Tizi Ouzou

Un jeune imam de la mosquée du quartier sud-ouest de la ville de Tizi Ouzou a fait l'objet d'intimidations et de menaces par un groupe de salafistes de ce secteur. Celui-ci est d'ailleurs réputé, depuis des années, pour abriter des éléments proches du courant salafiste.Les intimidations et les agressions verbales essuyées par cet imam, formé à la zaouïa de Sidi Abderrahmane Illoula de la tariqa Errahmania, ont suscité l'indignation des fidèles. Maître Youcef Sahli, avocat à la cour et militant de la Ligue algérienne de défense des droits de l'homme (LADDH), témoigne : «Les intimidations ont eu lieu à l'intérieur même de la mosquée.Ce jeune imam, attaché aux traditions kabyles, se retrouve chaque jour avant la prière du maghreb pour réciter les versets du Coran en groupe. C'est une pratique ancestrale dans notre pays et dans notre région. Cela n'a pas plu à ces adeptes du courant wahhabite intégriste.» L'avocat a précisé que le nombre de fidèles augmentait chaque jour, notamment des jeunes, qui ramenaient un exemplaire du Saint Coran pour lire des versets.Tout en déclarant qu'un rapport a été adressé à la LADDH par ses soins, Me Sahli précise : «Dans cette mosquée, sept salafistes ont interdit la lecture du Coran. Pour éviter d'autres problèmes, l'imam a préféré se plier aux injonctions menaçantes de ce groupe d'extrémistes et les fidèles de ranger le Saint Livre.»Les cérémonies d'enterrement se déroulent aussi dans un climat de tension, dénonce encore notre interlocuteur.Les salafistes interdisent la récitation du Coran et même la chahada, dite pour accompagner le défunt à sa dernière demeure. La dénonciation de l'avocat sonne comme un appel à la résistance contre ces pratiques extrémistes des islamistes.