Tlemcen - Covid-19 : les soignants sous pression

Le conseil scientifique de l'hôpital «Dr. Tidjani Damerdji» de Tlemcen a préconisé mercredi dernier d'élargir la prise en charge des patients Covid-19 au niveau de chaque établissement public hospitalier (EPH), afin de soulager la pression exercée sur le bloc 470 des patients Covid-19 de cet hôpital, qui n'arrive pas à contenir l'afflux quotidien des malades.Selon nos informations, une centaine de patients Covid-19 sont aujourd'hui hospitalisés au niveau du bloc 470, alors que ce dernier ne dispose que de 90 lits dont seulement 45 sont dotés d'oxygène. Le conseil scientifique (composé de 45 membres) veut surtout mobiliser les personnels médicaux et paramédicaux des EPH des daïras de Ghazaouet, Sebdou, Remchi et Maghnia dans la lutte acharnée menée par les médecins spécialistes référents et résidents en maladies infectieuses, pneumologie et médecine interne du CHU de Tlemcen qui sont engagés corps et âme sur «la ligne de front».
Les EPH de Ghazaouet et Sebdou de 10 lits chacun qui sont dotés de moyens d'hospitalisation sont déjà disponibles pour prêter main-forte et accueillir des malades Covid-19. Il est à rappeler qu'une trentaine de médecins de garde et agents paramédicaux ont été atteints par le virus au CHU depuis l'apparition de cette pandémie. Hier, c'est le service d'hématologie qui a été fermé pour subir une opération de désinfection après l'enregistrement de trois nouveaux cas suspects de Covid-19 (un assistant et deux médecins). Cette situation complique encore la tâche des malades des services d'hématologie et de neurologie qui reçoivent plus de vingt malades par jour.
Par ailleurs, face à l'évolution complexe du Covid-19 qui fait rage et la situation critique enregistrée ces derniers temps, la direction générale du CHU a décidé de rouvrir une unité réa-Covid d'une capacité de 12 lits (extensible à 20 lits) au service de chirurgie « A », a affirmé un professeur en médecine de ce service qui fait également savoir que les kits de prélèvement sont actuellement disponibles. Ainsi, le personnel des deux services de chirurgie « A » et « B » ont été transférés vers le service de médecine interne. Le conseil scientifique a aussi déploré l'insécurité régnant au niveau de plusieurs services du CHU. «La violence dans les services de cet hôpital est devenue monnaie courante. Il ne se passe pas une journée sans qu'un cas d'agression verbale ou physique ne soit déploré. Les médecins référents, les médecins de garde et les paramédicaux exigent plus de sécurité pour pouvoir prodiguer des soins », a indiqué un professeur en médecine de ce CHU. Ces personnels n'oublieront pas leur collègue médecin spécialiste du service de pneumologie qui a reçu mardi dernier des coups violents portés par les proches d'un malade au bloc 470 des patients Covid-19. Une plainte a été déposée au niveau de la 4e sûreté urbaine.
Il y a lieu de noter qu'un rapport détaillé sur la situation catastrophique de prise en charge des patients Covid-19 au niveau du bloc 470 du CHU et sur les agressions physiques et verbales commises contre les équipes de garde a été transmis au ministère de la Santé et de la Réforme hospitalière par les médecins spécialistes et résidents des services de maladies infectieuses, pneumologie et médecine interne. Dénonçant la stratégie menée depuis le début de la crise du coronavirus, ces personnels engagés sur « la ligne de front » signalent «les dérapages importants enregistrés au niveau du bloc 470 dédié à la prise en charge des patients Covid-19 qui entravent notre travail et nous mettent quotidiennement en danger ». Les signataires de ce rapport dénoncent l'absence de sécurité à l'entrée et à l'intérieur du bloc 470, la saturation des malades enregistrée dans ce bloc, l'absence de source d'oxygène, la non implication des EPH de la wilaya dans la prise en charge et l'hospitalisation des patients Covid-19, le manque de matériels de protection, le manque de moyens matériels (oxymètres fonctionnels, thermomètres fonctionnels, sphygmomanomètres, scopes et de chariots d'urgence).