Algérie

Tlemcen Le cri de coeur d'une mère de harrag



«Je cherche désespérément mon fils». Tel est le cri déchirant d'une mère de famille qui a frappé à toutes les portes pour retrouver son fils ou tout simplement en faire son deuil. Elle s'en rapporte maintenant au président de la République. Elle a même eu l'idée de charger une femme au Maroc pour s'informer dans les prisons de Nador, Tanger et El-Hoceima. Mais rien, absolument rien et nul ne sait s'il moisit dans les geôles chérifiennes. Plusieurs recoupements de renseignements glanés çà et là laissent croire qu'il est encore en vie, lui et ses quatre compagnons d'infortune et qu'ils sont en détention dans les prisons de Tanger ou d'El-Hoceima après avoir été arrêtés à Nador. La femme chargée de l'enquête s'est même entretenue avec les services de l'Ambassade d'Algérie au Maroc. «Ils sont cinq avec mon fils Chafik, ne dépassant pas la trentaine, à avoir pris le large à bord d'un zodiac avec pour seul viatique leurs papiers d'identité et leurs économies pour entamer une nouvelle vie sur l'autre rive», dira-t-elle, les yeux rougis pour avoir trop pleuré une absence sans fin. Ils avaient choisi comme rampe de lancement la petite plage de Ouardania, près de Honaïne sur les côtes de Tlemcen, le 4 août 2006 à minuit. Et depuis, ils n'ont plus donné signe de vie. Sauf que des informations les concernant arrivent aux oreilles des familles qui n'augurent rien de bon mais qui signifient qu'ils sont encore en vie. La dernière en date remonte à quelques jours, un coup de téléphone du Maroc avec un accent marocain, au grand frère de Chafik, qui justement se trouvait aux abonnés absents parce qu'il ne travaillait pas ce jour-là. Et depuis, on attend un éventuel appel porteur d'espoir. Tout porte à croire qu'ils sont en vie mais détenus dans les geôles chérifiennes sans pouvoir entrer en contact avec leur famille. Chafik est dans un état de santé lamentable. Cette mère de fils de harrag, qui nous a contacté, s'en remet au président de la République pour que des recherches soient faites pour lui et ses compagnons. Ce sont des Algériens qui ont voulu voir d'autres horizons, elle le reconnaît. Mais elle pense surtout que l'Algérie ne les laissera pas tomber. «L'Algérie n'a jamais laissé tomber ses fils !», dira-t-elle la tête baissée avant de s'en aller comme elle était venue, sans même pouvoir verser une larme. Elle les garde, certainement, pour les moments de retrouvailles. Combien sont-ils ces harraga qui, sur un coup de tête, ont pris le large pour ne plus revenir ? Ils ne sont pas tous morts dans le ressac des vagues qui parfois engloutit leurs frêles embarcations. Ils sont quelquefois arrêtés et jetés dans des prisons sans avoir l'occasion de se défendre. Que font les relations diplomatiques dans ces cas-là ? N'y a-t-il pas des conventions pour que les peines soient purgées dans les pays d'origine ? N'y a-t-il pas moyen pour des familles de savoir, par le biais de ces ambassades, si des ressortissants d'un pays sont en détention ?


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