Algérie

TLEMCEN LA «CHEDDA», PATRIMOINE IMMATERIEL UNIVERSEL



TLEMCEN  LA «CHEDDA», PATRIMOINE IMMATERIEL UNIVERSEL


Allal Bekkaï Publié dans Le Quotidien d'Oran le 08 - 12 - 2012 La célèbre robe nuptiale traditionnelle dite chedda tlemcenia vient d'être consacrée par l'Unesco au titre du patrimoine culturel immatériel UNIVERSEL. Le dossier de candidature portant le n°00668 présenté par le CNRPAH (centre relevant du ministère de la Culture) via le représentant de l'Algérie auprès de l'Unesco, M. Lahcène Bsikri, a été validé par le Comité intergouvernemental pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel (de l'humanité) lors de sa 7e session tenue au siège de ladite organisation internationale à Paris (décembre 2012). «Cette consécration par l'Unesco de la robe nuptiale tlemcenienne n'est qu'une juste reconnaissance de la création et des savoir-faire artisanaux dans ce domaine», soulignera M. Slimane Hachi, directeur du CNRPAH (Alger), lors de la cérémonie (diffusée par Canal Algérie lors de son JT de 20h du 5 décembre). Le dossier d'inscription a été fait sur la base de recherches historiques effectuées par des chercheurs de l'Ouest algérien, notamment de Tlemcen, Oran, Aïn Témouchent ainsi qu'un travail de proximité auprès des artisans spécialisés de Tlemcen, selon Mme Leïla Belkaïd, anthropologue. Il convient de souligner que le costume traditionnel autour duquel s'organise le rituel nuptial dit «El djli» s'appelle «Lebset El-Arftan» ou par concision «Chedda» dont l'origine est algérienne et très ancienne (elle remontrait bien avant l'arrivée des Andalous à Tlemcen). C'était une tenue, dit-on, portée par les princesses tlemceniennes d'antan, c'est-à-dire les «bourgeoises» zianides. Aujourd'hui, ce sont les mariées qui deviennent des princesses l'espace d'une soirée en portant cette tenue. Le costume de la mariée est constitué d'une robe en soie à manches larges constituées de tulle et agrémentées de perles, de paillettes et brodées de dentelles. La «Aroussa» est coiffée d'une «chechia» (coiffe conique).On ajoute une couronne en forme de cône brodé de fetla (fil d'or fabriqué à Tlemcen) appelé «Tedj» (qui signifie «couronne» en arabe). On couvre la partie basse de la couronne d'un collier d'or orné de pierres précieuses qu'on appelle Zerof. Puis s'applique sur le front le «Djbin» (diadème). Les grandes boucles d'oreilles perlées qui pendent latéralement sont appelées «El khorsa». S'agissant du vêtement, il est composé d'une longue robe en tissu fin et brillant que l'on appelle «R'da» (jupe). Ensuite autour de la taille une foutha « m'taqqla » (pagne) qui porte des rayures en soie dorée. Par-dessus ce vêtement, s'ajoute un caftan court travaillé avec de la fetla. Ce vêtement est garni de bijoux de perles qui viennent couvrir la poitrine de la mariée, appelées «Johor». A Tlemcen et Nedroma, le port de la chedda est une incontournable tradition, voire une véritable institution qui dépasse la notion d'habit d'apparat. Rendons au passage hommage aux anciennes habilleuses bénévoles, parmi elles les Ghezoui, Benhamza, Bekkaï, Kacimi, Chaouche Ramdane… Celles-ci faisaient auparavant la collecte des bijoux nécessaires à titre d'emprunt auprès de la famille ou des voisins (la solidarité et la confiance n'étaient pas de vains mots). Autres temps, autres mœurs. Cette prestation esthétique (artistique) est aujourd'hui payante. Des femmes qu'on appelle «neggafate» qui sont spécialisées pour habiller la mariée offrent leur service (savoir-faire) contre un cachet. La prestataire doit avoir tous les bijoux et la couronne du costume «kaftan» (ce dernier est soit commandé, emprunté ou loué). Il faut savoir dans ce contexte que sur les 630 artisans affiliés à la Chambre de l'artisanat et des métiers (CAM) de Tlemcen, 15,7% sont spécialisés dans l'habit traditionnel, 10,2% dans le tissage traditionnel, 4,7% dans la broderie traditionnelle et 1,4% dans la bijouterie traditionnelle. Au total, les revenus de 32% des artisans inscrits à la Chambre découlent de la tradition du costume. Cependant, la grande majorité des artisans des métiers du costume sont des actifs informels. Il s'agit essentiellement de femmes qui travaillent à domicile. Un atelier informel peut employer jusqu'à dix artisanes couturières et brodeuses. Aujourd'hui, la tradition du costume tlemcenien génère de l'emploi pour plus de 10.000 artisans. Au titre de la promotion, le palais royal du Mechouar abrite une exposition permanente de l'habit traditionnel alors qu'un salon y est dédié chaque année par la CAM au niveau de la maison de la culture Abdelkader Alloula (le dernier en date s'est tenu le 21 novembre dernier). Une conférence-débat sur la «chedda» avait été donnée en mai dernier au musée d'art et d'histoire de la ville. Cette tenue princière avait été mise en valeur lors du colloque international sur les savoir-faire ancestraux de Tlemcen et sa région qui s'est tenu au palais de la culture Cheikh Abdelkrim Dali de Mansourah dans le cadre de l'événement de «Tlemcen 2011» en présence du représentant de l'Algérie à l'Unesco. Déjà, lors d'une cérémonie (soirée du 15-12-2001) à l'Unesco, des tenues traditionnelles (chedda, caftan, r'da) étaient arborées pour la circonstance par des «mannequins» affiliées à l'association expatriée «Les Amis de Tlemcen» basée à Paris. PAR AILLEURS, LA «CHEDDA» FAIT DESORMAIS PARTIE DE L' «ETIQUETTE» PROTOCOLAIRE LORS DE L'ACCUEIL DE DELEGATIONS OFFICIELLES (PRESIDENT, MINISTRE, VIP). C'EST L'ARTISTE ABDESSAMAD MEDJDOUB QUI EST CHARGE DE L'EXHIBITION DES «HOTESSES», DU DEFILE DE MODE ET DE LA SEANCE POSE. AU FAIT, KHALIDA TOUMI AURAIT-ELLE SUCCOMBE, FEMINITE OBLIGE, AU CHARME ENVOUTANT DE LA CHEDDA, PLUS QU'A L'ATTRAIT FASCINANT DE SIDI BOUMEDIENE (L'INSCRIPTION DU COMPLEXE HISTORIQUE D'EL EUBBAD N'EST PAS A PRIORI A L'ORDRE DU JOUR, NDLR) ? FORCE EST DE CONSTATER QUE LE VESTIMENTAIRE (PRINCIER) A SUPPLANTE LE MONUMENTAL (MYSTIQUE). LE «CRIME» (CULTUREL) DE LESE-MAJESTE A ETE AINSI INTELLIGEMMENT EVITE.



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