Tlemcen: Du Kef de Sidi-Medjahed à la vallée de Béni-Snous

Loin de la cohue du monde urbain, en arrivant à Kef, le visiteur sera subjugué de découvrir ce village amarré à ses falaises dans la localité de Sidi-Yahia. Blotti sur la rive droite de la Tafna et entouré de son beau milieu naturel, Kef invite au voyage dans le temps. Ce village berbère pittoresque à l'image des autres agglomérations de la région des Béni-Snous, intéressant par son habitat traditionnel assez conservé fait de matériaux locaux (pierres, terre et bois), abrite le passage de la grande conduite d'eau du barrage de Béni-Bahdel qui alimente les habitants et arrose la plaine fertile de Bouhlou, réputée pour ses fruits.Bien, qu'elle soit dépeuplée depuis la décennie noire, cette agglomération qui apporte au visiteur chaque fois de nouvelles sensations, des couleurs et des odeurs dans lesquels il se promène, est devenue une curiosité des randonneurs, qui y viennent pour trouver la quiétude et le calme à travers des sentiers et se balader le nez en l'air, pour sentir tout le poids des falaises, des végétations denses et des sources du canyon verdoyant, qui prend naissance sous la lumière du soleil à partir de la grande vallée des Béni-Snous. Chaque année, on fête l'Ennayer et on vient même d'assez loin pour célébrer ce rendez-vous dans cette contrée de Kef, dont les artères principales n'arrivent pas à contenir les nombreuses familles et groupes affluant par autocars et voitures.
Des commerçants occasionnels s'installent et vendent à la criée des souvenirs, des repas traditionnels et des fruits pendant que d'autres offrent leur service de photographie.
Passée cette occasion, le village se rendort et sombre dans sa tranquillité qui n'est perturbée que par les rares propriétaires de maisons qui entretiennent une parcelle de jardin ou une étable d'élevage de leur petit troupeau. Selon Brahim Chennoufi, ex-directeur du Musée de Tlemcen, le mot El Kef (El Kehf en arabe) désigne la grotte, « mais ce terme désigne aussi un escarpement rocheux. C'est plus plausible, si on considère, que ce qui caractérise le village d'El Kef, c'est la domination de ce village par un imposant rocher visible de loin le long de la route qui mène vers Sidi-Medjahed ». Existe-t-il des grottes préhistoriques à Kef ' Pour cet anthropologue, « on n'en connait pas à Kef. Il y en a sans aucun doute des grottes mais elles ne sont pas célèbres comme celles qui ont été habitées par les hommes. Le tunnel de près de 100 m existe et c'est une des curiosités locales, car il offre une vue imprenable de par sa hauteur sur un méandre verdoyant de la Tafna. Certes, l'eau et les sources existent. Sa mosquée est très ancienne aussi ». Et d'ajouter : « La plus connue dans la région c'est Ghar el H'mam de Tafessera dont la fouille a été entamée à l'initiative du centre de recherches national de recherches préhistoriques anthropologiques et historiques dont l'annexe est le centre des études andalouses de Tlemcen.
C'est la seule grotte préhistorique que nous avons fouillée en deux campagnes en 2018 et on prévoit la 3ème très prochainement. Cette station nous a livré des outils et des ossements d'animaux allant de l'ibéromaurusien relevant de l'épipaléolithique au néolithique, qui s'étend de 20.000 à 12.000 ans environ avant le présent.
La région n'est pas totalement explorée jusqu'ici et les rapports des chercheurs français durant la colonisation signalent des trouvailles çà et là. Les abris sous roche de la Mouillah, près de Maghnia, en sont le site type. Sur les berges de cette rive gauche de l'oued El Mouilah qui passe, plus précisément à Hammam Chigueur où fut découverte la culture archéologique préhistorique de l'ibéromaurusien, qui s'est développée sur l'actuel Maghreb, occupant une bande littorale allant du Nord de la Tunisie au Sud du Maroc.
Le visiteur peut remarquer une série d'abris sous une roche, baptisée alors le Mouillien du nom de cette station éponyme, qui fut fouillée par A. Barbin qui récolta plus de 2.000 pièces lithiques dont la pièce marquante est la lamelle à dos abattu ».