Tlemcen Boutbici Abdelkrim nous a quittés

Jeudi dernier, Boutbici Abdelkrim, âgé de 69 ans et ancien Fidaï des années de braise, a rendu l'âme dans les urgences du CHU de Tlemcen et inhumé après la prière du Dohr dans le cimetière Sidi Senoussi. Abdelkrim est l'un des valeureux fidaïyine du quartier El-Mdress qui ont fait trembler de peur l'armée française et son armada en lançant quotidiennement des grenades dans les bars, les jeeps qui sillonnaient la vieille ville malgré les barbelés qui barraient tous les passages douteux de la vieille médina. Arrêté en 1957, il purgea sa condamnation dans les prisons de Tlemcen, Oran, puis le camp militaire de St Leu. Tous ses camarades de Fida, puis en prison, avaient apprécié ses qualités de modestie, de modérateur dans les conflits entre prisonniers et surtout sa bravoure comme lanceur de grenade à l'âge de 18 ans avec ses copains tels que feu Bekkaye Mohamed, feu Bachir Benyellès, Bahlouli Mohamed (chef de groupe non-voyant) que Dieu prolonge sa vie, feu Mimi, feu Mahdad Abdelghani (chahid), Tahar le plus jeune du groupe de Fida recruté par le réseau à l'âge de 16 ans, sans oublier le grand Tahar «le cordonnier» vivant actuellement à El-Malah. Le défunt Abdelkrim Boutbici a été fonctionnaire des impôts après l'indépendance jusqu'à sa mise à la retraite. Tous ses collègues de travail de la direction des Impôts rue Belhadj Boucif lui vouaient le respect à un ancien moudjahid qui n'a jamais parlé de son passé glorieux sauf une fois à la sortie de la mosquée lorsqu'il m'a confié que sa véritable école c'est dans le camp de concentration de St Leu où il a eu pour chouyoukh de grands professeurs tels que feu Baba Ahmed Mohamed ancien directeur de Dar El-Hadit et d'autres «cerveaux» qui lui ont appris l'humilité, la discrétion, le savoir être et le savoir-faire. Dors en paix Abdelkrim Boutbici tes enfants suivront ton parcours de combattant qui a sacrifié sa jeunesse dans les geôles du colonialisme.