Situées à une vingtaine de kilomètres de Tlemcen, les grottes de Beni Add, connues aussi sous le nom de grottes de Aïn Fezza, dominent le village du même nom logé 7 kilomètres en contrebas de la montagne calcaire.
Nous employons le mot «grottes» au pluriel, car il ne s’agit pas d’une seule cavité, mais d’une succession de cavités dont les ramifications souterraines sont nombreuses et encore mal connues à ce jour.
Ce site naturel exceptionnel par ses dimensions spectaculaires et la beauté de ses paysages intérieurs offre aux visiteurs de la région et aux amoureux de la nature un décor grandiose doublé d’une leçon de géologie et d’histoire.
En effet, creusée dans la roche karstique par le passage millénaire de l’eau, la partie accessible des grottes s’étale sur pas moins de 700 m de longueur et une quarantaine de mètres de hauteur.
Elle est répartie en trois principales salles qui rivalisent de beauté avec des concrétions calcaires tombant à la verticale (les stalactites) ou montant du sol (les stalagmites) et qui rappellent étrangement des personnages humains ou des animaux, tels le chameau, le visage de Socrate, la statue de la Liberté, une chevelure féminine ou encore l’orgue africain.
Durant la guerre d’indépendance, ces grottes ont été utilisées par les moudjahidine comme lieu de refuge et de passage d’une montagne à l’autre.
On apprend auprès des riverains que les galeries souterraines atteignent plusieurs kilomètres de long et conduiraient même jusqu’aux frontières avec le Maroc situées à une cinquantaine de kilomètres plus à l’ouest.
Ayant compris l’importance stratégique de ces grottes, l’armée française a coulé près de 60 mètres cubes de béton dans le fond de la troisième salle, délimitant ainsi la partie accessible des grottes à ce jour.
Ceux qui comme moi ont eu le bonheur de visiter les grottes de Beni Add dans les années 80 ne peuvent que déplorer l’état de délabrement dans lequel elles se trouvent aujourd’hui:
- Absence d’un guide pour éclairer le visiteur avide d’informations et de connaissance ;
- effondrement de nombreuses stalactites et stalagmites, dont les débris jonchent le sol des galeries souterraines ;
- passivité des agents de surveillance face aux dégradations dues aux nombreux actes d’incivisme. Nous avons vu des visiteurs tirer nonchalamment sur leur cigarette alors qu’il est strictement interdit de fumer dans le site, d’autres enjambaient les mains courantes pour se faire photographier sur les reliefs calcaires, de nombreux graffitis enlaidissaient les parois internes des grottes ;
- disparition de la colonie de chauves-souris qui constituait une attraction naturelle supplémentaire de ce site merveilleux (selon les agents, elles auraient été chassées par un hibou encombrant!) ;
- assèchement de la grotte et absence des gouttes d’eau qui perlaient autrefois des stalactites, jouant une symphonie souterraine renvoyée par l’écho des galeries
Selon nos informations, la gestion des grottes relève de la commune de Aïn Fezza. De nombreux efforts restent à faire pour améliorer la prise en charge des visiteurs et surtout protéger le site des dégradations.
Il est tant que ce joyau géologique de classe mondiale soit pris en main sérieusement par des professionnels du tourisme et de l’écologie, afin que nos enfants et nos petits-enfants puissent admirer à leur tour ce que Dame Nature a mis des milliers d’années à sculpter et que nous avons eu la chance et le bonheur de redécouvrir cet été.
Contribution: Lyes Kaouadji, ingénieur agronome
Adresse email : lyeskaouadji@yahoo.fr
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Posté Le : 25/08/2013
Posté par : akarENVIRONNEMENT
Photographié par : Photo: djilo23.skyrock.com ; texte: Contribution de Lyes Kaouadji
Source : LeSoirdAlgerie.dcom du dimanche 25 août 2013