« Mon but, ce
n'est pas de donner un cours, mais l'envie de faire connaître ce personnage
multiple chez les enfants, les jeunes…Moi, je découvre, j'apprends, je
communique… Moi-même, tout ce que je savais sur Ibn Khaldoun, c'est qu'il était
le précurseur de la
sociologie. Concernant Sidi Boumediène, je pensais que
c'était un simple marabout, jusqu'au moment où j'ai assisté au tournage du film
sur sa vie». avouera Chergui Kharroubi, cinéaste algérien installé actuellement
à Bruxelles, lors du débat qui suivra la projection en avant-première
de son film documentaire «Ibn Khaldoun» dans la soirée de mercredi
dernier à la maison de
la culture
Abdelkader Alloula.
Ce film de 70 mn
est produit par Yacine Lalaouit (Laïth Médias) dans le cadre de la manifestation de 2011.
Le scénario est cosigné par Chergui Kharroubi et Helène Victor (sa femme, ndlr).
Le tournage a pris une année et demie, selon le réalisateur. Au casting, les
deux frères Oussama et Akram Djeghim, âgés respectivement de 16 et 25 ans, ainsi
que l'acteur Dahmane Aidrous, incarnent tour à tour les diverses tranches de
vie de cet illustre homme de science et historien, depuis son enfance jusqu'à
sa vieillesse et sa mort, en passant par son adolescence et sa jeunesse. Quant
à la femme d'Ibn
Khaldoun, son personnage est incarné par l'actrice montante native de
Constantine, Mouni Boualem. En voix off, le duo Abdenour Chellouche (Ibn
Khaldoun) et Hadjila Khelladi (narratrice).
Le film
documentaire est ponctué par des interviews, des commentaires et des
témoignages apportés par un panel d'historiens, d'anthropologues, de
politologues et de sociologues, à l'exemple de Mohammed Negadi, Ghaouti
Bensenouci, Abdelhamid Hadjiat, Malek Chebel, Réda Malek, Ives Locoste, Xavier
Ballestin Navarro…
«Si on fait
l'impasse sur Ibn Khaldoun, on fait l'impasse sur notre identité», soulignera
Malek Chebel. Quant à Réda Malek, il ne manquera pas d'évoquer l'ubuesque
épisode du «laser du FIS» qui aurait fait retourner Ibn Khaldoun dans sa tombe.
«S'il venait à ressusciter, «nadab hnakou» (il se lacèrerait les joues) devant
cette décadence». Mohammed Negadi comparera la «açabiya» au lobby (groupes de
pression), avant de lever une équivoque paronymique par rapport à la prétendue position
darwiniste d'Ibn Khaldoun. «Il s'agit d'une erreur commise par Vincent Monteuil
qui a confondu qoudra (capacité) avec qirada (singes)», précisera-t-il. Indiquons
au passage qu'Yves Locoste, qui parle du makhzen de l'époque, est l'auteur d'un
livre sur Ibn Khaldoun intitulé «Ibn Khaldoun, naissance de l'histoire passée
du tiers-monde» (2009).
Rappelons dans ce
contexte que c'est à l'initiative de Mohammed Baghli, chercheur en legs
universel, que se tenait au sein de la médersa Khaldouniya
d'El-Eubbad (où enseigna Ibn Khaldoun) , actuellement musée des manuscrits
islamiques, noyau de ce qui est aujourd'hui le campus universitaire, tous les 17
juillet (à partir de 2001 et jusqu'en 2003), une réunion académique, dite de
restitution d'un cours à la
double mémoire d'Ibn Khaldoun et du regretté Dr Abdelmadjid
Meziane (titulaire d'un doctorat sur le célèbre auteur des Prolégomènes) Avec
comme prélude des statues, des billets de banque et des timbres postes à
l'effigie d'Ibn Khaldoun, le film débute (et se termine) par une séquence sur la mort du personnage avant
un flash-back remontant le temps jusqu'à sa naissance et racontant sa vie (Tunis,
Bejaïa, Gharnata, Fès, Frenda, Le Caire, Damas avec Tamerlan…), ses Å“uvres, ses
principes, ses positions et sa vie sociale. Le tournage s'est déroulé en grande
partie à Constantine (palais du Bey) ainsi qu'à Frenda (grottes), Bejaïa (El-Qaçaba),
Biskra (El-Kantara), Alger (la
Casbah), Tlemcen (mosquée de Sidi Boumediène, médersa El-Khaldouniya)
), outre Gharnata (Espagne).
«Je reconnais les
erreurs, mais la question
est : fallait-il ou non faire ce film ?», se justifiera
Chergui Kherroubi quant au décalage chronologique (âge de Ibn Khaldoun), défaut
de matérialisation sur la carte
(itinéraire maritime) et autres anachronismes (décor ottoman à Gharnata, dont la cour est «abritée» par le
palais du Bey de Constantine).
Il convient de
souligner qu'à l'occasion du 6e centenaire de la mort d'Ibn Khaldoun (mars 2007),
la Tunisie, sa
terre natale, a célébré sa mémoire avec la réalisation d'un
film documentaire réalisé par Lahbib Meslimani. Le Maroc a lui aussi rendu
hommage à cet illustre personnage à travers la série télévisée
docu-fiction(2008) : «Ibn Khaldoun ou Le Désir de
sens» de Ahmed El-Maânouni. Comme repères toponymiques et patronymiques à
Tlemcen, outre la
médersa El-Khaldouniya, citons la rue Kaldoun, le CEM
Ibn Khaldoun en face duquel se trouve une librairie éponyme, la maison d'édition Ibn
Khaldoun, la famille
Khaldoun… Ibn Khaldoun a eu un frère, Yahya Ibn Khaldoun, qui
vécut sous le règne du souverain zianide de Tlemcen Abou Hammou Moussa II. Il
rédigea un ouvrage qui décrit la
dynastie de ce dernier.
Ibn Khaldoun, de
son nom complet Abou Zeid Abd ur-Rahman bin Mohamad bin Khaldoun al-Hadrami (issu
d'une famille noble originaire du Yémen, avant d'émigrer à Séville, Ceuta puis
Tunis), vit le jour à Tunis le 27 mai 1332. Il mourut au Caire le mercredi 19
mars 1406. Il est l'auteur de la célèbre Muqaddima, du Kitab el-Ibar, entre
autres…
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Posté Le : 25/02/2012
Posté par : sofiane
Ecrit par : Allal Bekkaï
Source : www.lequotidien-oran.com