Pour les activistes écologistes, il est nécessaire de reconsidérer nos moyens de transport et de redéfinir une nouvelle mobilité qui prônerait l'interdiction des voitures en ville et la gratuité des transports en commun.La grand-messe allemande de l'automobile, le salon IAA, qui se déroule depuis hier, et ce, jusqu'au 12 septembre à Munich, subit des tirs croisés face aux revendications écologistes, reléguant au second plan les nouveautés d'une branche secouée par la pandémie et en pleine reconversion électrique. Cet événement bisannuel, l'un des principaux rendez-vous internationaux de la filière, tente de renaître après une décevante édition 2019 à Francfort, ville hôte historique, qui avait remis en question son existence même. Si pour le moment "un nombre à six chiffres" de tickets a été vendu, indiquait la présidente de la puissante fédération automobile allemande VDA, Hildegard Müller, et que "le nombre de billets vendus n'est pas la jauge du succès", le défi est de taille : en pleine crise sanitaire, de nombreux constructeurs ont de nouveau fait l'impasse cette année, à l'image des groupes japonais ou du géant Stellantis (Peugeot-Fiat-Chrysler). Le leader de la voiture électrique Tesla a manqué à l'appel et, du coup, l'IAA va compter sur les plus de 70 marques de vélos conviées pour élargir le spectre et attirer de nouveaux publics. Fini "le tout-auto" et l'IAA se décrit en salon de la mobilité et met en avant les efforts de protection du climat. En plus de l'exposition habituelle des dernières nouveautés à quatre roues, des conférences et essais de véhicules en tout genre, de la trottinette à la limousine (électriques), sont proposés, mais en raison des restrictions sanitaires, la jauge maximale est de 50 000 personnes au parc des expositions et de 30 000 pour les évènements en ville. Le nouveau concept n'a toutefois pas calmé les revendications. Le groupe d'activistes qui avait réussi à bloquer temporairement l'entrée principale du salon, il y a deux ans, a annoncé une nouvelle vague de "désobéissance civile" pour après-demain. Le lendemain, une manifestation à l'appel de plusieurs ONG écologistes devrait rassembler des milliers de personnes à Munich. Les défenseurs allemands du climat ont donné le ton dès cette semaine en annonçant une offensive judiciaire contre Volkswagen, Daimler et BMW. Forts d'une décision, au printemps, de la Cour constitutionnelle qui a fait de la protection du climat un droit fondamental, ils veulent faire condamner les constructeurs et les forcer à accélérer la sortie de l'essence et du diesel.
L'électrique n'est pas la solution '
"L'électrique n'est pas la solution", arguent encore les écologistes ! Réunis, les groupes d'activistes climatiques qui tenteront de perturber le salon de Munich estiment que la volonté des organisateurs d'élargir l'événement aux différentes formes de mobilité individuelle reste insuffisante. L'objectif est de s'opposer à la "folie destructrice de l'automobile" dont l'industrie tente de conserver un modèle économique "sans avenir" alors que, selon l'organisation Sand in the Gears, la voiture électrique ne constitue une solution ni sur le plan social ni d'un point de vue écologique, déclarant via un communiqué : "Nous nous dirigeons de manière incontrôlée vers une catastrophe climatique. Malgré cela, l'Allemagne continue d'appuyer sur l'accélérateur : des voitures toujours plus lourdes et plus grandes encombrent nos routes, emportent l'air que nous respirons et réchauffent le climat."
Pour ces activistes, il est nécessaire de reconsidérer nos moyens de transport et de redéfinir une nouvelle mobilité qui prônerait l'interdiction des voitures en ville et la gratuité des transports en commun. Ils appellent également à une vision plurale des technologies de transport pour éviter la "monoculture" électrique qui promettrait l'humanité à une catastrophe sans précédent. Sur le fond, ces militants climatiques ont raison, la propension des constructeurs automobiles à concevoir des véhicules toujours plus gros et plus lourds ? qu'ils soient électriques ou non ? relève d'un non-sens évident qui nuit à l'environnement autant qu'à la sécurité globale.
Un engin de 2 t lancé à 120 km/h polluera plus et sera plus destructeur en cas de choc qu'un véhicule 500 kg plus léger équipé du même type de motorisation. Là où le débat reste plus ouvert, c'est au sujet de la responsabilité des constructeurs quant à la transition accélérée vers une mobilité 100% électrique.
Sur ce point, rien n'est tout blanc ou tout noir, et nul ne dispose actuellement du recul nécessaire pour déterminer si cette voie est effectivement la bonne ou pas. Du reste, concernant l'IAA, côté voitures, le salon sera plus électrique que jamais, alors que la Commission européenne pousse à la fin des moteurs thermiques pour 2035. Quelques nouveautés devraient pointer leur nez, même si les marques ont multiplié les événements en ligne pendant la pandémie, détaillant l'électrification express de leurs gammes. Volkswagen pourrait présenter une petite électrique et un concept d'utilitaire. Renault prévoit d'amener ses nouvelles Mégane et R5 électriques, ainsi qu'une berline conçue pour les VTC sous sa marque Mobilize. Audi devrait venir avec un concept de berline électrique et semi-autonome ; Mercedes dévoilera une luxueuse Maybach à batteries et exposera le navire amiral (électrique) EQS ; Smart montrera son premier SUV (électrique). Outre un SUV à hydrogène, le groupe BMW, basé à Munich et plus grand exposant du salon, détaillera sa vision futuriste d'une voiture électrique 100% recyclable et faite entièrement de matériaux réutilisés ou de ressources renouvelables. Le secteur est par ailleurs marqué depuis près d'une année par la pénurie de semi-conducteurs.
La rareté de ces puces électroniques, qui a provoqué la fermeture estivale de nombreuses usines à travers le monde et freiné la reprise des ventes, sera un autre sujet incontournable du salon munichois.
Synthèse : F. B.
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Posté Le : 08/09/2021
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Farid BELGACEM
Source : www.liberte-algerie.com