Faute d'autorisations d'importation des kits CKD et de crédits d'investissement, l'Eniem fait face à un sérieux risque de faillite.Après le P-DG de l'Eniem, Djilali Mouazer, qui a tiré la sonnette d'alarme quant à l'avenir de cette entreprise publique, voilà que son partenaire social, par la voix de ses représentants syndicaux, monte au créneau pour expliquer qu'à présent, même le déblocage des autorisations d'importation des kits CKD par le ministère ne suffira pas à sauver l'entreprise de la faillite. "Faute d'un accord de la BEA sur le rééchelonnement de la dette de l'Eniem, un plan social sera inévitable dans les mois à venir", nous a déclaré un des membres du conseil syndical de l'entreprise qui se sont présentés à notre bureau pour, justement, tirer, encore une fois, la sonnette d'alarme quant à la faillite qui menace ce fleuron de l'économie nationale.
"Aujourd'hui, l'Eniem est dans une situation telle que même si la licence d'importation des collections CKD venait à être débloquée par le ministère de l'Industrie et des Mines, l'entreprise ne pourrait pas tenir plus de deux ou trois mois. Si rien n'est fait, l'entreprise risque de fermer d'ici à octobre", a expliqué notre interlocuteur, précisant que les matières restées en instance de déblocage dans le dépôt sous douane de l'Eniem permettront la fabrication de 23 000 appareils, soit l'équivalent de 2 à 3 mois de fonctionnement pour cette entreprise qui nécessite plus que jamais un "accompagnement bancaire". "Depuis janvier dernier, la banque, à savoir la BEA, refuse d'accompagner l'Eniem à cause de ses dettes. Des dettes dont l'entreprise a demandé un rééchelonnement, mais sans succès jusque-là, malgré de nombreuses promesses", explique un des représentants syndicaux. À Tizi Ouzou, la question qui revient comme une litanie est celle de savoir comment cette entreprise publique, qui a bénéficié en 2012 d'un plan d'assainissement et de mise à niveau, se retrouve aujourd'hui dans une telle situation. Si son P-DG, Djilali Mouazer, estime que parallèlement à ce plan d'assainissement "ce qui est inscrit dans le plan de développement de l'entreprise n'est pas consistant", et qu'il n'y a donc pas eu de projets neufs, mais juste la réparation d'un matériel vétuste qui n'a pas permis de remettre à neuf tout le process pour envisager plus d'intégration, les représentants syndicaux évoquent, quant à eux, plusieurs autres facteurs aggravants. "En 2014, pas moins de 500 travailleurs ont été mis à la retraite, et après un mouvement de protestation qu'ils ont déclenché, l'entreprise s'est vue contrainte de puiser dans sa trésorerie pour leur accorder les bonus qui leur reviennent de droit, et c'était entre 250 à 300 millions chacun. Ce qui était lourd pour l'entreprise", explique un des syndicalistes de l'Eniem. "Aujourd'hui encore, vu ses contrats avec le MDN, la DGSN et Sonatrach, l'Eniem peut s'en sortir facilement pour peu qu'il y ait une volonté politique de la sauver", estime-t-il. En attendant, le commun des habitants de Tizi Ouzou continue de se demander si cette mise en faillite n'est pas tout simplement programmée pour faire payer aux travailleurs de l'Eniem leur position prise, depuis les premiers jours qui ont suivi le 22 février, en faveur du mouvement populaire et en s'attaquant frontalement à Sidi-Saïd.
Samir LESLOUS
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Posté Le : 21/07/2019
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Samir Leslous
Source : www.liberte-algerie.com