effet, la rampe d'escalier de la place des Victoires (Blass El-Khadem) est devenue pour la circonstance une véritable pierre à affûter collective, une meule «publique» et à l'oeil accusant sans rechigner le «passage futé» de ces rémouleurs de fortune. A noter à ce titre ce «dégât» collatéral inhérent aux préparatifs : l'esthétique de cet ouvrage en pierre taillée en pâtit au fil des années (balafres béantes à la surface)... Par ailleurs, au marché couvert, la mercuriale est à la parité en cette veille d'Aïd concernant en l'occurrence la laitue, la tomate et les oignons proposés à 60 DA le kg... Le ballet des bottes de cardes a déjà commencé, viande abondante en perspective oblige, imitant la noria des boîtes oblongues contenant la bûche de Noël qui s'apprête à entrer en scène... Parallèlement, le centre payeur du 1er Mai est littéralement pris d'assaut, en dépit de l'ouverture in situ d'un GAB (analphabétisme numérique aidant), tandis que les banques et les recettes postales connaissent un rush sans précédent (d'autant que les intendants et autres DAF auraient reçu ferme instruction d'apurer la paie de leurs employés en traitant les primes et autres rappels; exit les retraités qui «rêvent» toujours de ce virtuel pactole nommé «IRG» : une fausse note dans cette «campagne » financière)... Mais qui peut résister au chant des sirènes, pardon au bêlement envoûtant du mouton de... l'Aïd, accentué par la pression des enfants et l'«(at)tension» des voisins ?    Aïdkoum moubarek d'avance et meilleurs voeux...


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