Algérie

Tlemcen Hommage à Hadj Abdelkrim Dali



Les deux associations musicales El-Acil, présidée par Bekkaï Abdelkader, et Erridouania, présidée par Nadir Marouf (France), ont réussi le duo musical en organisant une soirée le 20/2 à Oran et une deuxième soirée aux Zianides le lendemain, le 21/02/2008. Celle de Tlemcen a commencé par un devoir de mémoire par la visite du Derb (Impasse) et la maison où est né le grand maître Hadj Abdelkrim Dali à Hart Rima où désormais une plaque commémorative (1914-1978) permettra aux générations futures de connaître l'ancienne médina de Tlemcen et ses grands cheikhs. Attarab Al-Acil s'est spécialisée dans les hommages aux grands maîtres de la musique andalouse en organisant depuis sa création la commémoration de la mort de cheikh Larbi Bensari, celle de la diva algérienne Tetma et voici, pour la deuxième fois, un hommage particulier à Hadj Abdelkrim Dali qui a laissé des traces indélébiles dans le domaine de la musique andalouse et surtout du hawzi, aroubi et gherbi avec sa chanson El-Kaoui enregistrée en 1947 qui a fait le tour du Maghreb. La soirée de Tlemcen à l'hôtel des Zianides pris «d'assaut» par les familles de Tlemcen dès 20h pour prendre place dans le beau restaurant de l'hôtel, devenu pour la circonstance une scène musicale où se produisirent les deux ensembles Riad El-Andalous dirigé par Malti Ahmed et Nassim El-Andalous (Oran) drivé par Ghoul Belkacem, inégalable au violon. Cette belle soirée, qui a duré jusqu'à deux heures du matin, a été rehaussée par la présence de M. le Wali Nouri Abdelwahab, accompagné par l'ancien diplomate Taleb Chaïb, et a permis aux organisateurs de distribuer des cadeaux à la famille et aux amis du défunt Hadj Abdelkrim Dali, connu pour son humilité, sa connaissance et surtout de formateur comme professeur au conservatoire de Hussein Dey en 1951 où il initia et lança une génération de chanteurs qui ont fait le bonheur d'Alger et de ses quartiers populaires. Ses anciens élèves étaient présents dans la salle archi-comble mais n'ont pas joué, et c'est dommage, car les deux ensembles de Tlemcen Riad El-Andalous et Nassim El-Andalous d'Oran ont joué une partition complète avec Touchia, Inkalabat et même Medh. Les mélomanes ont apprécié la prestance des jeunes musiciens des deux écoles de Tlemcen et d'Oran. Le Quotidien d'Oran a enregistré à chaud quelques déclarations d'invités comme celle de Hinni Smaïn, président de l'association El-Inchirah d'Alger, qui a été très applaudi, «Le Festival de la musique andalouse doit revenir à Tlemcen, on est plus à l'aise lorsqu'on vient dans cette ville !». Pour sa part, Meziani Med de Canal 3 a lancé la boutade «Wach del'ar alikoum ya rdjal Tilimsan», c'est une honte pour Tlemcen et sa société qui a perdu le Festival de musique andalouse et l'a remplacé par le haouzi. Silence dans la salle. Un ancien mélomane me glissa à l'oreille: Un invité ne doit pas lancer cette «flèche», ce n'est pas la société de Tlemcen qui a bradé le Festival ! Avant de quitter la salle des Zianides, écoutons Mourad Dali, le dernier fils de Hadj Dali Abdelkrim, causer avec notre correspondant. Le Quotidien d'Oran: Etes-vous fils unique de Dali? Mourad Dali: J'ai deux frères plus grands que moi, Abdelkader l'avocat (décédé à 70 ans et aîné de la famille) et Mohamed qui travaillait aux assurances vieillesse, décédé à 68 ans. Le Q.O.: Pourquoi n'avez-vous pas hérité de la sanaâ de votre père ? M.D.: Je suis né en 1937, j'ai fait mes études à Alger, je suis technicien en électricité et nous avons habité à la rue Mulhouse, près du Tunnel des Facultés. Mon père, que Dieu le bénisse, nous a interdit catégoriquement de suivre son métier d'artiste. Malgré cela, je le suivais lors des enregistrements à l'Institut national de musique à la derbouka pour le rythme. Je grignote bien le oud, la guitare, comme tous mes frères défunts. Le Q.O.: Est-ce que les enregistrements faits par votre père Hadj Abdelkrim à l'Institut national de musique sont entre de bonnes mains ? M.D.: C'était Abdelwahab Salim qui solfiait les noubas et qacidats et tout ce trésor est bien gardé à l'INSM. Les chercheurs peuvent l'écouter sur place. Le Q.O.: Quelle année Abdelkrim Dali accomplit son pèlerinage ? M.D.: C'était en 1969. A son retour, il décida de ne plus chanter en public. Nous le forçâmes à voir un imam qui lui a dit «C'est ton gagne-pain. C'est halal». Il s'est remis mais préférait surtout les qasidats du Medh sur le prophète Mohamed que le salut de Dieu soit sur lui. A son retour de La Mecque, il composa la qacidat «El Hamdou Lilah Nelt Kasdi» qui eut un grand succès en Algérie. Le Q.O.: Quels sont les meilleurs souvenirs que vous racontait votre père de son parcours exceptionnel ? M.D.: Mon père (Rahimouhou Allah) n'oubliera jamais les concerts où il a chanté devant le roi Mohamed El-Khamis, en Espagne devant le roi d'Espagne, à Paris et un peu partout dans le monde. Son meilleur souvenir, c'était le salon de coiffure de Omar Bekhchi, son maître, situé dans la rue Khaldoun où il a été initié à la sanaâ (métier de la musique andalouse) et le salon de coiffure «Le Croissant» de son ami et compagnon Hadj Mohamed Medjadi, 11, rue Basse. Ce salon de coiffure était le PC de tous les chouyoukh qui se rassemblaient avant d'aller faire leur prestation dans les soirées de mariage. Lieu de rencontre de feu Redouane Bensari, mon père, Kalaïdji, Benkabil et tous les membres de l'orchestre ou plutôt des ensembles, soit de cheikh Larbi Bensari, Redouane, son fils, Hadj Abdelkrim Dali, Lazaâr Ben Dali Yahia, tout ceci avant son départ vers Alger en 1936 où il a été aidé par le grand Bachtarzi, que Dieu ait son âme, Mustapha Kachkoul. Wahiba Dali, fille de Mourad Dali, qui prépare l'écriture d'un livre sur son grand-père, a enregistré toute cette conversation et a remercié tous les organisateurs pour ces deux soirées mémorables, le mercredi 20/2 à Oran et le jeudi 21/2 à Tlemcen.


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