Il n’y a que le vacarme des cortèges nuptiaux, le soir, pour sortir la ville de sa longue léthargie par ses interminables journées d’été. Un vacarme de klaxons parfois gratuit et ne servant à rien. Ou moins si, à quelque chose: à avertir tous les autres, c’est-à-dire ceux qui ne sont pas de la fête, y compris les agents de la sécurité routière, qu’une parade de voitures, rutilantes et parées de rubans et de fleurs, véritable culte à la limite du mauvais goût, de la grossièreté, est prête à mettre le feu tout au long de son itinéraire. C’est pare-chocs contre pare-chocs que les chauffeurs, qui se transforment en chauffards frustrés durant quelques heures, bloquent déjà la rue en attendant que le cortège se forme. Désormais, tout leur est permis et aucune force de sécurité ne peut les contenir. Leur comportement témoigne de l’imprudence mais aussi d’un sacré manque d’éducation. D’ailleurs, à Tlemcen, il n’est même pas question qu’un agent de l’ordre puisse s’approcher d’un cortège. Il sera vite entouré de quelques jeunes gens et des moins jeunes parfois qui lui expliqueront que, du moment qu’ils se sont constitués en cortège, ils ont tous les droits. Et ça marche. Même le policier croit qu’ils sont dans leur droit. La fête ou plutôt «la fureur de vivre» commence dans les rues étroites de la ville. Et une fois constituée, la procession mécanisée se met en quête de ne plus avoir aucun respect pour autrui qu’il soit piéton ou automobiliste de retour, chez lui, dans son vieux tacot. Les boulevards et les avenues sont envahis sur trois files parfois par des chauffards déchaînés, usant de manoeuvres dangereuses, provoquant la panique et l’ire sur les trottoirs, les terrasses de café et sur les chaussées. Avec les années et le laxisme, cette conduite des plus dénuées de toute forme de civisme est entrée dans la culture, dans les moeurs des automobilistes qui escortent un cortège nuptial. Cependant là où le bât blesse, c’est lorsque que l’on assiste à des enfants innocents assis sur les portières et tapant des mains, ou dansant les bras au vent. Dans les pays qui se disent civilisés, les enfants doivent être assis à l’arrière et sécurisés par une ceinture. En cas d’infraction à cette loi, c’est le père qui peut en pâtir avec un retrait de permis sur place et une forte amende lorsqu’on a affaire à des mineurs. Chez nous, on se demande où commencent la responsabilité du père et celle de l’agent de l’ordre. Ont-ils au moins conscience du danger qu’encoure un rejeton accroché à une portière? Ce qui est plus choquant encore, c’est de voir ces enfants accrochés aux portières passer devant les agents de l’ordre, eux qui savent verbaliser lorsque le port de la ceinture de sécurité n’est pas respecté. Ils ne font plus rien, lorsque les feux rouges sont grillés, lorsque les dépassements sont interdits. Au contraire, ils laissent aller car ils savent qu’ils ne peuvent contenir la fureur de ceux qui n’ont plus aucun respect pour les autres. Mais faut-il attendre qu’il y ait une catastrophe - et il y en a déjà eu - dans un cortège nuptial pour voir enfin notre police sévir?
Â
Posté Le : 25/07/2006
Posté par : hichem
Ecrit par : Belbachir Djelloul
Source : www.quotidien-oran.com