Algérie

Tizi Ouzou On boude les jardins publics



Publié le 08.08.2024 dans le Quotidien l’Expression

Par ces journées caniculaires, ces espaces devaient objectivement afficher complet…
Il fait pourtant très chaud ces jours-ci. Mais force est de constater que les jardins publics des villes de la wilaya de Tizi Ouzou n'attirent pas grand monde. Dans la ville des Genêts, chef-lieu de wilaya, Tigzirt comme Draâ Ben Khedda, les jardins ne représentent pas ou plus des lieux idéaux pour savourer plus de fraîcheur. Les personnes interrogées pointent plusieurs inconvénients ayant orienté leurs décisions de ne pas choisir les jardins publics comme destination de repos. Des raisons liées, notamment à des facteurs de gestion de ces espaces et également des facteurs culturels.
En effet, par ces journées caniculaires, les jardins publics devaient objectivement afficher complet durant tout le long de la journée. Mais sur les lieux, on constate rapidement que ce n'est pas du tout le cas. Les seules personnes présentes sont des habitués, généralement des retraités jouant au domino. «Je prends place ici depuis que je suis parti en retraite dans les années 90. Mais je vous assure que les gens ont toujours été rares à venir s'asseoir ici. C'est un lieu pour les vieux qui ne peuvent pas aller en campagne», affirme un vieil homme dans un jardin de la ville de Draâ Ben Khedda.
Si, dans l'ex-Mirabeau, les jardins sont «une affaire de vieilles personnes», à Tizi Ouzou, c'est une toute autre histoire qui est racontée. Dans la capitale du Djurdjura, les jardins publics étaient «resplendissants» dans les années 60 et 70. Ces lieux ont connu des chantiers de restaurations, ces dernières années, mais tous les budgets mobilisés n'ont pas réussi à redorer l'image de ces lieux emblématiques. «Je me souviens de l'image de cette place dans les années 60. Je revois encore ces bancs et ces gens en costume qui prennent place tranquillement et sans faire de bruit. Quand je me remémore ces années, j'ai les larmes aux yeux», témoigne un vieux interrogé au niveau du jardin du centre-ville de Tizi Ouzou.
«D'ailleurs, vous devez avoir remarqué que ce jardin a récemment été relooké. Des milliards ont été dépensés par les pouvoirs publics pour lui donner un visage flamboyant. Mais vous voyez que personne ne vient ici pour passer du bon temps. La majeure partie du temps, ces lieux sont fermés et vacants», ajoute un autre vieux attablé à la terrasse d'une cafétéria située en face. La situation n'est pas plus rassurante au sujet des autres jardins. À Tigzirt, ville littorale, les jardins ne sont pas très fréquentés. «Les gens qui s'assoient ici viennent généralement de la plage. Ils s'arrêtent pour se reposer un peu avant de poursuivre leur marche», explique un buraliste sur place. «Il y a plus de gens dans la cour de la mosquée d'en face», fait remarquer un autre jeune qui vient avec un journal à la main. Scène d'ailleurs rare, ces dernières années.
En fait, après ce constat, il a bien fallu se poser la question des causes. Les personnes interrogées sont partagées sur les raisons de la désertion des jardins publics. Pour certains, ces lieux ne sont pas entretenus par les communes. «Comment tu peux t'asseoir dans un lieu pareil. C'est plein d'ordures. Même les chiens n'en voudraient pas», tonne un jeune rencontré sur la plus grande place de la ville de Draâ Ben Khedda. Appelé communément «Rue des Champs-Élysées» ce grand boulevard qui traverse l'ex-Mirabeau de bout en bout attire encore beaucoup de familles. Mais il est dans un abandon total. Pour d'autres personnes, même si ces lieux sont quotidiennement entretenus par les communes, les gens ne viendraient pas parce que le jardin public, dans les yeux de la population, a une image négative. «Il n'y a pas longtemps, entrer dans un jardin public représentait un grand danger. Les délinquants et les voleurs ont fini par chasser tout le monde de ces lieux à cause des agressions et des vols», explique un autre jeune à Tizi Ouzou.

Kamel BOUDJADI



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