Le royaume sufrite de Tlemcen2,3,4 ou l'émirat sufrite de Tlemcen1 est un État kharidjite5,3 fondé par les tribus berbères des Ifrenides dans le Maghreb central au viiie siècle6, dont la capitale était Tlemcen en Algérie6.
Histoire
Après la conquête musulmane du Maghreb, les Berbères se révoltent (en) contre le régime omeyyade. Ces révoltes s'associent au milieu du viiie siècle au dogme kharidjite qui les séduit par son puritanisme et son message égalitaire et gagnent une bonne partie du Maghreb7. Ainsi, les premiers États musulmans en Afrique du Nord étaient kharidjites8. Dans le Maghreb central, les Rostémides fondent un royaume dont Tahert était la capitale, vers la même époque, Abou Qurra chef de la puissante tribu des Ifren, créa aux environs de Agadir (ancien nom de Tlemcen), un royaume sufrite, dont Charles-André Julien mentionne : « La vie intérieure nous échappe, mais dont le rôle militaire fut considérable »2.
Lors de la révolte de la tribu zénète des Ifrenides, ils proclament calife leur chef Abou Qurra, qui s’installe à Tlemcen9, la création de cette cité est attribuée aux Ifrinides, mais le site a été déjà occupé par la ville romaine de Pomaria6. En 767, uni aux kharidjites de Tahert et du djebel Nefoussa, Abou Qurra lance une expédition vers l’est, ils cernent le gouverneur abbasside dans la forteresse de Tobna dans les Aurès et gagnent Kairouan9. De retour à Tlemcen, il s’alliait aux Maghraouides et doit se confronter aux visés expansionnistes des Idrissides9. Cependant, le calife envoie de l’Orient une forte armée sous le nouveau gouverneur Yazid ibn Hatim qui défiaient les kharidjites en Ifriqiya, mais le reste du Maghreb échappent à l’autorité de Bagdad2.
Le royaume ne dure pas longtemps, conformément aux règles strictes du sufrite, Abou Qurra ne pouvait pas laisser ses descendants fonder une dynastie10. Il accueille à bras ouvert Idris Ier, dont il reconnait le royaume et rompe ainsi avec les Rostémides5. Idris Ier négocie avec les Maghrawas la remise de la ville de Tlemcen, puis l’un de ses descendants Muhammed b.Sulayman, crée dans la région le « royaume sulaymanid », un État qui semble contrôler que les villes et qui prend fin sous les Fatimides en 93111. Tlemcen devient une cité distinguée, en rapport croissant avec la culture arabe d’Al-Andalous, mais dans la campagne, des Ifrenides conservent leur hétérodoxie, en 955, leur chef Yala Ibn Mohamed se révolte contre les Fatimides11.
Références
1- a, b et c Le monde musulman: des origines au Xe siècle [archive], Philippe Sénac, Armand Colin, 2011 - 240 pages. p177.
2- a, b et c Charles-André Julien, Histoire de l’Afrique du Nord : Des origines à 1830, Paris, Édition Payot, 1994, 865 p. (ISBN 9782228887892), p. 365, 366
3- a et b Histoire, mémoire et sociétés:L'exemple de N'goussa : oasis berbérophone du Sahara (Ouargala) [archive], Alain Romey, Université de Tunis, 1982 - 648 pages, p26.
4- Chems Eddine Chitour, Algérie : le passé revisité, Casbah Editions, 2004, 318 p. (ISBN 9789961644966), p. 51
5- a et b L'utopie de l'islam: La religion contre l'État [archive], Leïla Babès, Armand Colin, 2011 - 360 pages, p122.
6- a, b et c C. Agabi, « Ifren (Beni) », dans l'Encyclopédie berbère, vol.24 (Edisud 2001), p.3657-3659 (lire en ligne) [archive]
7- Meynier 2010, p. 25.
8- L'utopie de l'islam: La religion contre l'État...op cité, page119.
9- a, b et c Meynier 2010, p. 27.
10 Dirasat fi tarij Ifriqiyya wa-fi al-hadara al-islamiyya fi al-'asr al-wasit [archive], Mohamed Talbi, Université de Tunis, 1982 - 648 pages, p58.
11- a et b Meynier 2010, p. 28.
Bibliographie
Gilbert Meynier, L’Algérie, cœur du Maghreb classique : De l’ouverture islamo-arabe au repli (698-1518), Paris, La Découverte, 2010, 358 p. (ISBN 9782707152312)
Posté Le : 27/05/2017
Posté par : tlemcen2011
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