Algérie

Tizi Ouzou : le secteur du tourisme toujours paralysé



Les cinq plus importants hôtels publics ont été fermés tous à la fois, depuis plus de trois ans, pour réhabilitation, mais dont les travaux sont quasiment toujours au point mort.Au moment où le tourisme ne cesse de s'industrialiser sous d'autres cieux, à Tizi Ouzou, que les autorités aiment à qualifier de "région à vocation touristique par excellence", on en fait toujours une affaire d'artisanat, lorsque tout n'est pas simplement mis en ?uvre pour que ce secteur, qui aurait pu constituer un levier central de l'économie locale, soit maintenu sous perfusion, sinon dans une situation de paralysie.
Ce constat a été largement confirmé par les différentes situations présentées par les responsables concernés par le développement de ce secteur, lors de la dernière session extraordinaire, les 26 et 27 février, consacrée par l'APW à la question du développement dans la wilaya.
En effet, à l'occasion de cette session, le directeur du tourisme dans la wilaya est encore une fois venu discourir à n'en plus finir sur les fameuses zones d'expansion et sites touristiques, ZEST, classées par décret exécutif depuis 1988 mais qui n'ont toujours pas vu le jour plus de 30 ans après.
Présentées comme la clé du développement du tourisme balnéaire et de montagne dans cette wilaya, les huit ZEST qui ne cessent de se réduire comme une peau de chagrin, en passant des 1 973 ha décrétés à seulement 254, 32 ha de superficie réellement aménageable, continuent encore aujourd'hui à patauger dans un profond marécage technico-administratif qui fait que leur exploitation n'est pas pour demain la veille.
Entre les terrains nécessitant le déclassement, ceux qui ne sont pas favorables à l'investissement, d'autres nécessitant de gros aménagements et ceux encore déjà touchés par des extensions de centres urbains et villages, certaines de ces zones sont carrément en phase de déclassement partiel ou total, comme c'est le cas de celles de Sidi Khelifa, de Blerouna, de Feraoun et de Tassalast.
En tout cas, selon le directeur du tourisme, "aucune attribution n'a été faite dans ces zones" et ce, au moment où des dizaines d'opérateurs privés n'attendent que des assiettes foncières pour lancer leurs investissements. À vrai dire, à Tizi Ouzou l'on ne se contente pas de bloquer le développement touristique, mais on ferme même le peu d'infrastructures déjà existantes.
C'est le cas des cinq plus importants hôtels publics fermés tous à la fois, depuis plus de trois ans, pour réhabilitation, mais dont les travaux sont quasiment toujours au point mort. Selon le premier responsable du secteur, "l'hôtel El-Arz de Tala Guilef n'est qu'à 45% d'avancement, les travaux de l'hôtel Tamgout de Yakourène sont toujours à l'arrêt, et l'hôtel le Belloua ne sera prêt éventuellement que vers la fin de l'année".
Seul le Bracelet d'argent d'Ath Yenni pourrait rouvrir ses portes ce mois d'avril, a-t-il laissé entendre. À Tizi Ouzou, même les cinq forêts récréatives inscrites en réalisation, tambour battant, depuis 2013 sont devenues une véritable arlésienne. Selon les explications fournies par le conservateur des forêts à l'occasion de la session de l'APW, "seul le premier site de la forêt de Harouza est entre 45 et 50% de sa préparation".
"Le dossier de la forêt récréative de Yakourène est en instance de levée des réserves et celui de la forêt d'Aït Aggouacha est transmis à la direction générale des forêts pour approbation", a-t-il déclaré. Les deux autres sites retenus à Azazga ne sont guère dans une meilleure situation.
Parmi les projets qui ont fait couler beaucoup d'encre, figure également l'aménagement des berges du barrage Taksebt dont plusieurs variantes ont été déjà présentées en 2015, puis en 2017, puis encore en 2018, mais qui semble être, aujourd'hui, un projet enterré dans les tiroirs de l'administration.
Preuve en est, la question posée par la présidente de la commission tourisme de l'APW quant au devenir de ce projet est restée sans réponse. En attendant, ce site, qui devait abriter des zones de repos, un village touristique et d'autres activités récréatives pour, ainsi, offrir un cadre de loisir aux amoureux de la nature, continue de servir de décharge publique.
Ainsi, au lieu de poser les jalons d'une véritable industrie touristique dans cette région au potentiel indiscutable, les autorités se contentent de calculer, à chaque fin de saison estivale, le nombre d'estivants qui se sont baignés dans ses plages, sans forcément être économiquement rentables.

Samir LESLOUS


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