Algérie

Tlemcen: La bande dessinée algérienne à l'affiche


Une conférence a été donnée au CCF de Tlemcen par M. Lazhari Labter, directeur des éditions Alpha, qui, tout en développant sa propre maison d'édition, a accompagné une exposition de toute une génération de bédéistes. Elle présente les planches de bédéistes algériens et retrace son histoire et sa création en 1967 jusqu'à nos jours. Une exposition étonnante qui montre toute la diversité de la production algérienne dans ce domaine.

Lazhari Labter, journaliste, poète, écrivain et éditeur, s'est longuement étalé sur ce qu'on peut appeler la genèse de la BD algérienne. Mais dira-t-il, on ne peut pas dater l'histoire de la BD à partir d'une revue. L'aventure débuta en 1962 et s'étala jusqu'en 1969. Le 19 mars 1967, dans l'hebdomadaire Algérie-Actualité, paraîtra en épisodes Naâr, une sirène à Sidi Ferruch, de Mohammed Aram. C'était la première BD algérienne publiée. Deux ans plus tard, au mois de février 1969, naissait la première BD de M'Quidech.

C'est au centre national du cinéma (CNC) d'Alger plus exactement, dans le service du film d'animation dirigé par Mohammed Aram, que l'idée de créer un illustré algérien avait germé dans l'esprit de 3 dessinateurs en herbe dans les années 64-65 : Mohammed Aram, Mohamed Mazari dit Maz et Menouer Mrabtine, dit Slim.

Le premier, M'Quidech, qui est un vivier pour les bédéistes 14 années durant, sera publié en Algérie et sera de piètre qualité. Les numéros suivants seront publiés en Espagne et en Italie. Une quarantaine de journalistes y ont travaillé et tous ont attrapé le virus de la BD à la fin des années 60, d'autant plus que les autres BD qui étaient importées avaient été interdites en 65-66. Sauf Blek qui charriait des idées de l'archétype du patriote qui lutte contre l'envahisseur, jusqu'en 1970. C'était une école à la portée des jeunes et des moins jeunes : on y apprenait la langue, mais aussi le dessin et les échanges de livres. L'aventure de M'Quidech aura duré 4 ans, pondu 34 épisodes en arabe et en français et tiré à 20.000 exemplaires, avec des stocks épuisés dès la parution. Son aventure se terminera avec l'avènement de l'arabisation. Fallait-il laisser cette BD en français ? Il sera relancé en 78 en arabe, mais disparaîtra à jamais en 1980.

Toutes les tentatives à cette époque ne dépasseront pas les 3 numéros : Fantasia de Kamel Belgacem dans A.A., un seul numéro, un album de BD de Ahmed Bounab, qui a tenté de ressusciter la BD avec un seul numéro, Abdessalem Bouchouareb, passionné de Tim et Sim Sim, avec 3 numéros. Mais la 1ère BD au sens propre du terme l'aura été par Menouer Mrabtine, dit Slim, dans un supplément d'Algérie-Actualité avec Moustache et les frères Belgacem, une parodie de La Bataille d'Alger (la pagaille d'Alger), puis avec Zid ya Bouzid et des idées avant-gardistes du couple Bouzid et Zina, vivant ensemble sans être mariés.

Cependant, de Zacar à l'Africain Illustré, en passant par Casbah Illustré, le journal illustré finira par voir le jour grâce à Mohammed Madaoui, directeur d'édition de la SNED, et aux trois dessinateurs auxquels se joindront Ahmed Haroun, le créateur du personnage de M'Quidech, pivot de la BD, et Mansour Amouri, le créateur de Richa qui, avec Bouzid et Zina, feront le bonheur des lecteurs de l'époque. Cette aventure de la BD algérienne, unique en son genre dans les pays africains, arabes et musulmans, continuera jusqu'au début des années 90 avec le journal El-Manchar, lancé par Mahfoud Aïder et Mustapha Tenani. Maz ira aux Emirats pour la création de BD émiraties. Toute cette pépinière va exploser en 1988 avec plusieurs titres où l'on s'attendait à une résurgence de la BD.

Paradoxalement, les dessinateurs n'ont pas répondu et ce sont les caricaturistes qui ont vu le jour, notamment avec Dilem et consorts, qui ont croqué dans la politique car, de 1962 à 1988, la caricature était interdite. «Il devait y avoir un besoin de dire, d'écrire mais de dessiner aussi et les dessinateurs ont senti ce besoin de s'exprimer, d'exprimer leurs révoltes, leurs désirs et leurs aspirations», dira M. Lazhari.

De 88 à 98, tout a reculé. Il faudra attendre le 1er Festival de la BD pour voir l'engouement autour de cet art, le Neuvième Art. Le public, dès le premier jour, s'était rué sur les étals et avait tout raflé. Faut-il redonner ses lettres de noblesse à cet art en Algérie ?


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)