Algérie

Tizi Ouzou : Des étrangers se joignent au souper



Tizi Ouzou : Des étrangers se joignent au souper
A 20 minutes de l'ouverture du restaurant, seuls les «sédentaires» sont encore là, présents. Alors que les repas à emporter ont été servis en premier. Ils sont 23 restaurants de la 'Rahma' à ouvrir leurs portes chaque soir depuis le début du ramadhan. Ces restos servent une moyenne de 5.000 repas/jour entre ceux consommés sur place et ceux emportés. Nombreuses sont les familles qui préfèrent envoyer leurs chérubins ramener les repas tout en gardant l’ambiance et la chaleur que procure la méïda chez soi. Ainsi pratiquement une heure avant la rupture du jeûne, les restaurants commencent à enregistrer leurs premiers « invités ». D’un côté,  il y a ceux qui sont là pour le repas à emporter dans une ambiance de cris et de disputes provoquée par les enfants et de l’autre, ceux qui attendent patiemment grossissant à chaque minute la chaîne. On y voit des jeunes, des moins jeunes, des enfants à peine sortis de l’enfance, des vieillards. Ils sont pour la plupart étrangers à la région. Ils sont SDF, travailleurs occasionnels dans les différents chantiers de la ville, des fonctionnaires résidant dans des hôtels et même des étudiants de la communauté étrangère subsaharienne. A 20 minutes de l’ouverture du restaurant, seuls les « sédentaires » sont encore là, présents. Alors que les repas à emporter ont été servis en premier. Cinq minutes plus tard, les restaurants ouvrent  leurs portes  et les bénévoles qui sont là pratiquement depuis 10 heures accueillent les « pensionnaires ». Le temps de la mise en place, l’appel du muezzin retentit invitant les jeûneurs à mettre entre les lèvres leurs premières cuillères  de  chorba. Les bénévoles qui avaient déjà préparé les tables et mis en place les soupières de chorba rompent à leur tour le jeûne en attendant de servir le second plat. Un plat qui varie d’un restaurant à un autre. Ici c’est du poulet, là c’est du rôti et à un autre endroit c’est du couscous. Alors que le dessert est mis sur la table en même temps que la chorba et le pain. Soit c’est un fruit de saison (raison, pastèque, pomme ou poire) soit des yaourts sans oublier bien évidemment ces tranches de Zlabia ou morceaux de Kalbelouz.Un fonctionnaire habitué à l’un des restaurants du centre-ville nous dira pour expliquer sa présence sur les lieux, “ je suis là pour économiser de l’argent pour l’hôtel et mes dépenses quotidiennes, je préfère manger ici ; comme je suis loin de ma famille, je me sens entouré par ces personnes qui me font plonger dans l’ambiance de l’internat de mon lycée d’antan et celle de la caserne du temps où j’effectuais mon service national ”, a-t-il témoigné. Dans un autre restaurant, un jeune qui paraît ne manquer  de rien nous expliquera pour sa part : « je suis en rupture de ban avec ma famille plus particulièrement avec mon père avec lequel je me suis disputé. C’est pourquoi je suis là alors que je ne manque de rien. Je préfère être ici dans cette ambiance pour oublier mon chagrin que de me retrouver dans un restaurant plutôt froid ». Au niveau d’un restaurant de la “Rahma” ouvert par un particulier au niveau de la nouvelle ville, nous avons rencontré des étudiants maliens. L’un d’eux était heureux d’être là dans cette salle avec trois autres de ses compatriotes.«On vient d’arriver du pays pour reprendre nos études à l’université et préparer les rattrapages et synthèses. Nous venons ici parce que d’une le resto U n’est pas encore ouvert et, d’une autre, cela nous permet d’oublier l’éloignement de nos familles et de vivre la chaleur de nos maisons que nous venons à peine de quitter ». Nos amis du Mali soutiennent que la bouffe est excellente et que les plats servis sont copieux. Les autres « abonnés » de ces restaurants sont pour la plupart des travailleurs venus des quatre coins du pays avec une forte tendance des hauts- plateaux. Tous sont unanimes à nous dire qu’à travers ces restaurants de la “Rahma”, ils réalisent deux objectifs. Le premier est celui d’oublier, le temps de ce repas, leur solitude et l’éloignement de leurs familles. La plupart  sont des pères  de famille et leurs enfants leur manquent terriblement «même si je suis bien entouré et bien considéré ici dans ce restaurant, ma famille et  mes enfants me manquent  terriblement», témoignera Mohamed, un maçon de M’sila.  Une fois les tables et les chaises vidées de leurs occupants, les bénévoles se remettent au travail pour débarrasser assiettes, cuillères et fourchettes, nettoyer les tables, balayer la salle et laver la vaisselle. Il est 23 heures passées lorsque les lumières sont éteintes. Les bénévoles  bien que fatigués repartent heureux avec le sentiment du devoir accompli. Ils rentrent chez eux pour piquer un somme et repartir de plus belle le lendemain. Ainsi va la solidarité et surtout la “Rahma”.


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