L?agriculture agonise
Tout le monde se souvient des têtes de nos fellahs au moment où ils avaient touché les aides que l?Etat a consenties pour mettre fin au marasme que vit le secteur agricole. Ils donnaient l?impression que tout baignait dans l?huile et que tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes. Aujourd?hui, à la veille de la campagne moissons-battages, ils se préparent déjà à réclamer les assurances, se plaignant comme d?habitude de la sécheresse, de la bureaucratie, du formalisme pesant derrière lequel s?abritent certaines administrations, et de l?opacité qui a entouré le FNDRA (Fond national de développement et de régulation agricole) qui a été essentiellement destiné à développer l?irrigation agricole, l?intensification céréalière, la culture de légumes, la viticulture, l?arboriculture fruitière, la culture de pomme de terre, la création de pépinières arboricoles et viticoles, la production de lait, l?aviculture, l?apiculture ainsi que l?élevage. En ce moment, hélas, rien de tout cela n?est perceptible sur le terrain pour une raison froide et simple : les heureux bénéficiaires n?étaient intéressés que par l?argent, même s?ils devaient dans ce cas concéder la moitié de l?aide ou presque à des entrepreneurs sans scrupules. Evidemment, pour justifier la faiblesse criarde des rendements, on invoque, comme à l?accoutumée, les conditions météorologiques, les jours de sirocco, la sécheresse, et j?en passe... Des chiffres peu rassurants De leur côté, les responsables du secteur n?ont pas hésité, lors de la deuxième session de l?APW, à annoncer une augmentation spectaculaire des terres irriguées et de la production de viande rouge. En revanche, l?augmentation déclarée s?est accompagnée de records jamais égalés auparavant... non pas dans la disponibilité de la viande mais dans ses prix. C?est un peu comme cela que ça s?est passé pour le miel dont le prix augmente chaque année proportionnellement au nombre de ruches attribuées par l?Etat et qui dépasseraient les 6 500, selon le rapport de la DSA qui évalue, en fait, toutes les réalisations en terme de quantité. Devant l?importance des crédits octroyés, il aurait été plus profitable de connaître le prix de revient des produits retirés de l?exploitation de ces crédits. Le rendement du blé est de seulement 10 q/ha. On est donc loin, très loin des rendements du début du siècle passé qui dépassaient les 20 q/ha, avec les moyens de l?époque, d?autant plus que les agriculteurs, au diapason des saisons, n?avaient d?autre souci que de se nourrir. Après l?indépendance, la région s?auto-suffisait et se permettait même d?exporter le blé dur vers l?Europe. Avec la variété "Ben Bachir", l?une des meilleures au monde de par ses qualités gustatives et ses aptitudes à se concilier à toutes sortes de minoteries, on faisait le pain qu?on dégustait chez MAXIM?S, le FOUQUET et autres palais gastronomiques. Petit à petit, notre agriculture est devenue un champ d?expérimentation de formules importées de Yougoslavie (autogestion), de Cuba (révolution agraire), de France et d?Espagne, qui ont toutes échouées car inadaptées à l?environnement algérien qui n?obéit qu?à une seule et unique règle : se remplir les poches.
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Posté Le : 07/06/2005
Posté par : sofiane
Ecrit par : B. F.
Source : www.elwatan.com