Algérie

Tizekht entre chômage et désertification



Tizekht entre chômage et désertification
A quand l'amélioration du cadre de vie'L'Etat subventionne. La population ne ressent pas grand-chose en termes de changement pour l'amélioration du cadre de vie au niveau local.à cause du chômage et autres obstacles administratifs et bureaucratiques, des dizaines de jeunes diplômés ou sans formation du village Tizekht, daïra de Beni Maouche à Béjaïa, ne savent plus à quel saint se vouer depuis des décennies. «A l'instar des autres villages de la Kabylie, en particulier, celui de Tizekht qui a marqué l'Histoire depuis bien avant la guerre de Libération nationale est devenu, de nos jours, un village qui n'attire ses enfants que pendant les vacances d'été», souligne Malek K., un des anciens émigrés du village qui a signé son retour au bercail. Plongeant dans le chômage qui provoque des fléaux sociaux divers, étrangers à la culture et la tradition ancestrale, de nombreux citoyens n'ont pas manqué de souligner la perte des valeurs de solidarité sociale et l'union des habitants qui mettent l'intérêt général au-dessus des intérêts personnels. Réunis dans une assemblée générale qui a regroupé tous les habitants, à commencer par les personnes âgées, jeunes et moins jeunes, afin d'échanger les expériences, revenir sur les préoccupations urgentes du village, les intervenants font preuve d'un degré de conscience assez élevé et digne des grandes assemblées d'où émergent des solutions. Mais dans la pratique, c'est différent. «Nous avons tout fait pour l'intérêt du village. Nous avons laissé de notre temps et notre argent pour le bien-être de tous. Mais, malheureusement, au lieu de nous encourager et nous aider, certaines personnes passent leur temps à nous critiquer et nous accuser de tous les maux», s'indignent Mourad, Khoudir et Sofiane, trois jeunes membres de l'association sociale et culturelle Thafath du village (Lumière du village), avant de rendre le tablier publiquement. Une trentaine d'intervenants de tous âge, convergent vers l'intérêt général, mais sans pour autant continuer à matérialiser les idées et propositions sur le terrain. La deuxième rencontre qui devait travailler sur la même lancée a essuyé un échec total. A tort ou à raison, chacun y va de son argument plus ou moins convaincant. Idir Haroun, retraité, issu de la première génération de l'émigration, n'a pas manqué de faire un appel du pied aux enfants du village natal. «Comme tous les autres, je veux bien aider le village. Mais nous n'avons pas d'interlocuteurs sur place avec qui travailler de manière continue et organisée», dit-il.Les deux fontainesRiche de son histoire, le village est doté de deux fontaines qui datent depuis 1889. Une fontaine pour hommes et une autre pour femmes, à quelques dizaines de mètres.Des sanitaires publics et des douches pour hommes. Deux grandes fontaines avec des bassins qui répondent aux besoins de l'abreuvage du bétail à l'époque, l'accueil des hôtes du village et autres passagers qui viennent durant les funérailles, les fêtes de mariage et autres occasions familiales ou sociales. Une bibliothèque très riche avec des manuscrits qui datent du IX et XIIe siècle, une mosquée qui répond à l'exigence de l'architecture ancienne et tous les besoins des fidèles et croyants à l'époque. Faute de préservation et d'entretien permanents, ces lieux qui constituaient à l'époque une référence pour l'ensemble de la région, tombent en ruine depuis les années 2000.Il y a eu une volonté de moderniser et faire mieux que les anciens, les lieux sont devenus des espaces perdus. Avant de payer le prix du sacrifice durant la Révolution algérienne (1954-1962), ce petit village, fief des moudjahidine et du défunt colonel Amirouche qui y a laissé des empreintes indélébiles, à lui seul, compte plus de 65 martyrs. L'un des martyrs bien connu, de ce village n'est autre que le lieutenant Hafid Oubaâziz qui a livré des batailles contre l'armée coloniale au sein même du village et dans d'autres régions, avant de tomber au champ d'honneur parmi d'autres martyrs de son bataillon. A l'époque, on disait: «Celui qui combat pour une cause noble, est mis sous la protection de Tizekht», racontent des personnes âgées afin de faire connaître aux générations post-indépendance, l'union et la valeur des ancêtres qui se solidarisent contre toute agressions injuste ou indigne.Profitant et exploitant la faiblesse et l'ignorance des jeunes, les tenants de la doctrine salafiste ont instauré une nouvelle religion qui interdit aux familles d'inviter l'imam du village lors des fêtes de mariage et psalomodier le Saint Coran lors des décès.«On ne sait plus dans quelle religion on est. Depuis la nuit des temps, l'imam du village répond à la demande des habitants. Actuellement, sous pression, même l'imam du village refuse de répondre à l'appel des villageois», déplore Mohamed, qui n'a pas évoqué la nécessité du changement de l'imam et le retour aux valeurs et à la religion de nos ancêtres.La surcharge des classes.Contrairement à d'autres écoles qui souffrent du problème de surcharge des classes, l'école primaire du village qui enregistre cinq classes ne compte que 60 élèves en tout. La plus chargée de la classe, à savoir la 4e année, compte 12 élèves.La dernière classe comprend six élèves seulement pour cause de désertion. Réclamant le règlement du problème de l'eau potable, l'assainissement des eaux usées, le raccordement du gaz de ville, les habitants du village Tizekht expriment à la fois, la nécessité de respecter la tradition et l'ouverture qui répond à l'exigence des temps modernes, tout en tenant et respectant les valeurs culturelles et ancestrales.L'organisation des parents d'élèves, la construction ou à défaut, le réaménagement de l'ancienne mosquée, la réfection des routes du village, sont des facteurs de progrès.Les nombreuses attaques du mont Achthoug, l'attaque d'Ifri, à quelques kilomètres du village, les accrochages et autres bombardements effectués à l'intérieur du village, ont touché toute la région de Béni Maouche, Béni Chebana, Béni Ourtilane, Bougaâ, Amalou, Seddouk et plus. Fini le temps de l'émigration.Ni la France qui accueillait les Algériens par milliers ni un tissu industriel ou agricole qui absorberait la main-d'oeuvre et encouragerait les investissements à travers la création de PME-PMI, la population du village Tizekht, comme celle des centaines de villages, ne bénéficie d'aucun projet d'envergure qui va dans le sens du développement local.L'Etat subventionne. La population ne ressent pas grand-chose en termes de changement pour l'amélioration du cadre de vie au niveau local. Un appel à qui voudra entendre.




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