Algérie

Titanic


Finalement, le Premier ministre a répondu à la violente attaque de l'ex-ministre de l'Energie, Chakib Khelil, contre la stratégie de sortie de crise adoptée par le gouvernement. Et, bien sûr, défend encore plus sa vision d'une économie qui doit bouger pour ne pas subir le même sort que le Titanic. Dans cet âpre débat sur les voies de sortie de crise, en particulier traverser sans encombre ni gros dégâts sur l'architecture de l'économie du pays cette phase difficile, fortement inflationniste, le Premier ministre n'a pas trop forcé sur la dose. Et n'a pas vraiment approfondi ses critiques contre un Chakib Khelil, adepte d'une économie libérale à outrance, allant jusqu'à donner s'il le faut des concessions aux majors pétrolières américaines au sud du pays pour la prospection et la production de pétrole. Cette vision a été évitée in extremis, lors de l'adoption en 2005 de la loi sur les hydrocarbures. Une vision nationaliste pour garder sous le giron du pays les réserves pétrolières, et de stratégie prospective puisqu'elle offre également l'avantage à l'Algérie de négocier avec ses partenaires des prises de participation et de risques en matière d'investissements pétroliers.Ce qui, en l'espèce, maintient toute la richesse du sous-sol algérien sous la souveraineté nationale. Ouyahia et les cercles qui le sponsorisent défendent cette option, même si, dans la conjoncture actuelle de baisse drastique des recettes d'hydrocarbures, il est un des premiers partants pour l'exploitation des gaz de schiste. Pour autant, il n'apprécie pas la sortie de Chakib Khelil, même s'il ne le nomme pas expressément, et estime que la démarche défendue par Khelil est qu'elle privilégie la stagnation de l'économie nationale. Sa réponse aura été que «le bond qualitatif est que nous nous rencontrions au siège de l'UGTA et que nous discutions du partenariat entre les secteurs économiques, public, privé et mixte, sans aucun complexe». Pour Ouyahia, il s'agit d'«une avancée importante et une réponse à certains discours politiques qui (...) veulent la stagnation de l'économie algérienne et que celle-ci subisse le même sort que le Titanic par gros temps. « Il est clair que le Premier ministre ne veut pas pousser le débat plus loin, mais, pour autant, il est en train de mettre en place une stratégie qu'il n'a pas dévoilée auparavant, et qui, pour beaucoup, est pleine d'embûches. La mise en place d'un partenariat économique entre les secteurs public et privé, et, surtout, l'ouverture du capital de certaines entreprises publiques de moyenne envergure, n'est pas sans nourrir des craintes au sein des milieux ouvriers. Ce virage à droite de la politique économique du gouvernement fait peur, même s'il a pris la caution du patron de l'UGTA, qui aurait un rôle de pompier dans le cas de tempête qui viendrait à être annoncée dans les secteurs économiques les plus productifs. En voulant ouvrir le capital des entreprises publiques de moyenne envergure aux investisseurs privés, en rapprochant les partenaires économiques publics et privés dans l'actuelle conjoncture économique difficile, est, sur le papier, une louable et bonne initiative.
Cela aurait même dû être réfléchi il y a longtemps. Pour autant, est-ce la bonne démarche pour accroître la résilience des entreprises face à de gros orages qui s'annoncent dévastateurs contre l'économie nationale ' Beaucoup estiment que cette ouverture du capital des entreprises publiques n'est qu'une privatisation déguisée, même si Ouyahia s'en défend. Au final, cela donne une inquiétante impression que le gouvernement tourne en rond en essayant plusieurs variantes d'un même projet pour sortir de la crise et, n'ayant pas encore trouvé le «sésame» pour entamer la dernière ligne droite pour sortir du tunnel, il risque lui aussi de foncer sur l'iceberg.
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