La nature rend des «services» à la ville. Les espaces verts jouent un rôle d'éponge en cas de fortes pluies, limitant les risques d'inondations, contrairement aux espaces bétonnés, imperméables, qui laissent ruisseler les pluies vers les vallées.
La végétation est aussi un moyen de réguler la température en ville et de lutter contre les îlots de chaleur.
Végétation, faune, sols et sous-sols, eau, climat, relief sont autant d'éléments qui font de la ville un ensemble de biotopes qui ne saurait se résumer au béton et au bitume.
Aujourd'hui, la ville de Tlemcen compte un nombre de jardins publics et d'espaces verts qui constituent des espaces naturels fréquentés par les habitants de la capitale des Zianides, mais aussi par les visiteurs algériens ou étrangers qui veulent marquer un temps de pause, de détente et de relaxation au milieu de la verdure. Mais, ces infrastructures aménagées à l'époque se sont dégradées et mal entretenues.
Les bonnes pratiques de gestion (gestion raisonnée, fauchage tardif, taille douce, paillage, broyage, limitation de l'utilisation de pesticides…) ne sont que rarement respectées.
En période estivale, l'arrosage de ces espaces verts publics est réduit au minimum.
Il suffit de faire un tour dans la ville pour constater l'état de délabrement des espaces verts. Des herbes folles et une broussaille poussant ça et là sur les bordures des sentiers et asphyxiant les arbustes, des allées pleines de poussière, des feuilles mortes et des détritus, des barrières croulantes, en fer rouillé, des poubelles et bancs publics défoncés.
En effet, les espaces verts et jardins de Tlemcen ne bénéficient pas d'un suivi rigoureux qui est à même de garantir leur pérennité.
A quelques encablures du centre-ville, le grand bassin (Sahridj M'bedda), qui contient la station principale du téléphérique de lalla Setti, se distingue par ses plantations et son gazon étendu sur plusieurs centaines de mètres carrés, manque cruellement d'entretien. Faute d'arrosage, sa pelouse est entièrement jaunie par le soleil.
L'entretien et la rénovation font toujours défaut. Dans le meilleur des cas, des agents sont mobilisés pour enlever les ordures et tailler les branches des arbres. L'irrigation du gazon se fait par l'eau potable, alors qu'il était plus judicieux de recourir à l'eau usée traitée. La chaussée de la route (du côté des services de la carte grise de la wilaya) qui entoure le grand bassin est dans un état lamentable. Cette route est empruntée par de nombreuses voitures chaque jour, ce qui gêne considérablement la quiétude des visiteurs et promeneurs qui fréquentent cet endroit pour passer d'agréables moments au milieu de la verdure ou pour prendre le téléphérique.
De nouvelles plantations seraient également bénéfiques pour améliorer le cadre environnemental.
Selon le président de l'association de la sauvegarde et la protection de l'environnement (ASPEWIT), M. Bouayed Morsli, la ville doit veiller à introduire, lors de chaque projet de réaménagement d'espaces verts, une plus large palette d'essences florales vivaces et des haies libres à fructification importante préférées des oiseaux, afin de favoriser la biodiversité.
«Par exemple, des jardins peuvent être réaménagés en lien avec le patrimoine environnant dans les sites historiques de Tlemcen et Mansourah. Pour la valorisation de la biodiversité en milieu urbain, il importe de progresser encore dans la gestion durable des espaces verts, notamment en n'utilisant plus de produits phytosanitaires. Il est également essentiel de développer de nouveaux espaces verts pour créer des corridors écologiques ou pour offrir aux habitants des jardins partagés, dans lesquels ils pourront mettre en commun leurs pratiques. L'enjeu consiste également à informer et sensibiliser les habitants sur l'infinie variété de ces richesses et, leur fragilité. Mais, il reste essentiel de créer des continuités écologiques entre les espaces verts, les parcs et jardins du centre-ville, les ceintures vertes périurbaines, et d'inscrire le tout dans les documents réglementaires d'urbanisme».
Dans le cadre d'une démarche rationnelle, M. Bouayed Morsli, recommande «d'opter pour des plantes qui s'adaptent bien au climat semi-aride et à l'esthétique urbaine. Par le passé, le choix des arbres s'est porté essentiellement sur les palmiers. Or, le marché compte de nombreuses variétés florissantes au printemps et résistant aux effets de la chaleur. D'ailleurs, plusieurs palmiers – pourtant connu pour leur capacité de résister à la chaleur - n'ont pas pu se développer toujours, faute d'entretien».
L'un des visiteurs rencontré au grand bassin, propose «d'ouvrir le grand bassin aux vendeurs de roses ambulants pour créer une certaine ambiance, et permettre une meilleure fréquentation des gens».
Un espace vert bien entretenu peut être une vraie source de bonheur, de relaxation, de bien-être.
À l'heure de la ville durable, composer avec la nature en ville partout et pour tous, devient une ardente nécessité et passe par une meilleure gestion des espaces verts et jardins, qui composent l'espace public urbain.
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Posté Le : 05/08/2012
Posté par : akarENVIRONNEMENT
Ecrit par : Khaled Boumediene
Source : Le Quotidien d'Oran du dimanche 5 août 2012