Tlemcen et son espace littoral à l’époque abdelwadide

La région de Tlemcen est très tôt marquée par une importante activité maritime, d’abord en relation avec al-Andalus par les ports d’Arshgoul et d’Oran, puis avec les Almohades par Hunayn. La capitale abdelwadide entretient avec ses avants-ports des relations essentielles sur le plan à la fois économique, militaire et fiscal. Elle est le débouché de routes terrestres qui la relient au sud à Sijilmâsa et aux routes de l’or, à l’ouest avec le Maroc et à l’est avec la route des Piémonts de l’Atlas Tellien. Mais au-delà, elle met ces régions en relations avec la façade maritime et avec les ports fréquentés par les navires à la fois musulmans et chrétiens. L’essor du commerce italien et surtout catalan fait de ces ports des escales majeures pour les relations commerciales entre l’Europe et le Maghreb, favorisées par les sultans abdelwadides. Ces derniers attachent en effet une attention particulière aux douanes d’Oran et des autres ports de leurs domaines, qui constituent un apport fiscal majeur. Mais ces ports ont également un intérêt stratégique dans le cadre des luttes entre Tlemcen et ses voisins, en particulier hafsides. Bien que la flotte abdelwadide soit moins importante que celle des Mérinides ou des Hafsides, nécessitant l’apport coûteux d’une aide navale catalane, elle joue un rôle essentiel pour l’expansion militaire vers l’est et Bougie à la fin du XIIIe et au début du XIVe siècle. Elle est également nécessaire pour tenir les villes importantes du littoral, notamment Alger qui connaît à cette époque un essor majeur. Les Abdelwadides n’ont pas choisi, comme les Hafsides, de placer leur capitale dans un port, mais ils maintiennent des relations étroites avec leur façade maritime qui est vitale pour la survie de la dynastie, pour des raisons à la fois économiques, fiscales, militaires et politiques