Tlemcen - Foncier : un casse-tête et quelques pistes

S'il est un sujet qui préoccupe régulièrement les autorités et les élus locaux, c'est bien l'enjeu foncier, qui demeure la clé de voûte de l'activité socioéconomique et, plus particulièrement, la difficulté à identifier et à dégager des assiettes de terrains, pour accueillir de nouveaux équipements à vocation publique, dans les différents secteurs du logement, éducation, santé, culture et de la jeunesse et sports, indispensables aux populations selon des enjeux et des orientations d'aménagement. Les commissions de choix de terrain, regroupant les services de la commune, daïra, urbanisme, agriculture, hydraulique et des domaines publics, se heurtent à la contrainte de la rareté foncière et la densification de l'habitat dans les agglomérations surpeuplées. Il faut dire que la périurbanisation est reconnue aujourd'hui comme un phénomène mondial animée par différents déterminants dus à la poussée démographique et au développement socioéconomique. Ainsi, dans de nombreuses zones périurbaines des grandes villes où se mêlent l'urbain et le rural, les vives tensions autour de la terre s'exacerbent au niveau des espaces qui reçoivent l'excédent de la croissance démographique urbaine et qui accueillent les nouveaux projets d'aménagement et de développement (promotions immobilières, implantations de zones d'activités et de stations-services diverses, développement des réseaux de communication, maintien ou développement de certaines agricultures, etc.).Dans ce cadre, un spécialiste de l'urbanisme et de l'habitat qui a souhaité garder l'anonymat, préconise d'accorder une importance aux poches vides urbaines.
«La question de la maîtrise et de la gestion du foncier constitue l'un des dossiers les plus lourds et les plus complexes pour les responsables locaux. Il faut donc tracer une nouvelle approche permettant de reconquérir la ville à travers ses opportunités foncières et les investir dans l'avenir de la ville en faisant appel à tous les acteurs concernés pour se mobiliser et faire face à cette situation. L'objectif est de réaliser une carte d'identité de nos villes qui peut contenir des données sur l'occupation des sols, les périmètres, les surfaces et le repérage des terrains bâtis et non bâtis, ainsi que la classification et la répartition des friches et des poches urbaines. Il faut aussi procéder à un recensement et une collecte des données de toutes les anciennes bâtisses abandonnées y compris celles datant de la période coloniale qui occupent d'importantes superficies dans le périmètre urbain de nos villes, pour ensuite procéder à leur démolition et ce, une fois leur statut juridique déterminé. Les parcelles libérées pourront être réaffectées pour les projets urbains», a expliqué cet urbaniste de Tlemcen.
Sur le plan de la régénération urbaine, l'architecte Benaissa Yahi estime qu'il est temps d'impulser une dynamique de transformation dans les médinas et centres anciens afin de favoriser la cohésion sociale et un développement harmonieux du tissu urbain. «Des programmes de renouvellement urbain devront être menés sur les territoires de nos villes, en partenariat avec les services concernés des wilayas et des communes, bureaux d'études, directions d'urbanisme, entreprises, promoteurs et en concertation avec les habitants, pour corriger d'éventuels dysfonctionnements urbains, améliorer le quotidien des habitants et assurer la mutation des quartiers prioritaires».
Il faut souligner dans ce contexte que certaines bâtisses de caves, minoteries, huileries, SAP et CAPS, unités de fabrication, hangars, dépôts, châteaux, parcs et lieux abandonnés et ruinés depuis des années offrent un spectacle de désolation. Les idées de ces spécialistes sont utiles pour le développement harmonieux du tissu urbain et à investiguer ces lieux anciens et plus récents délaissés et oubliés.