Tizi-Ouzou : plaidoyer pour la sauvegarde du village et de l'habitat kabyles anciens

OUZOU - Le coup d'envoi jeudi de la célébration du mois du patrimoine dans la wilaya de Tizi-Ouzou a été l'occasion pour des universitaires de plaider pour la sauvegarde des maisons et villages kabyles anciens.
Durant cette journée scientifique placée sous le thème : "bâti vernaculaire, permanence des formes et structures spéciales et sociales", abritée par la maison de la culture Mouloud Mammeri, Boussad Aiche, Dr. en architecture et enseignant à l'université de Tizi-Ouzou, s'est inquiété du devenir de l'espace villageois "menacé par la modernité".
"L'espace montagnard kabyle est très dynamique du fait qu'il est habité et évolue en fonction des besoins des villageois, mutations qui se traduisent notamment par l'apparition de nouvelles maisons dites modernes, au détriment des maisons traditionnelles qui sont démolies ou délaissées", a-t-il souligné.
Il a relevé, à cet effet, que l'architecture de la maison traditionnelle n'a été préservée que dans des villages qui ont été abandonnés par ses habitants qui se sont installé ailleurs, à l'instar du village d'Ath Lkaid, dans la commune d'Agouni Gueghrane.
Pour cette universitaire, "il serait peut être judicieux de réfléchir à de nouveaux instruments d'urbanisme qui permettront de préserver ce patrimoine".
Partageant cette appréciation, à savoir la nécessité de préserver l'espace villageois montagnard et son aspect architectural, Dahmani Mohamed, chercheur et enseignant en économie, a plaidé pour l'introduction d'un "préalable" dans le dispositif d'aide à l'habitat rural, demandant au bénéficiaire de ce programme de logement de préserver la maison traditionnelle familiale.
"Il est urgent de remédier au déclin définitif de cet habitat traditionnel qui a résisté au temps et à la colonisation, et qui a permis aux populations d'organiser la résistance contre l'armée coloniale", a-t-il ajouté.
La préservation de ces habitations "ne doit pas être perçue comme un retour en arrière", mais plutôt comme une "réappropriation de son identité, afin d'en finir avec la minorisation des valeurs qui font l'essentiel de nous-mêmes", ont estimé des conférenciers.