Algérie

TLEMCEN: Hommage à Cheïkh Sadek El Bejaoui et Hadj Ghaffour


C'est en présence de M. Mourad Chouihi, représentant de la ministre de la culture et M. Abdelhamid Belblidia, coordinateur de la manifestation de 2011 que s'est déroulé mardi dernier à la maison de la culture Abdelkader Alloula l'hommage rendu concomitamment à Cheïkh Sadek El Bejaoui et Hadj Ghaffour dans le cadre de la série des hommages «Nouba» programmés par le département du patrimoine immatériel. En ouverture, il a été projeté un court film documentaire sur la vie des deux Cheïkhs. Concernant l'affiche mosaïque « Hommage aux maîtres», il y a à redire quant à la scénographie (hiérarchisation et esthétique des portraits). L'interprète de la chanson culte «Walfi Meriem» (de Cheïkh Kaddour Benachour), en tenue traditionnelle, était présent à la cérémonie, aux côtés du fils du ténor de Bejaïa, Djamil Bouyahia, par ailleurs vice-président de l'association musicale «Ahbab Cheïkh Sadek El Bejaoui». La table ronde organisée à cette occasion était animée en tandem par Nasreddine Baghadi, responsable des archives à la radio nationale et Salim El Hassar, animateur de l'émission «Couleurs andalouses» à la radio locale. Musicien, compositeur, parolier et enseignant, Cheïkh Sadek Lebjaoui(1907-1995) peut-être considéré comme l'archétype de l'artiste de son époque, il n'hésitera pas à traverser le pays pour aller à la rencontre des maîtres et s'abreuver de leur savoir, tels maâlem Ibihou Ben Saïd et Abdelkrim Dali (à Alger), les Cheïkh Lakehal (à Blida), Omar Bekhchi et Larbi Bensari (à Tlemcen), Driss Rahal (à Nedroma). En 1928, Sadek Bouyahia (son vrai nom) forme son premier orchestre à Béjaïa avant de rejoindre en 1933, à Alger l'association «El Mossilia» puis «El Widadia» de Blida. En 1934, il fait un séjour à Tlemcen, une station zianide où il connaîtra un style différent (gharnata). En guise de reconnaissance, Cheïkh Sadek El Bejaoui dédia trois poèmes chantés à la perle du Maghreb: «Tlemcen yal bahdja», «Tlemcen, ya hmame» et «Cheïkh Omar (Bekhchi)». Le défunt maître aurait été le premier, faut-il le souligner, à interpréter «El aïd wa el ferdja fi bab el djad» (un poème de Bentriqui), selon Baghdadi. Il faut signaler qu'un volet est consacré à l'icône de Béjaïa à la méga exposition «Les relations intellectuelles» qui se tient actuellement au palais de la Culture de Mansourah à l'initiative de l'association bougiote Gehimab.
Le film «Tlemcen-Béjaïa» de Benamar Bakhti projeté (et rediffusé) au CIP, rend également hommage au Cheïk.Tout comme l'émission culturelle «Carnet d'Algérie» de la Chaîne 3 de la semaine passée. Pour sa part, Nasreddine Beghdadi, lui dédiera une communication intitulée la «Newba tlemcenienne et la ville de Béjaïa» à l'occasion du colloque international sur «la poésie et la musique andalouse » qui s'est tenu en juin dernier à Tlemcen (CNRPH).
Quant à Hadj Mohamed Ghaffour, né en 1930 à Nedroma, tisserand de son état, il travailla avec son oncle Mouffok, drabki, qui le propose à l'orchestre de Cheïkh Driss Rahal qui lui enseigne les secrets de la mandoline puis du luth. Auparavant, en 1948, il s'initia à la derbouka auprès de l'orchestre de Hadj Mohammed Ghenim Nekkache. Suite à un «litige», il quitte l'ensemble et créé son propre groupe en 1954.
Au premier festival de la musique andalouse en 1967, il décroche un prix d'encouragement. En 1969, il participe au festival de Testour (Tunisie) en compagnie de Cheïkh Bejaoui. Soulignons dans ce cadre le rôle pédagogique du regretté mécène Cheïkh Benamar Mohamed Djebbari de la cité de Abdelmoumen Ben Ali. Hadj Ghaffour tombe malade entre 1971 et 1977 puis reprend les mariages et les concerts, en Algérie et en France. Il participe à la fête de l'Unita à Florence (Italie). Il anime ses dernières soirées en 1981 avant l'«i'tizal» où il se consacre à la vie mystique via la zaouiya zianiya de Nedroma dont il est un fervent adepte. C'est le fameux cri du c'ur de Bouteflika à Birouana (en 1999) qui fera sortir le «rossignol» de son ermitage pour le ramener urbi orbi sur la scène artistique au service de la Concorde civile.
A l'étranger, il se produira en France à l'Unesco en 2000 ainsi qu'en 2003 et 2004. En mars 2008, l'université de la Sorbonne lui rend un hommage. Côté cinéma, le réalisateur de la RTA Abdellatif Mrah lui avait dédié un film documentaire (portrait) dans les années 90…
A noter que c'est sa somptueuse villa à Nedroma qui abrita la réception officielle donnée par Mme Khalida Toumi au DG de l'Unesco M. Koïchiro Matsuura, lors de sa visite de travail à Tlemcen, en 2005. Dans le cadre de cet hommage, il a été programme trois concerts à la maison de la Culture, animés tour à tour par l'association «Ahbab Cheïkh Sadek El Bejaoui» de Bejaïa (dont l'orchestre féminin s'est produit auparavant au palais de la Culture, en marge de l'exposition précitée), l'orchestre Cheïkh El Ghaffour de Nedroma et l'orchestre Redouane de Tlemcen avec Karim Boughazi et Meriem Ben Allal.
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)