Si le général Bugeaud était définitivement entré à Tlemcen le 31 janvier 1842 et avait soumis entièrement la ville, les attaques d'Abd el Kader, l'Emir des Croyants, ne man¬quèrent pas. L'insécurité régnait aux abords de la ville et la partie Nord, de la plaine jusqu'à la mer, était encore aux mains de l'ennemi.
Il fallait de nombreux soldats pour combattre, pour construire, pour faire vivre, par le ravitaillement, une population qui ne demandait qu'à collaborer, à travailler. L'Armée se trouvait à Tlemcen sous le commandement du responsable de la Subdivision qui venait d'être créée, dépendant lui-même du Commandant supérieur de la Province d'Oran. Ce responsable était un Maréchal de Camp, appellation pour l'époque, de général de brigade.
Pratiquement, tous les corps de troupes ou de services eurent des représentants dans la garnison : plusieurs régiments d'Infanterie (15e, 41e, 5e), des bataillons de Chasseurs d'Orléans (8e, 4e, l0e), un bataillon de Zouaves, futur 2e Régiment de Zouaves.
La cavalerie fut aussi présente : 2e Hussards, 2e Chasseurs d'Afrique, 2e Spahis, ce dernier créé par Ordonnance Royale le 12 août 1836. L'artillerie était en place avec des batteries des 14e et 9e Régiments. Enfin le Génie, l'Intendance et le Service de santé étaient bien nécessaires dans une ville où tout était à faire. L'hôpital militaire de Tlemcen sera mixte pendant de nombreuses années.
Si le Commandement de la Subdivision occupa le même hôtel de 1842 à 1962, on sera obligé de transformer des ensembles de maisons en casernes. Celle, dite de Mustapha, se trouvait à côté du Méchouar, à la hauteur du commencement de la Rue de Sidi ¬bel-Abbès. Le Quartier Mazouz était entre les Rues de Mascara et de la Mouilha. La cavalerie avait un bâtiment dans le Quartier du Beylick qu'elle céda au Train des Equipages lorsque fut créé le Quartier d'Isly, près de la Porte de Fez. Le Marché couvert a été construit sur cet emplacement. Les fantassins occupèrent la Caserne Ksar el Bali, ancien Palais des rois de Tlemcen, située entre la Grande Mosquée et la Rue des Ecoles.
Le général Bedeau installa dans le Méchouar, le Génie, l'Intendance et l'Artillerie, qui émigrera plus tard au Parc aux Meules, près de la Porte des Carrières et de la poudrière Safrané. Cette nouvelle caserne portera le nom du Général Bedeau.
De 1844 à 1852, Cavaignac et Mac-Mahon poursuivirent l'œuvre de ce dernier, non seulement en faveur du cantonne¬ment de l'Armée, mais aussi de la ville où surgirent, avenues, places et fontaines.
La Caserne de Gourmelah conservera le nom de ses anciens propriétaires. On installa aussi dans ce quartier, et tout à côté de l'Hôtel de la Subdivision, le Cercle Militaire, qui resta dans ses murs jusqu'en 1962.
La Subdivision, supprimée en 1936, sera rétablie après la guer¬re de 1939-40. Son commandant, tantôt un général, tantôt un colonel, exerça également son autorité de 1894 à 1910 sur la 2e Brigade de Cavalerie d'Algérie et après cette date, jusqu'en 1936, sur la 2e puis la 4e Brigade d'Infanterie.
Certains des chefs de ces régiments deviendront célèbres comme Cavaignac, Beaufort d'Hautpoul et plus près de nous le "Père de la Légion Etrangère", le général Rollet. L'un d'entre ¬eux, Mac-Mahon deviendra Gouverneur général de l'Algérie en 1864 et Président de la République en 1873.
Plusieurs régiments méritent de retenir notre attention, soit qu'ils aient combattu autour de Tlemcen, soit qu'ils y aient été en garnison pendant une longue période.
Le 2e Régiment de Chasseurs d'Afrique, créé en 1831, fut un des premiers à se trouver en garnison dans la ville. Ses combats de la Sikkak et d'Isly justifièrent, à eux seuls sa devise : En avant, tout est vôtre. Présent à Tlemcen en 1842, d'autres garnisons d'Algérie l'accueilleront de 1846 à 1854, de 1857 à 1882 et enfin de 1956 à 1962 où il sera cantonné à Sebdou. Il participera en 1944 au débarquement à Sainte¬Maxime, sur la côte varoise.
Le maréchal Randon, Gouverneur général de l'Algérie et plus tard Ministre de la guerre, le commanda. Les opérations de la conquête, son séjour dans la ville le firent apprécier des Tlemcéniens qui lui manifestèrent leur attachement en élevant à sa gloire le fameux monument à proximité du quartier d'Isly. La municipalité décida sa construction en 1910. Une souscription et des fêtes furent organisées et même Védrines, le célèbre aviateur, fit une démonstration aérienne au-dessus de l'hippodrome d'Aïn Kerchera, en 1913, au profit de sa construction. Le sculpteur Bouchard exécuta, en 1914 dans son atelier parisien, l'œuvre qui ne prit place à Tlemcen, et ne fut inaugurée, que le 5 juillet 1925. L'Amicale du régiment, dis¬sous en 1964, dépose chaque année une gerbe de fleurs au pied de ce monument, transféré au Quartier Maginot de Verdun; le jour de la fête de Saint-Georges. Fretisson est toujours droit !..
Le 3e Chasseurs d'Afrique fut également présent à Tlemcen. Créé en 1832, il avait pour devise Tant qu'il en restera un. Il s'illustra à Constantine et séjourna à Tlemcen, avec ses blin¬dés, après la Seconde Guerre mondiale jusqu'en 1948.
L'Infanterie fut longtemps représentée à Tlemcen par le 6e Régiment de Tirailleurs Algériens qui occupa la caseme du Méchouar et celle du Gourmelah. Arrivé en 1926, après avoir par¬ticipé à la guerre du Rif, il y resta jusqu'en 1944, date à laquelle il fut dissous. Créé en 1913, il ramena de la Première Guerre mon¬diale cette citation : "Il s'est acquis d'emblée la réputation des plus vieux régiments". Recréé en 1958, il fut dissous en 1962.
Le Quartier Bedeau abrita longtemps l'Artillerie. Le 66e Régiment arriva en 1929 et y resta jusqu'en 1940. Après son retour du Moyen-Orient où il avait été envoyé en 1939, il devint en 1941 le 68e R.A. et resta présent dans la région avec ses batteries à Boukanéfis et Palissy de 1957 à 1962. Il sera dis¬sous en 1964.
Quant au 2e Spahis, dont les cavaliers étaient vêtus de magni¬fiques burnous blanc et rouge, il fut en garnison à Tlemcen à partir du 1er janvier 1920. Il venait d'être reconstitué, car jadis, il s'était battu à Isly. En garnison à Sidi-bel-Abbès, puis parti¬cipant à des campagnes en Extrême-Orient, il fit la guerre de 1914, lutta dans le Rif contre Abd el Krim, avant de subir, en 1940, de lourdes pertes dans les Ardennes et sur la Meuse. Reformé à Tlemcen en 1943, il s'illustra sous les ordres du Général Lecoq "de Saint-Tropez au Tyrol". A nouveau présent en Algérie, où il fut recréé en 1958, il fit partie, avec le 23e Spahis, du Régiment de cavalerie du Sud oranais dans la 13e Division d'Infanterie. Il fut dissous en 1964.
DEMANDE DE VISITE
mohammed BOUNOUAR - retraite - BENI SAF, Algérie
24/07/2024 - 564440
Bonjour, mon arrière grand père ( Abdelkader ben Abdeslem né en 1883 à Gérryville) a été à l'origine de l'assassinat d'un soldat français au début du XX ième siècle et a déserté le corps des spahis de Tlémcen, auquel il appartenait, nous n'en savons rien d'autre. A-il été arrêté et exécuté ou déporté, s'est-il lui-même exilé. Je n'en connais que ce bribe d'histoire, rien d'autre. Ou a-t-il rejoint Bouamama alors au Maroc
Mazouzi Abdeslem - Retraité - Oran, Algérie
30/04/2012 - 31419
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Posté Le : 03/08/2010
Posté par : infoalgerie
Ecrit par : Louis Abadie
Source : Tlemcen au passé retrouvé, éditions Jacques Gandini