Algérie

Tizi Ouzou Le jeu de loto toujours en vogue à Yatafène



Quelques minutes à peine suffisent après la rupture du jeûne et la dernière cuillerée de chorba pour se retrouver au café autour d'une table en plein air ou à l'intérieur d'un cybercafé. Les tables sont déjà placées, occupant une voie sécurisée des deux chaussées du chef-lieu de la commune de Yatafène, à 43 km au sud-est de la wilaya de Tizi Ouzou. Les jeux de société, toujours en vogue et irremplaçables durant le mois sacré de Ramadhan et ses veillées, restent encore indétrônables, le jeu de loto pour les solitaires et les dominos en équipes, selon les accointances et les tempéraments. Par conséquent, il faut choisir son 'carton numéroté" et de préférence ses numéros fétiches ; on garde parfois les mêmes cartons porte-bonheur tout le long des soirées ramadhanesques. 'C'est une accoutumance qui s'installe durant le mois et chaque soir je me hâte de sortir retrouver les copains et mes cartons à remplir, je m'en sors un peu de temps à autre, mais pas pour des fortunes, c'est juste pour nous amuser", dira Hassan, un père de famille, mordu du loto. Décidément, c'est le principe de se reposer en changeant de calculs sans solution du jour par les astuces et le hasard des jeux nocturnes. S'il n'y a pas vraiment d'animation au sens bruyant, ce n'est pas tout de même morose. Des cercles de discussions et d'échanges réels ou virtuels se forment par-ci, par-là, autour d'un café ou dans un cybercafé.
Les enfants des cités du chef-lieu n'ayant aucune infrastructure ou espace culturel se retrouvent aussi en soirées aménageant leurs cercles et s'en donnant à c'ur joie à leurs jeux collectifs dans la rue. Certains optent pour le cybercafé quand la télévision ne leur offre pas grand-chose, les bouquets ne seraient pas à leur goût. Par ailleurs, de son côté, la gent féminine, jadis cloîtrée intra-muros, fait exception à la 'règle" en se réappropriant l'enceinte des cités. Loin d'être festives, les retrouvailles féminines ne se limitent pas à la marche à pied le long des cours des cités pour digérer ou perdre quelques kilos, elles échangent aussi les expériences non seulement des dernières prestations culinaires mais parlent du monde et des évènements d'actualité, sans aucun complexe. C'est au fait leur seul moment de farniente à laquelle elles doivent prendre et partager du plaisir. Il faudra toutefois souligner qu'aucune infrastructure ne s'y prête pour d'éventuelles animations culturelles. Ces manifestations n'existent pas et aucune volonté ne s'affiche pour aller dans ce sens, construire un foyer pour les jeunes, une vidéothèque, une bibliothèque, une salle de projection... Ces soirées animées tant bien que mal par des masses de jeunes et moins jeunes font penser à ce qui doit être désormais une des préoccupations majeures des responsables locaux, investir dans ce vaste chantier culturel bénéfique à l'endroit de la jeunesse. Autrement, c'est comme si la culture dans cette localité isolée n'inspire point ni les autorités compétentes ni les jeunes, encore moins les parents qui s'affairent à gagner le pain quotidien. La nourriture d'esprit, c'est une autre affaire ; une affaire à laquelle les clubs, les associations et les groupes de jeunes doivent manifester leur besoin, leur désir et leur exigence. Beaucoup de potentialités chez ces enfants des cités et des villages de la même commune ne trouvent pas de cadre et d'espace pour s'émanciper. Ramadhan ne dure qu'un mois, la morosité, elle, s'étend tout le long de l'année avec son lot de désagréments et de dérives qui ne font que nuire à la société entière.
L B.


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