Publié le 06.10.2024 dans le Quotidien l’Expression
Beaucoup de familles possédant une parcelle de terre dans le village se remettent à la cultiver.
Allier l'utile à l'agréable.
C'est le mois d'octobre, les pluies automnales ont été clémentes et surtout bénéfiques pour les activités agricoles de petite dimension qui commencent à travers les villages. C'est en effet à partir du mois d'octobre que les ménages soucieux de préserver leurs bourses débutent les semailles dans leurs jardins potagers. Divers produits agricoles sont semés. On retrouve de la betterave, des pommes de terre et la liste est longue. Dans les villages, surtout les week-ends, les champs grouillaient de monde. Beaucoup de familles ont repris ces activités après une absence qui a duré plusieurs décennies.
Aussi, pour percer le mystère de ce retour aux potagers et connaître les difficultés rencontrées, nous avons fait une virée dans certains villages où les habitants ont voulu répondre à nos questions. Ils s'y sont d'ailleurs mis à la conversation avec plaisir. «C'est bien que l'on s'intéresse aux activités champêtres et aux potagers. Cela va attirer d'autres familles pour travailler la terre. C'est bon pour la santé et c'est aussi bon pour la tirelire», affirme un vieil homme rencontré à Tarihant, grand village de la commune de Boudjima.
Du côté du littoral, c'est carrément la surprise. Un habitant de la périphérie de la ville de Tigzirt nous a fait goûter des fèves vertes et bio en plein mois d'octobre. Dans son jardin potager, Mourad cultive toutes sortes de fruits et légumes. «Comme vous voyez, j'ai encore des piments et de la tomate malgré les premières pluies. Mon jardin potager n'est pas couvert et quand ce n'est pas couvert, ces fruits, surtout la tomate, tombent aux premières pluies. Mais, là, il y a encore de la tomate, des piments, des haricots verts et même des variétés locales», affirme-t-il en nous invitant à le suivre pour voir les fèves vertes qu'ils continuent de manger même après une saison estivale «très sévère» comme il aime à la qualifier. En fait, le jardin potager s'impose de lui-même. Beaucoup de familles possédant une parcelle de terre dans le village se remettent à la cultiver. Dans une petite bourgade de Tizi Rached, un homme nous montre son jardin qu'il affectionne depuis plusieurs années. Aâmi Rachid est retraité mais il continue de travailler sa terre et surtout de faire des élevages. «Je cultive toutes sortes de fruits pour d'abord manger propre et après préserver ma bourse. Quand la saison est bonne, je fais même des ventes surtout en ce qui concerne mes élevages», explique-t-il en nous montrant ses batteries de lapins. «J'élève du lapin. C'est l'une des meilleures viandes. Sans cholestérol, la viande de lapin est l'une des plus délicieuses», dit-il fièrement.
Dans certains villages, les activités dans les potagers sont denses mais les villageois se plaignent de la rareté de l'eau. «Après une saison estivale avare en eau, mes cultures, comme vous le voyez, ont disparu. Il n'y a pas un mois, j'avais encore des piments, de la tomate et même des haricots», se plaint un habitant d'un village de Tadmaït qui a un puits tari depuis un mois. «Maintenant, je reprends doucement avec des pommes de terre. Après ce sera les fèves mais, je crains que les pluies ne soient pas au rendez-vous», ajoute-t-il.
En effet, le manque d'eau est le cauchemar des villageois qui travaillent leurs terres. «Moi, j'habite dans un endroit humide où coule une rivière jusqu'à présent. Je ne manque jamais d'eau bien que durant ces mois de septembre et octobre, je dois faire attention parce que la source n'est pas aussi fournie. Mais, j'arrive quand même à cultiver toutes sortes de fruits de la saison estivale. J'arrive aussi à vendre le vendredi au marché», affirme un citoyen du village Taouinine dans la commune d'Ouaguenoun.
Enfin, il faut aussi faire remarquer que ces dernières années, le retour des villageois devenus citadins pour des raisons diverses. Beaucoup d'entre eux affirmaient que la vie chère les a fait penser à leurs terres abandonnées dans les villages. «Moi, j'habite à Alger depuis plus de trente ans. Mais, depuis la crise du Covid- 19, j'ai repris le chemin de mes champs. Je me sens très bien en venant ici les week-ends. Je cultive de nombreux fruits et légumes. Ceux qui ne nécessitent bien sûr pas une présence quotidienne comme les fèves, la pomme de terre et les oignons. Pour vous dire, même ma santé s'est améliorée», affirme Sid Ali qui travaille dans un bureau d'études dans la capitale mais qui a redécouvert la sensation de toucher la terre et qui veut finir ses jours dans le village sur la terre de ses ancêtres.
Kamel BOUDJADI
Posté Le : 06/10/2024
Posté par : rachids