Algérie

Tlemcen : Le coup de gueule du wali au bain des Mérinides



Tlemcen : Le coup de gueule du wali au bain des Mérinides
Tlemcen : Le coup de gueule du wali au bain des Mérinides par Allal Bekkaï lequotidien-oran Samedi 9 janvier 2010
Alors qu'on s'attendait jeudi dernier à une visite «mixte» de Khalida Toumi avec Ghoulamallah Bouabdellah, sachant que le but de leur déplacement à Tlemcen s'inscrit dans le cadre des préparatifs de l'événement de 2011 «Tlemcen, capitale culturelle du monde islamique», la ministre de la Culture a préféré faire cavalier seul mercredi dernier, soit la veille de l'arrivée de son collègue des Affaires religieuses.

A noter que quelques jours auparavant, Abdelmalek Sellal (Ressources en eau) et Rachid Benaïssa (Agriculture) avaient accompli en binôme leur mission dans la wilaya.

Accompagné des autorités locales, à leur tête le wali Abdelouahab Nouri, le représentant du gouvernement a entamé son programme de visite par la Grande Mosquée où il a été accueilli par l'imam Cheikh Boualem et le président du comité de Djamaâ El-Kebir, Hadj Mustapha Lachachi. Ce dernier a offert à l'illustre hôte un livre sur l'histoire de Tlemcen signé Brahimi Nasreddine. La délégation s'est arrêtée devant une plaque commémorative évoquant l'assassinat, à côté du mihrab, de l'imam Si Djeloul El-Hachemi Benosman par la soldatesque coloniale un 4 juin 1957. Les aiguilles d'une «mangana (horloge) sont arrêtées à l'heure de ce forfait, soit 18h20. Le wali était curieux de voulait savoir si les impacts des balles étaient encore visibles... Les bureaux de la mahkama mitoyenne audit lieu de culte visités, nécessitent des travaux de réhabilitation et de restauration, selon le premier responsable de la wilaya.

Le ministre est passé par la suite à la nidhara de derb Sidi Bellahcène, où il a constaté la non-fonctionnalité des services de la direction relevant de sa tutelle. La plaque dédiée à la mémoire de Sidi Bellahcène Ghomari, fixée sur le mur de cette douéra «squattée», n'a visiblement pas attiré l'attention des visiteurs de marque.

Direction El-Eubbad. Sur une terrasse surplombant Dar Soltane, Ghoulamallah, émerveillé par le panorama, s'adressera au wali : «C'est un endroit idéal pour un musée de site...». Une suggestion qu'il voulait faire au directeur de la culture, mais celui-ci ne faisait pas partie de la délégation. Recueillement solennel et prières au sein du sanctuaire de Sidi Boumediène, couvé par Cheikh Aboubekr, dit El-Ma'ssoum. Le légendaire puits à la pittoresque margelle est à sec. Suite aux analyses microbiologiques des eaux, il a été décidé de procéder à la rénovation du réseau d'assainissement du quartier, nous apprendra le P/APC M. Abdennebi Brixi.

Dans la mosquée éponyme, on conserve un testament des habous de Sidi Boumediène dans Haï El-Maghariba à El-Qods occupée (Palestine). A l'intérieur du bain des Mérinides, le wali a piqué une colère à cause de la médiocrité des travaux : «C'est du mounqar (méfait), vous allez reprendre la situation en main ! Et dire que vous vous apprêtiez à l'inaugurer», fulminera-t-il contre l'inspecteur de la wilaya chargé du suivi et le maire. Au sortir de la médersa Khaldounia, le député du FNA M. Mohammed Benhammou ne manquera pas de soulever la problématique de la destination future de ladite université. En passant devant le mausolée de Sidi Abbed, la délégation sera «hélée» par la m'qadma Fatéma bent Ghouti Benallal : «Ziara ! Ziara !». Mais en vain.

En contrebas, au lieudit Sidi Boushaq Ettayar, se trouve la prestigieuse fondation de Me Boukli. Couac. Décontenancé, le gardien a été surpris par cette intrusion. La villa (habous) n'était pas inscrite au programme de visite.

Retour au centre-ville, et plus exactement à la maison de la culture Abdelkader Alloula, où la délégation sera reçue par un cocktail «détonant» de décibels fait de baroud (fantasia), de «cuivre» (fanfare) et de gallal (folklore). Dans leur allocution, le ministre et le wali mettront en exergue le prestige de la cité des Zianides en perspective de son insigne consécration culturelle en 2011. Usant d'allusions et d'anecdotes historiques, les deux orateurs ne manqueront pas de clouer au pilori les porte-voix du régime de Moubarak. «Nous tirerons notre inspiration de Oumdourmane pour relever le défi de 2011», lancera Abdelouahab Nouri. Quant à Ghoulamallah Boubdellah, il rappellera que «L'Algérie a enfanté de grands hommes de culture, des sommités scientifiques, des combattants émérites..., dont la valeur est reconnue tant dans le monde arabe que dans le continent européen». Avant d'inviter les imams à apporter leur contribution pour le succès de ce rendez-vous islamique. En marge de ce conclave, le ministre des Affaires religieuses a présidé une cérémonie de remise de micro-crédits par la banque Baraka au titre de Soundouq Zakat. Soit une enveloppe d'un montant global de 390 millions de centimes au profit de 19 jeunes investisseurs (élevage, sanitaires, ferronnerie, pâtisserie, KMS, cybercafé, restauration, pêche, mécanique, pièces détachées...).

Selon Bezza Khemisti (DAR), c'est un «pactole» de quelque 2,1 milliards qui a été engrangé par ladite caisse de solidarité, dont une part ira à Ghaza pour la reconstruction des mosquées détruites par du «Plomb durci» largué par l'armée israélienne.

Destination Dar El-Hadith (1937), au lieudit Tafrata. Cheikh Benyounès de l'Association des Oulama musulmans était à la tête du comité d'accueil. Visite de la crèche dirigée par Cheikh Hassaïne (ancien cadre de l'éducation) accueillant quelque 400 enfants. Les membres de la délégation ont été gratifiés de chants religieux et patriotiques en guise de bienvenue : «Ana mani fayach», «Chaâbou El-Djazaïr mouslimoun», «Djazaïrouna»... L'école coranique, la salle de prières, l'aile pour femmes et la bibliothèque ont été également visitées.

L'après-midi a été consacré à l'extra muros. A Imama (commune de Mansourah), le ministre a procédé à la pose de la première pierre du nouveau siège de la Direction des affaires religieuses. Doté d'une A.P. de 19.295.523 dinars, le projet, qui sera réalisé dans 9 mois par l'entreprise Bradeï, comprend 4 niveaux. La nouvelle direction permettra de «désaffecter» la douweïra de Sidi Bellahcène El-Ghomari de la rue des Sept Arcades (condamnée) et par ricochet lui restituer sa vocation patrimoniale originelle.

Sur les hauts-plateaux et plus exactement à Sidi Djilali, à 53 km au sud de Tlemcen, où un froid incisif sévissait, le cortège officiel s'est arrêté devant la zaouïa scientifique de Sidi Yahia Bensfia. Un projet cultuel ambitieux initié en 2005 au titre du wakf (habous) par le charismatique moudjahid El-Oued Djilali, alias Hadj Salah Nehari. Visite de l'espace Internet (24 postes). Deux groupes de 20 talaba s'initient à l'informatique (3 langues) à raison de 3h/j, ainsi qu'un autre groupe de 20 en matière d'alphabétisation.

Arborant respectivement une djellaba (ou'bar) et un burnous ocre, le ministre et le wali ont partagé un couscous avec les talaba, avant de s'enquérir de l'avancement des travaux de la mosquée (90%). Devant le chantier, fouetté par le vent, Ghoulamallah se prêtera à un sonore de Keltoum Kabli de la station d'Oran. La délégation s'est rendue ensuite à la caserne de la Protection civile non encore opérationnelle en raison de l'absence d'équipements. La visite d'inspection s'est déroulée en présence du DGPC, le colonel Hebiri. Halte au nouveau siège de la daïra de Sidi Djilali en voie d'achèvement. Un édifice imposant (l'empreinte esthétique du wali n'y est pas étrangère), devant lequel ceux du Grand Tlemcen, notamment de Chetouane, apparaîtraient comme de modestes «dépendances». «Même à Alger, on n'a pas ce style architectural», avoue M. Hebiri.

A Sebdou, Ghoulamallah a été invité à la mosquée Saâd Ibnou Abi El-Waqas, où des travaux d'extension (interne et externe) vont incessamment démarrer. Visite des deux logements de fonction (appartements luxueux à la charge de bienfaiteurs) de l'imam et son second.

Retour à Tlemcen, où le wali se fera un honneur de faire visiter à son illustre hôte le nouveau siège du cabinet mitoyen à la sûreté de wilaya (bd Pasteur). Une expression d'émerveillement se lisait sur le visage du ministre. Et pour cause. Il admirait un joyau architectural féerique»signé» Abdelouahab Nouri...


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