Algérie - JSK : Jeunesse Sportive de Kabylie

Tizi Ouzou (Football) - DENIS LAVAGNE, ENTRAÎNEUR DE LA JS KABYLIE: “NOUS RÊVONS DE DISPUTER LA FINALE AFRICAINE”



Tizi Ouzou (Football) - DENIS LAVAGNE, ENTRAÎNEUR DE LA JS KABYLIE: “NOUS RÊVONS DE DISPUTER LA FINALE AFRICAINE”


Depuis son arrivée à Tizi Ouzou, la JSK a retrouvé de la rigueur et la combativité. Denis Lavagne a su en quelques mois seulement redonner de la couleur aux Canaris. Ils volent très haut. En championnat national, les Jaune et Vert résistent et s’accrochent en haut du tableau. Mais surtout en compétition africaine qu’ils brillent plus et marquent le retour dans le foot continental après de longue années d’absence. Dans cet entretien, le technicien français exprime son souhait de poursuivre l’aventure avec les lions de Djurdjura.

- Liberté: Alors coach, après cinq mois de dur labeur, peut-on dire que la JSK plane sur un nuage?

Denis Lavagne : C’est vrai que les choses se sont bien passées et nous avons connu une progression assez importante au niveau des performances de l’équipe, puisque nous sommes qualifiés pour les demi-finales de la Coupe de la CAF après tant de succès tout à fait mérités et que tout se passe plutôt bien en championnat alors que nous sommes toujours en lice en coupe de la Ligue, et si tout se passe bien pour le moment, pourvu que ça dure.

- Peut-on déduire que Denis Lavagne est, à l’heure actuelle, un entraîneur comblé?

Oui, ce qui me fait surtout plaisir, c’est de voir la progression de l’équipe et l’ascension de certains joueurs, en particulier les plus jeunes qui progressent de match en match, prennent de l’expérience et arrivent à appliquer tout ce que nous travaillons à l’entraînement. Donc, c’est là que réside la grosse satisfaction d’un entraîneur qui réalise, chaque jour, que ses joueurs adhèrent pleinement à son projet de jeu et à son discours, et maintenant que nous sommes bien lancés, nous essayerons de rester sur cette dynamique positive le plus longtemps possible et de pousser le bouchon un peu plus pour aspirer à de bons résultats d’ici la fin de saison.

- La force actuelle de la JSK ne réside-t-elle pas dans le fait que son effectif est constitué de jeunes joueurs et surtout pas de vedette?

Oui, nous avons un groupe soudé et très cohérent sur et en dehors du terrain, je dirais même que nous formons une famille où tout le monde est là pour se mettre au service de l’équipe, donner le meilleur de lui-même et mettre ses qualités au service des autres. Tout cela fait que nous avons une force décuplée par rapport à d’autres équipes qui ont peut-être de plus grandes qualités footballistiques sans pourtant le prouver sur le terrain. En fait, le football ne consiste pas à additionner les talents mais l’essentiel est de faire bloc pour avoir une équipe solide et solidaire tout au long de la saison.

- Cela fait quelques années que vous exercez en Afrique avec des challenges tout aussi passionnants dans de nombreux pays africains...

Je pense qu’en Afrique il y a une plus grande passion pour le foot qu’en Europe, ce qui fait que nous avons l’avantage de vivre des aventures humaines très agréables, et quand tout se passe bien l’on ressent des choses très intenses qui valent tout le bonheur du monde.

- C’est vrai que vous avez hérité de la passion du foot en tant qu’ancien joueur mais aussi en tant que fils d’un ex-entraîneur bien connu en France, le nommé Léonce Lavagne...

Oui, mon père est un ancien footballeur professionnel en France puis entraîneur en 1re et 2e divisions, et j’avoue que j’ai suivi ses pas pour calquer quelque peu sur son sérieux, sa rigueur et sa façon de travailler, ce qui fait que je vis pleinement ma passion football et j’exerce mon métier avec plaisir et dévouement.

- Au mois de janvier, vous avez pris le train en cours de route et, à l’époque, personne n’aurait misé sur un tel parcours de la JSK...

Effectivement, personne ne s’attendait à de tels résultats. Je me rappelle que de nombreux observateurs pensaient que la JSK allait jouer la relégation et non pas le haut du tableau et encore moins la Coupe de la CAF, mais le mérite revient aux joueurs qui ont énormément travaillé à l’entraînement, du fait que j’étais très exigeant avec eux, et voilà qu’ils récoltent les fruits de leur labeur. Maintenant, il faut qu’ils continuent à croire en leurs possibilités et se dire que nous n’avons rien gagné pour le moment, même si notre parcours est prometteur, ce qui exige encore de gros sacrifices pour passer d’autres paliers tout en évoluant sans aucune pression pour être récompensés en fin de saison.

- L’on dit ici et là que la JSK a bénéficié jusque-là du facteur chance...

Vous savez bien que la chance et la réussite font partie du football, mais il faut justement mettre toutes les chances de votre côté en travaillant d’arrache-pied au quotidien, d’être sérieux sur le terrain et en dehors tout en ayant un bon état d’esprit pour aller de l’avant et croire en son étoile. C’est là que réside la clé de la réussite, et si la chance nous sourit, c’est qu’on l’aura certainement méritée. Pourvu que ça dure.

- Quels sont les matchs qui vous ont personnellement marqué cette année?

Sur le plan national, je dirais que c’est la victoire contre le MCA où nous avions remporté le fameux Clasico tout en ayant évolué à dix durant une bonne demi-heure en seconde mi-temps, alors que sur le plan international, je retiens notre beau succès au Cameroun contre Coton Sport, car je peux vous dire qu’elles sont rares les équipes qui sont capables de s’imposer à Garoua et de maîtriser la situation comme l’ont fait nos jeunes joueurs qui ont prouvé, ce jour-là, qu’ils avaient beaucoup gagné en expérience et en capacité à se concentrer sur un objectif qu’ils ont bien négocié.

- Justement, comment s’annoncent ces retrouvailles contre votre ancien club, le Coton Sport, que vous avez battu à deux reprises en phase de poules ?

Eh oui, ça s’annonce très difficile, car nous les avons battus deux fois en poule et je m’attends à ce qu’ils fassent tout pour tenter de prendre leur revanche et prouver ainsi que ce n’était qu’un accident, mais je suis convaincu que nous sommes encore capables de relever un gros défi et d’aspirer à un autre exploit pour accéder en finale.

- C’est officiel, la JSK recevra Coton-Sport au stade du 5-Juillet. Un commentaire?

C’est une bonne chose ! Moi, j’ai déjà souhaité jouer le quart de finale contre Sfax au 5-Juillet déjà, car j’estime que nous jouons plus à l’aise sur les grands terrains et sur du gazon naturel et j’espère que ça se confirmera d’ici là.

- Comment expliquez-vous que le tartan de Tizi vous réussit moins cette année?

C’est vrai que nous rencontrons quelques difficultés à domicile, peut-être parce que les équipes adverses jouent souvent la défensive sur un terrain plus petit, notamment en largeur et que le tartan est aussi difficile à jouer, ce qui fait que nous nous exprimons mieux à l’extérieur, surtout sur les grands terrains dotés de pelouse naturelle.

- Avec Coton-Sport, vous avez été finaliste de la Coupe de la CAF en 2003 face au Raja puis de la Ligue des champions en 2008 contre Ahly, peut-être une 3e avec la JSK?

Ah oui, comme tout le monde, on rêve toujours de disputer une finale africaine et nous ferons tout notre possible pour réaliser un tel exploit et offrir ainsi de la joie et du bonheur à nos fidèles supporters qui le méritent bien.

- C’est quand même frustrant pour votre merveilleux public de ne pas vivre pleinement cette belle aventure africaine dans les tribunes...

C’est sûr que c’est une grosse frustration pour nos fans à cause de cette pandémie, mais disons que les passionnés de foot vivent pratiquement la même situation dans tous les stades du monde et j’espère de tout cœur que le public ne tardera pas à revenir dans les stades, car la communion entre les supporters et leurs clubs respectifs est très importante.

- À propos, comment vivez-vous cette communion en Kabylie?

Plutôt bien, car à Tizi, les gens sont sympas, très gentils, très ouverts d’esprit, et j’avoue qu’il fait bon vivre dans cette ville accueillante. Même si je n’ai pas eu encore beaucoup de temps pour visiter la Kabylie qui est une très belle région qui a de grandes similitudes touristiques, sportives et identitaires avec la Corse où j’ai déjà travaillé jadis avec mon père au Sporting de Bastia.

- Donc, Denis Lavagne est bien parti pour driver longtemps la JSK?

Oui pourquoi pas? Il n’y a pas de problème particulier, mais je dois discuter avec les dirigeants du club pour avoir des garanties sur le projet du club sur tous les plans sportif, effectif et financier pour aller encore de l’avant.

- Un mot sur l’équipe d’Algérie?

C’est une belle équipe constituée de joueurs de haut niveau qui a réussi de remporter haut la main la dernière CAN en Égypte et qui demeure invaincue à ce jour sous la conduite d’un entraîneur compétent qui a su mettre en place un très bon état d’esprit et une formation performante à qui il a su insuffler la culture de la gagne, ce qui lui permettra de continuer certainement sur la même lancée pour gagner aisément une autre CAN.

- Le retour de Karim Benzema en équipe de France?

C’est une très bonne chose, car ça sera un atout supplémentaire pour les Bleus, surtout s’il arrive à s’adapter au groupe et à mettre ses grandes qualités offensives au service de l’équipe de France comme il l’a si bien fait ces dernières années au Real Madrid.



Photo: Denis Lavagne , entraîneur de la JSK. © D. R.

Entretien réalisé par : MOHAMED HAOUCHINE


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